Le registre épidictique
Éloge et blâme ?
Pourquoi joindre ainsi l’éloge et le blâme dans un même registre ? Défendre et pourfendre ne sont-ils pas les deux faces d’une même pièce ?
La forme la plus aboutie du blâme est certainement le pamphlet. J’Accuse de Zola par exemple.
C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur devant le monde entier.
Ce blâme ne cache-t-il pas l’éloge de valeurs positives ? Générosité, liberté, justice, vérité ?
Ajoutant l’ironie à cette formule, Voltaire blâme l’imprimerie, pour mieux faire son éloge !
Il se pourrait que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux d'éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses !
Plus retors encore, Molière fait dire à son effroyable Dom Juan un éloge paradoxal de l’hypocrisie…
Le personnage d'homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui et la profession d'hypocrite à de merveilleux avantages.
Peut-être est-ce pour cela que l’hymne et l’éloge funèbre, sans mélanges, nous touchent autant.
Je pleure une morte, et je salue une immortelle. Je l’ai aimée, je l’ai admirée, je l’ai vénérée ; aujourd’hui dans l’auguste sérénité de la mort, je la contemple.
Velazquez et Bacon, Pie X.