Couverture pour On ne badine pas avec l'amour

Musset, On ne badine pas avec l'amour
3 citations décryptées




💔 Les mots ne sont pas des actes… Et pourtant Musset va nous montrer dans On ne Badine pas avec l'amour que les mots peuvent avoir de graves conséquences.

🗝️ Voici trois citations de cette pièce, exceptionnelles parce que les personnages ne dissimulent pas, ils se montrent authentiques et vulnérables…

Acte II scène 5



CAMILLE. — Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ; je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas.

Cette citation explique bien le choix de Camille de devenir religieuse : « Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ». Le parallélisme est très beau, autour du lien d'opposition.

Camille se montre vulnérable : « je ne veux pas souffrir ». Ici, la négation a une portée totale : Camille, sensible, ne veut pas envisager la possibilité d'une rupture.

Elle développe alors une conception de l'amour très élevée : « un amour éternel ». Le point virgule exprime une conséquence : « je ne veux pas souffrir, par conséquent, je veux un amour éternel ».

Cet adjectif « éternel » est très fort : alors que le mariage crée un lien « jusqu'à ce que le mort vous sépare », Camille prône un amour éternel, qui se prolonge au-delà de la mort.

Il faudrait donc, pour que Camille soit rassurée, que Perdican lui fasse un « serment », qui lui garantisse un amour sans fin, ce qu'il refusera de faire.

Ainsi, seule la religion peut offrir à Camille l'amour éternel dont elle rêve. Devenir religieuse, c'est « faire un serment qui ne se viole pas », créer un lien inaliénable avec le Christ.

Mais par dépit, Perdican va se consoler en badinant avec Rosette, la sœur de lait de Camille.

Acte II scène 3



ROSETTE. — Des mots sont des mots et des baisers sont des baisers. Je n’ai guère d’esprit, et je m’en aperçois bien sitôt que je veux dire quelque chose.

Avec Rosette, Perdican est ambigu : il lui dit qu'elle est jolie, qu'il veut lui trouver un mari… Et en même temps, il l'embrasse.

Rosette lui répond « des mots sont des mots, et des baisers sont des baisers »… Elle oppose les paroles aux actes.

Rosette est un personnage incapable de dissimulation, sa simplicité se retrouve dans ses paroles « des mots sont des mots ». Elle définit les mots par une simple répétition, comme pour dire : les mots ne sont que des mots.

De la même manière, elle dit que les gestes de Perdican ont du sens eux aussi « des baisers sont des baisers ». C'est ce qu'on appelle une antanaclase : répéter un même mot, qui prend un sens plus profond la deuxième fois.

Mais Rosette ne fait pas elle-même l'interprétation, elle laisse Perdican responsable de ses actes « Je n'ai guère d'esprit, et je m'en aperçois sitôt que je veux dire quelque chose ».

Rosette n'a pas reçu l'éducation de Perdican, elle n'a pas les codes, mais elle a suffisamment d'intelligence pour percevoir la dissonances entre les paroles et les actes. Cela fait d'elle un personnage authentique et innocent, mais vulnérable.

Acte III scène 8



PERDICAN. — Orgueil ! le plus fatal des conseillers humains, qu’es-tu venu faire entre cette fille et moi ? [...] qu’es-tu venu faire sur nos lèvres, orgueil, lorsque nos mains allaient se joindre ?

À la fin de la pièce, Camille et Perdican réalisent qu'ils s'aiment… Rosette, victime de leurs badinages, est laissée pour compte. Quand ils s'en rendent compte, il est déjà trop tard : le mal est fait, ce malheur brise le couple définitivement.

Mais en fait, le couple Camille / Perdican n'a jamais vraiment existé : les deux personnages étant séparés depuis le début par l'orgueil : « Orgueil ! le plus fatal des conseillers humains. »

L'apostrophe et la majuscule en font une véritable allégorie. Cet « orgueil » a un rôle « conseiller humain »… C'est pratiquement un personnage de la pièce, qui tire les ficelles depuis le début.

Et puis il y a ce terme « fatal », comme dans la tragédie : cet orgueil renvoie à la notion antique d'hybris, la démesure qui offense les dieux. Perdican et Camille ont nourri des aspirations trop élevées, se privant d'un amour simple et authentique.

C'est alors que les paroles, les mots, prennent un pouvoir qu'ils ne devraient pas avoir « qu'es-tu venu faire sur nos lèvres, orgueil, lorsque nos mains allaient se joindre ».

Cette phrase est très poétique, c'est une question ouverte : « qu'es-tu venu faire ? » Le couple est bien présent à travers les possessifs « nos lèvres … nos mains »… cependant, les lèvres, c'est-à-dire les mots, retiennent les mains, c'est-à-dire les gestes.

L'amour impossible est exprimée par un temps très particulier ici : « nos mains allaient se joindre » : c'est un futur proche dans le passé… Cet imparfait représente d'une manière très poétique la tentative de rapprochement de deux âmes qui n'auront pas su se rencontrer.




Sebastian Peter, Lac de nuit, vers 1800.

⇨ * MUSSET, 𝘖𝘯 𝘯𝘦 𝘣𝘢𝘥𝘪𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭'𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳 💟 3 citations clés (fiche PDF téléchargeable) *

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