Le registre réaliste : que met-il en avant ? La vraisemblance, la vérité, ou bien simplement cette émotion étrange de déception que l’on peut éprouver face au réel, dépouillé de toute idéalisation ?
Le registre réaliste est surtout un refus de l’idéalisation : petites gens, détails du quotidien, expressions familières.
— Excusez, cria Grandet [...] Je ne suis pas fier, je rafistole moi-même une marche de mon escalier. Balzac, Eugénie Grandet, 1833.
Le travail et sa pénibilité sont décrits avec un lexique spécialisé et technique.
Il se risqua enfin à gravir le terri sur lequel brûlaient les trois feux de houille, pour éclairer et réchauffer la besogne. Zola, Germinal, 1885.
Quand l’effet de vérité prend le pas sur la beauté, ce n’est pas une émotion neutre, mais une déception.
Madeleine était déçue, navrée. Elle n’ignorait point qu’elle allait chez de petits paysans. Les avait-elle vus de loin plus poétiques ? Non, mais plus littéraires, affectueux, décoratifs. Maupassant, Bel-Ami, 1885.
Au point même que chez Flaubert, la déception rend certains objets indescriptibles :
C’était une de ces coiffures d’ordre composite [...] dont la laideur muette a des profondeurs d’expression comme le visage d’un imbécile. Flaubert, Madame Bovary, 1857.
En poésie pourtant la déception produit un sentiment esthétique paradoxal :
Dans les plis sinueux des vieilles capitales,
Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements,
Je guette, obéissant à mes humeurs fatales,
Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857.
Fritz von Uhde, Schwerer Gang, 1890.
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