Le registre satirique
Fini de rire ?
Tourner au ridicule les vices d'un personnage. Voilà ce que fait La Bruyère avec talent, dans ses Caractères :
Arrias a tout lu, tout vu, [...] il aime mieux mentir que de paraître ignorer quelque chose.
Naturellement, cet homme de paille représente en fait les vices de toute une société !
Chez Beaumarchais, débordant sans cesse le registre polémique, la satire s’apprête à révolutionner la société :
FIGARO. — Feindre d'ignorer ce qu'on sait, [...] entendre ce qu'on ne comprend pas, ne pas voir ce qu'on entend…
Voilà toute la politique.
Si le rire satirique est divertissant, il est surtout fait pour provoquer l'indignation : c'est quand on cesse de rire que la satire atteint son but.
Quand la critique est directe on penche vers l’exagération : l’hyperbole dénonce les excès, le pastiche devient parodie, la parodie devient caricature. Les Lettres persanes de Montesquieu par exemple :
Ce que je dis de ce prince ne doit pas t'étonner : [...] un autre magicien plus fort que lui [...] s'appelle le pape.
Parfois, pour éviter la censure, la critique est indirecte. Ironie, antiphrase, litote… Chez Voltaire, tout est permis pour écraser l'infâme !
Le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.
Voltaire, Candide, 1759.
Eugenio Lucas Velázquez, Condenados por la Inquisición, vers 1833-1866.