Rimbaud, Cahiers de Douai.
« Roman »
Explication linéaire
L’étude porte sur le poème entier
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
— Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
— On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits — la ville n'est pas loin —
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
II
— Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
III
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
— Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
— Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. — Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
— Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
— Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
— On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Introduction
Accroche
• Dans sa lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871, Rimbaud se moque de Musset et de son long poème « Rolla ».
• Jacques Rolla, jeune bourgeois se suicide par amour.
À quinze ans, ces élans de passion mettent les jeunes en rut ; à seize ans, ils se contentent déjà de les réciter avec cœur ; à dix-huit ans, à dix-sept même, tout collégien qui a le moyen, fait le Rolla, écrit un Rolla ! Quelques-uns en meurent peut-être encore. Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871.
• Rimbaud admire les romantiques, mais blâme leur lyrisme.
• Il développe alors une poésie sensible mais ironique.
Situation
• Notre poème présente les émotions d’un adolescent, quittant les cafés pour goûter l’ivresse de la Nature. Une aventure qui a une dimension universelle !
• Il rencontre l’amour et se croit dans un roman, ce qui nous entraîne dans une intrigue littéraire en raccourci.
• Mais le regard du poète est chargé d’ironie, refuse le sublime, et l’on devine que le manque de sérieux de la jeunesse n’est pas ce que l’on croit !
Problématique
Comment le poète emprunte-t-il aux codes du roman pour raconter avec ironie un petit récit d’éducation sentimentale ?
Mouvements pour un commentaire linéaire
Les différents « chapitres » numérotés du poème révèlent bien les intentions de l’auteur :
1) Une situation initiale qui invite le jeune personnage adolescent à quitter les cafés pour aller sur la promenade.
2) Des émotions fortes sur la promenade, rapportées avec une certaine ironie et un refus du sublime.
3) Une rencontre amoureuse fortement marquée par un imaginaire littéraire et notamment romanesque.
4) Une passion de courte durée qui change l’idée que le poète se fait de sa propre désinvolture…
Axes de lecture pour un commentaire composé
I. Une aventure d'adolescent
1) Une expérience universelle
2) Une évolution des perceptions
3) L'ivresse de la Nature
II. L'impression de vivre un roman
1) Un récit intriguant
2) Des émotions romanesques
3) Une littérature qui fait rêver
III. Une poésie riche en ironie
1) Un regard ironique
2) Un refus du sublime
3) Sérieux et désinvolture
Premier mouvement :
Un départ vers la Nature
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
— Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
— On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits — la ville n'est pas loin —
A des parfums de vigne et des parfums de bière…
Une expérience qui a une dimension universelle
• Premier vers : phrase courte véritable un aphorisme.
• « On » pronom indéfini, implique tout un chacun.
• Verbe d’état « on n’est » (présent de vérité générale).
• Verbe « être » suivi par « avoir » (avoir 17 ans est définitoire).
⇨ Morale originale qui sera démontrée dans la suite.
En quoi cet aphorisme est-il original ?
• C’est une négation : « on n’est pas sérieux »
• Litote (double négation qui insiste au contraire).
• Sens positif restitué : on est très désinvolte à 17 ans !
• Diérèse sur « sérieux » (deux voyelles, deux syllabes séparées).
⇨ Normalement une morale est sérieuse dans une fable ou un apologue (récit qui démontre une idée). Ici la désinvolture vient contredire paradoxalement la volonté d’être moraliste !
Comment est exprimée cette désinvolture ?
• Le ton est oral, presque familier « foin » pour dire « assez ».
• On peut l’interpréter comme du discours direct libre : une parole prononcée, du moins en pensée par le jeune homme de 17 ans. On pourrait y mettre des guillemets.
• Le point d’exclamation exprime cette émotion, ce besoin de liberté déclencheur.
⇨ Désinvolture qui marque le début de ce « roman ».
Comment l’intrigue se met-elle en place ?
• Les tirets longs marquent les moments où l’intrigue progresse.
• Début du récit avec l’élément perturbateur « un beau soir ».
• Être et avoir, au présent de vérité générale, sont relayés par des verbes au présent d’énonciation.
• Verbe de mouvement « aller » suivi de perceptions « sentir … fermer la paupière … avoir des parfums ».
⇨ Le désir de liberté du jeune homme l’invite à vivre de nouvelles expériences sensorielles.
Quelles sont les perceptions associées aux cafés ?
• Les cafés « tapageurs » font beaucoup de bruit.
• La bière (dans les « bocks ») pétille, ainsi que la limonade.
• Les « lustres » des cafés sont « éclatants ».
• Le « lustre » a parfois un emploi ironique : donner du lustre à quelque chose = un éclat artificiel.
• Le « lustre » est aussi une période de cinq ans : cela exprime bien la fin d’une période, 17 ans marque la fin de l’enfance.
⇨ L’éclat des cafés laisse place à d’autres plaisirs.
Comment est raconté ce départ vers la Nature ?
• Entre tirets « — la ville n’est pas loin — » litote.
• L’enjambement « le vent [...] / A des parfums ».
• La préposition « sous » n’est pas « dans » : l’immersion n’est pas totale. Les tilleuls ne constituent pas une forêt.
⇨ La promenade est un lieu intermédiaire qui n’est pas la Nature profonde et sauvage.
Comment se traduit l’évolution des perceptions ?
• Ivresse associée à la ville, mais atténuée : les bocks sont accompagnés de limonade, la bière n’est plus qu’un « parfum », le vin n’est que « vigne ».
• Boissons : bock > limonade > café > tilleul (tisane qui apaise).
• La lumière et la couleur des lustres laissent place à la couleur « verte » des tilleuls et à l’ombre des « soirs de juin ».
⇨ Cette fuite dans la Nature apporte l’apaisement.
Comment sont exprimées les perceptions liées à la Nature ?
• Douceur du parfum des tilleuls : adverbe « bon » réemployé comme adjectif (c’est un polyptote).
• Subordonnée circonstancielle corrélative de conséquence « si doux qu’on ferme la paupière » : douceur enivrante.
• Les parfums remplacent la vue (il « ferme la paupière »).
• Ce mot « parfum » est d’ailleurs répété deux fois.
• Les bruits sont portés par « le vent » (odorat + toucher).
⇨ Perceptions adoucies, la vue laisse place à d’autres sens.
Comment évolue l’intrigue à la fin de ce mouvement ?
• La « vigne » s'oppose aux « bocks », annonçant déjà une autre forme d’ivresse dans la Nature.
• Les « soirs » de juin laissent entendre que la nuit va tomber.
• Les points de suspension à la fin de ce mouvement laissent le temps au lecteur d’imaginer la suite.
⇨ On peut se demander jusqu’où ira cette fugue de l’adolescent, quelles surprises elle nous réserve…
Deuxième mouvement :
Des émotions fortes rapportées avec ironie
II
— Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
Comment est représentée la nuit qui tombe ?
• Les « soirs de juin » > ciel « d’azur sombre » > « Nuit de juin ».
• Évolution du ciel à travers l’enjambement « chiffon / d’azur ».
• Le verbe « se fondre » montre une progression de l’obscurité.
⇨ La tombée de la nuit coïncide avec une évolution du récit.
Comment évolue ce petit récit ?
• Les deux tirets longs font encore progresser l’histoire : d’abord l’apparition du « chiffon » ensuite, l’ivresse qui « monte ».
• Le verbe de perception « apercevoir » laisse place à des verbes d’action « se fondre … monter … divaguer … palpiter ».
• Points de suspension : le lecteur apprécie chaque étape.
⇨ L’évolution du récit est partagée avec le lecteur.
Comment le lecteur est-il impliqué dans l’histoire ?
• Le premier mot « Voilà » déictique (situation d’énonciation) comme si le poète nous montrait du doigt le feuillage des tilleuls.
• Le pronom indéfini « on » est éclipsé un instant par la deuxième personne du pluriel « vous monte à la tête ».
• Est-ce un vouvoiement ou un « vous » collectif ? Le poète s’adresse directement au lecteur, comme une discussion intime.
⇨ Nous partageons le point de vue de cet adolescent.
Comment ce point de vue est-il poétisé ?
• Le « chiffon » (métaphore) bout de ciel à travers les branches.
• On peut entendre l’expression « agiter un chiffon » : le ciel détourne l’attention du jeune homme.
• Souvent « l’étoile » est un guide. Cette « mauvaise » étoile annonce peut-être un destin tragique ?
• Rien de sublime ici, elle est « petite et toute blanche ». Nulle tragédie ni divinité malveillante.
⇨ Rimbaud joue avec les genres, la poésie crée une distance à l’égard des grands sentiments tragiques et romanesques.
Comment la poésie parvient-elle à éviter le sublime ?
• L’adjectif « petit » revient quatre fois, pour le « chiffon », la « branche », la « mauvaise étoile » et enfin, la « petite bête ».
• Bout de ciel très limité : un « chiffon » sans valeur (chiffonner), « tout petit », il est « encadré » par une branche.
• Le participe passé « piqué » en fait un simple trou d’épingle.
• Cela libère la polysémie du mot « piquer » : le piquant d’une plaisanterie ou encore « se piquer » d’une prétention.
⇨ Sentiments forts de l’adolescent mais poésie ironique.
Comment sont exprimés les émotions de l’adolescent ?
• Phrases nominales exclamatives « Nuit de juin ! Dix-sept ans ! »
• Sur le même plan : saison de l’année / saison de la vie.
• La même « sève » agit dans tous les êtres.
• L’ivresse du « champagne », plus forte que la bière / limonade, reste une ivresse de bulles…
• La bulle est symbole de vanité : c’est une ivresse éphémère.
⇨ Ivresse, émotion dominante, moquée par la voix du poète.
Comment se traduit cette voix ironique du poète ?
• Les mots sont forts « griser … divaguer »
• Le sujet subit l’action à la voix pronominale : « se laisser griser … se sentir ».
• Phrase courte, aparté « On se laisse griser » : comme pour expliquer ou excuser l’adolescent.
• Verbe « divaguer » du latin divagari (= errer).
• Baiser = « petite bête » (tout cela n’est qu’une « bêtise » ?)
⇨ L’adolescent se prend au sérieux, le poète démystifie…
Troisième mouvement :
Une rencontre amoureuse romanesque
III
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
— Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
— Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…
Comment s’exprime le goût romanesque de l’adolescent ?
• L’adolescent est désigné comme un « cœur fou ». Métonymie.
• Verbe « robinsonner » référence au roman de Daniel Defoe Robinson Crusoë. Renvoie au verbe « divaguer ».
• La préposition « à travers » suggère l’aventure.
• Le pluriel « les romans » : beaucoup de lectures.
⇨ Rimbaud lui-même lit beaucoup, ce que sa mère voit d’un mauvais œil quand Paul Demeny lui offre Les Misérables !
Comment Rimbaud joue-t-il avec les codes du roman ?
• Construction du poème : quatre chapitres numérotés.
• Succession des événements. Le lien logique « Lorsque » indique un moment de basculement.
• Jeu avec la focalisation « elle vous trouve » (aperçu du point de vue de la jeune fille) comme le ferait un romancier omniscient.
⇨ L’imitation du style romanesque est ironique.
Comment le poète se moque-t-il de cette dimension romanesque ?
• Cliché romantique de la « clarté du réverbère » au clair de lune.
• Le réverbère « pâle » est personnifié comme un témoin.
• Exagération avec cette « ombre du faux col ».
• Les « cavatines » : airs d’opéra considérés comme mièvres.
⇨ Tous les éléments de la romance sont exagérés, et débordent sur d’autres registres littéraires.
Quels registres littéraires se trouvent évoqués ?
• « L’ombre du faux col » fait du père un géant (conte de fées ?)
• « Charmant » du latin carmen = sortilège, envoûtement.
• Merveilleux + fantastique avec l’adjectif « effrayant ».
• Présence du « père » obstacle à l’amour : intrigue de comédie.
• Le « faux col » : costume et fausseté des apparences.
• Les « bottines » : famille bourgeoise. Thème de roman réaliste.
⇨ Rimbaud présente un adolescent émotif, influencé par la littérature, mais qui ne vit pas réellement des aventures.
Comment percevons-nous les émotions du personnage ?
• Effet de contraste « clarté … ombre » : subjectivité du personnage, qui reste dans l’attente d’un signe.
• Prépositions illogiques « dans » la clarté mais « sous l’ombre » ?
• Le verbe « se tourner » est retardé par un long CC de manière.
• Les points de suspension laissent imaginer que la phrase est interrompue : que fait-elle d’un mouvement vif ?
⇨ Le moment où leurs regards se rencontrent n’est pas raconté.
Pourquoi cette rencontre est-elle si peu idéalisée ?
• On retrouve encore l’adjectif « petit » deux fois : « petits airs charmants » puis plus tard « petites bottines ».
• Allitération en T petits pas comiques.
• Subordonnée de cause « comme elle vous trouve immensément naïf » : intérêt mais condescendance.
• L’adverbe « immensément » particulièrement long, insiste sur cette naïveté qui l’empêche de deviner comment il est perçu.
• 2e personne du pluriel « vous » : récit rétrospectif ?
⇨ Le poète est désormais capable d’une certaine autodérision.
Une fugue bien éloignée d’une grande aventure
• Le « réverbère » indique qu’on est toujours proche de la ville.
• L’adolescent s’oppose à Robinson explorateur d’îles désertes !
• La vue d’un « faux col » suffit à l’effrayer, et le regard de la jeune fille le rend muet « meurent les cavatines ».
• Le verbe « passer » fait peut-être allusion à « Une passante » de Baudelaire : se moquant de la sensiblerie du poète, cela annonce déjà une relation éphémère.
⇨ Derrière ces moqueries, Rimbaud songe peut-être déjà à pousser beaucoup plus loin ses explorations poétiques.
Quatrième mouvement :
Une passion de courte durée
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. — Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
— Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
— Ce soir-là..., — vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
— On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Comment est amenée cette ultime épisode du récit ?
• Nouveau chapitre, peut-être, après une ellipse temporelle.
• Rimes croisées = progression pas à pas du récit, alternance de rimes masculines et féminines.
• Les rimes féminines concernent les actions de la jeune fille « rire … écrire » : histoire d’amour en raccourci.
⇨ Cette fin arrive de façon très rapide.
Comment est décrit cet amour éphémère ?
• Deux phrases dans deux hémistiches qui s’équivalent : « vous êtes amoureux » est explicité par « loué jusqu’au mois d’août ».
• Ironie du verbe « loué » : il doit se rendre disponible pour elle.
• Double sens du mot « loué » : recevoir des louanges.
• Mais cela ne durera pas : « jusqu’au mois d’août » .
⇨ L’histoire d’amour n’aura duré que 3 mois maximum.
Comment est exprimé l’engouement du jeune homme ?
• Une phrase très courte deux fois : « vous êtes amoureux. »
• Discours direct libre ? On entend la voix du jeune homme.
• On peut penser au monologue d’Emma Bovary :
J’ai un amant ! un amant ! Se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. ⇨ Le poète a pris conscience de son bovarysme : le fait de se croire héros d’un roman.
Comment s’exprime l’ironie du poète ?
• D’abord « l’adorée » avec l’article défini, divinise la jeune fille.
• Mais le verbe « daigner » insiste sur la condescendance.
• Majuscule au pronom « La ». La jeune fille est idéalisée.
• Le « rire » est ambigu (comme dans les « réparties de Nina »).
• C’est son « immense naïveté » qui la fait rire.
• Ponctuation forte après « écrire » : émotions et attentes fortes.
⇨ Nous n’aurons pas le contenu de cette lettre mais on devine que c’est une lettre de rupture.
Comment sont rapportées les dernières actions ?
• Le « soir » est repris au dernier quatrain « ce soir là ».
• Les points de suspension sont suivis d’une virgule, l’émotion a laissé place à la déception.
• Le préfixe « rentrez » nous ramène bien au début du poème.
• Mais le verbe « demandez » s’oppose au « foin » du début.
⇨ L’effet de boucle est accompagné de différences.
En quoi le retour diffère du premier quatrain ?
• Les « cafés éclatants » sont un condensé des « cafés tapageurs aux lustres éclatants du début ».
• La conjonction a changé : « des bocks OU de la limonade » cela n’a pas vraiment d’importance.
• Le jeune homme a perdu ses amis, son amour l’a rendu « mauvais goût ».
⇨ Le retour au départ n’est pas nécessairement euphorique, on peut y percevoir une certaine amertume.
Comment la première phrase prend-elle un nouveau sens ?
• La phrase au présent de vérité générale « on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » a complètement changé de sens.
• La désinvolture qui l’avait amené à l’amour est désormais une désinvolture à l’égard de l’amour.
⇨ Il est intéressant de voir ce poème avec le regard du poète qui a pris en maturité, revendiquant son absence de sérieux.
Que peut traduire cette évolution du regard de Rimbaud ?
• Les « tilleuls verts » : arbre citadin par excellence. Le poète veut au contraire sortir des sentiers battus.
• De même, « la promenade » avec l’article défini : lieu bien connu des villageois.
• Intentions de Rimbaud : vivre des aventures plus « sérieuses » ?
⇨ La fuite de Rimbaud avec Verlaine lui inspirera une poésie plus amère : Une Saison en Enfer.
Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvée amère. — Et je l’ai injuriée.
Conclusion
Bilan
• Notre poème, aventure d'adolescent, aventure universelle, où l’attrait de la Nature et l’ivresse des sens conduisent à la recherche de l’amour.
• Rimbaud choisit de nous raconter cette aventure en faisant référence au roman ainsi qu’à tout un imaginaire littéraire qui en font une véritable petite éducation sentimentale.
• Mais il garde une certaine distance, riant des illusions romanesques du jeune adolescent qu’il était.
• Cette ironie naissante révèle que l’expérience de l’amour a une dimension initiatique.
Ouverture
• Rimbaud pense probablement à Flaubert quand il écrit ce poème. Le procès de Madame Bovary a eu un grand retentissement, et L’éducation sentimentale vient tout juste d’être publié, en 1869.
Il regarda les fenêtres du premier étage ; et il rit intérieurement de pitié sur lui-même, en se rappelant avec quel amour il les avait si souvent contemplées !
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