Le registre dramatique
Un entre-deux ?
Entre la situation initiale et le dénouement, les péripéties, voilà où se loge le registre dramatique. Dans les rebondissements, les coups de théâtre. L’auteur de théâtre (le dramaturge !) se pose sans cesse la question : comment mettre en scène l’action ?
Les répliques très courtes, par exemple, ce sont les stichomythies.
DON RODRIGUE. — Cette ardeur que dans les yeux je porte,
Sais-tu que c’est son sang, le sais-tu ?
LE COMTE. — Que m’importe !
DON RODRIGUE. — À quatre pas d’ici je te le fais savoir.
Corneille, Le Cid, 1637.
Tout est fait pour qu’on s’identifie au personnage, pour qu’on s’intéresse au conflit.
Contrairement à la tragédie, le héros prend son destin en mains. Doña Sol dans Hernani par exemple :
HERNANI. — Être errante avec moi, proscrite, et, s’il le faut,
Me suivre où je suivrai mon père, — à l’échafaud.
DOÑA SOL. — Je vous suivrai.
Le registre dramatique réclame des effets visuels saisissants, qu’on retrouve bien au cinéma ou dans la bande-dessinée. Mais dans le roman, où tout doit passer par des procédés littéraires, comment dramatiser ? Verbes d’action, exclamations, rythme saccadé…
Écoutez Jules Verne dans Voyage au centre de la terre :
Comment revenir ? De traces, il n’y en avait pas. [...] Ma situation se résumait en un seul mot : perdu ! Oui ! [...] Ces trente lieues d’écorce terrestre pesaient sur mes épaules d’un poids épouvantable !
Les feux de la rampe, Hernani, 1830.