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Musset, On ne badine pas avec l'amour
Dissertation sur le badinage
💘 Les jeux du cœur et de la parole entraînent Camille et Perdican bien plus loin qu'un simple badinage, c'est là que se trouve tout l'enjeu de la pièce !
💡 Dans cette dissertation corrigée, nous allons voir tous les arguments et exemples qui permettent d'analyser précisément ces jeux de Camille et Perdican.
🎭Le théâtre révèle des conceptions de l'amour sublimes mais opposées et met en scène leur confrontation...
Introduction
Accroche
Entre 1833 et 1835, Alfred de Musset a vécu une relation amoureuse pour le moins tumultueuse avec George Sand ! Lorsque celle-ci le quitte, leur correspondance reste intense, et influence directement l'écriture de ce chef d'œuvre : On ne badine pas avec l'amour.
Le sujet et l'œuvre
Cette action de « badiner », amusante dans une comédie, évoque aussi le marivaudage (plus sophistiqué mais toujours léger)… Ici, il va tourner au drame, voire, à la tragédie. Ce mélange des genres fait bien de cette pièce, non pas un vaudeville ou un mélodrame, mais bien, un drame romantique…
À travers les deux jeunes premiers, Camille et Perdican, ce sont deux conceptions de l'amour qui s'affrontent. Ces deux conceptions particulièrement élevées, qui vont s'entredéchirer, constituent le moteur de la pièce. Et ainsi, les jeux de la parole et du cœur prennent une dimension insoupçonnée.
Problématique
Dès lors, on peut se demander dans quelle mesure Camille et Perdican badinent avec l'amour ? Est-ce que leurs jeux de la parole et du cœur se limitent à un simple badinage ? Ces deux héros romantiques n'ont-ils pas une vision de l'amour plus élevée que ne le laisse supposer leur apparent badinage ?
Annonce du plan
D'abord, nous avons en effet deux jeunes gens qui badinent avec l'amour, c'est-à-dire qu'ils prennent l'amour à la légère et ne réalisent pas la profondeur de leurs sentiments. Ils jouent avec les sentiments, mais négligent la gravité de ces jeux, et ne songent pas aux conséquences.
Et pourtant, ces jeux de la parole et ces stratagèmes apparaissent bientôt en décalage avec les véritables élans du cœur, qui se révèlent à travers leur dépit et leurs stratagèmes… Pris au piège de leur rôle, nos deux jeunes héros romantiques ne sont plus eux-mêmes.
Finalement, la confrontation de ces deux visions de l'amour si élevées ne peut mener qu'à un dénouement fatal : symboliquement, les jeux de la parole condamnent l'innocence et la sincérité du cœur. C'est ce que le théâtre permet de révéler.
Première partie :
Perdican et Camille prennent l'amour à la légère
1) Ils se redécouvrent mais sous-estiment leur amour
D'abord, le badinage des deux jeunes gens est léger, ils sous-estiment les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Perdican complimente sa cousine avec une lieu commun « belle comme le jour », et il lui propose une promenade en barque, comme pour prolonger leurs jeux d'enfants…
PERDICAN. — Te souviens-tu de nos parties sur le bateau ? Viens, nous descendrons jusqu’aux moulins ; je tiendrai les rames, et toi le gouvernail.
Camille refuse, mais lorsqu'ils se retrouvent plus tard, son attitude est ambiguë. Ils prétendent alors tous les deux s'accommoder d'une relation amicale.
CAMILLE. — Je vous ai refusé un baiser, le voilà. (Elle l'embrasse). [...] Vous ne savez pas la raison pour laquelle je pars [...] : je vais prendre le voile. [...] Il n’y a rien là dont votre orgueil puisse souffrir.
PERDICAN. — L’orgueil n’est pas mon fait ; je n’en estime ni les joies ni les peines. [...] touche là, et soyons bons amis.
Ce badinage est original, parce qu'il est en grande partie inconscient : les deux personnages qui jouent ne réalisent pas encore toute l'étendue de leur amour.
2) Ils ne s'avouent pas eux-même leurs propres sentiments
C'est une particularité du badinage que l'on trouve dans cette pièce : les personnages se mentent en même temps à eux-mêmes. Perdican se dit touché, mais il prétend se consoler :
PERDICAN. — [Ton amour] ne m'est point indifférent, Camille. [Il] m'eût donné la vie, mais ton amitié m'en consolera.
Pourtant, dès qu'il se retrouve seul, on perçoit bien l'ambivalence de ses sentiments. C'est d'ailleurs l'originalité de ce monologue qui nous montre un personnage qui se ment à lui même, portant un masque même lorsqu'il est seul :
PERDICAN. — Diable, je l'aime [...] Cela n'empêche qu'elle n'ait des manières trop décidées [...] Il est clair que je ne l'aime pas.
Quand Camille annonce vouloir devenir religieuse, elle teste la constance de Perdican. Mais elle envisage peut-être aussi très sincèrement de prendre le voile… S'il on en croit sa prière finale !
CAMILLE. — Mon Dieu [...] Quand j’ai refusé de devenir l’épouse d’un autre que vous, j’ai cru parler sincèrement.
Comme ces personnages ne réalisent pas vraiment la force de leurs sentiments, ils ne réalisent pas non plus à quel point ils se trompent en mettant Rosette entre eux.
3) Ils mettent Rosette entre eux
D'abord, Perdican badine avec Rosette, il la complimente sur sa beauté. Il apprécie d'ailleurs réellement sa simplicité. Par exemple, il est ému lorsqu'elle parle de la pluie : peut-être parce qu'il réalise la fausseté de sa propre attitude.
ROSETTE
Vous respectez mon sourire, mais vous ne respectez guère mes lèvres, à ce qu’il me semble. Regardez donc ; voilà une goutte de pluie qui me tombe sur la main, et cependant le ciel est pur.
PERDICAN
Pardonne-moi.
ROSETTE
Que vous ai-je fait, pour que vous pleuriez ?
Le Baron et Maître Bridaine voient Perdican faire des ricochets avec Rosette : cette image représente bien une certaine forme de badinage, où les déclarations d'amour de Perdican n'atteignent Rosette que par rebond…
Ainsi, le badinage léger de Perdican et de Camille, qui sous-estiment leurs propres sentiments, n'est plus du tout un badinage à l'égard de Rosette qui se trouve entre les deux.
Lorsque Camille met son cousin au défi d'épouser Rosette, Perdican décide de faire une demande en mariage publique. Dans ce cas, la parole devient comparable à un acte, c'est un énoncé performatif. Nous ne sommes plus dans le badinage.
PERDICAN. — Je trouve plaisant qu'on dise que je ne t'aime pas quand je t'épouse. Pardieu ! nous les ferons bien taire.
Transition
On ne badine pas avec l'amour : la négation totale dans le titre de la pièce annonce bien une chose : le badinage amoureux est en réalité sans cesse débordé, par les paroles, par les gestes, par les actes. Comme si le badinage, appliqué à l'amour, ne pouvait que mener au-delà de ses propres limites…
Deuxième partie :
Des sentiments profonds débordent le badinage
1) Orgueil et dépit des deux personnages
D'abord, le badinage provoque des sentiments très violents chez les deux personnages. Camille, qui vient de rejeter Perdican, semble tout de même touchée par son indifférence, car on devine facilement le ton ironique de sa réplique :
CAMILLE. — Je suis bien aise que mon refus vous soit indifférent.
Perdican, malgré sa désinvolture, est désemparé par ce refus. Mais c'est l'humiliation qui met le feu aux poudres :
PERDICAN. — Moi au désespoir de son refus ? (...) Non, non, Camille, je ne t'aime pas : je ne suis pas au désespoir. Je n'ai pas le poignard dans le cœur, et je te le prouverai.
Du côté de Camille, l'orgueil joue aussi un rôle, puisqu'elle se dit flattée « de t'avoir inspiré quelque amour et de te laisser quelque regret. » Mais ce qui se cache derrière le badinage de Camille, c'est surtout la peur de l'inconstance :
CAMILLE. — Que me conseilleriez-vous de faire, le jour où je verrais que vous ne m'aimez plus ?
Nous sommes donc loin d'un badinage ou d'un marivaudage où les amoureux dévoilent leur amour par petites touches indirectes. Nous assistons à de véritables stratagèmes.
2) Des stratagèmes qui vont plus loin qu'un simple badinage
Pour prouver à Camille qu'il ne l'aime pas, Perdican met en scène une rencontre avec Rosette en s'arrangeant pour que Camille y assiste, et il s'adresse à Camille indirectement par un effet de double énonciation :
PERDICAN. — Tu veux bien de moi, n'est-ce pas [Rosette] ? On n'a pas (...) infiltré dans ton sang vermeil les restes d'un sang affadi ? Tu ne veux pas te faire religieuse.
Mais en réalité, Camille devine l'artifice de Perdican, et comprend qu'il fait cela par dépit. Elle cache alors Rosette derrière un rideau pour mieux le piéger.
CAMILLE. — Je voudrais qu’on me fit la cour. [...] Vous m’avez proposé [...] de faire une promenade dans la forêt. Fera-t-il clair de lune, ce soir ?
Lorsque Perdican et Camille trouvent Rosette évanouie derrière le rideau, ils pourraient cesser leurs jeux dangereux, mais au contraire, cela renforce les rôles qu'ils se sont donnés. Camille met Perdican au défi d'épouser Rosette, ce qu'il va confirmer, pour ne pas passer pour un lâche.
3) Désespoir des deux personnages
Le badinage pousse les personnages au désespoir, parce qu'il touche des sentiments très puissants. Perdican fait même de l'orgueil un acteur essentiel du drame :
PERDICAN. — Orgueil ! le plus fatal des conseillers humains, qu’es-tu venu faire entre cette fille et moi ?
C'est bien parce que Perdican, aveuglé par le dépit et par l'orgueil, décide d'annoncer publiquement son mariage avec Rosette, que Camille se désespère à son tour :
CAMILLE. — Que se passe-t-il donc en moi ? Il l’emmène d’un air bien tranquille. Cela est singulier : il me semble que la tête me tourne. Est-ce qu’il l’épouserait tout de bon ?
Transition
Dans cette pièce, le badinage est donc pour ainsi dire l'engrenage principal d'un mécanisme tragique plus grand. Le complément circonstanciel « avec l'amour » indique bien que ce sont des conceptions très élevées de l'amour qui font déborder ce badinage.
Troisième partie :
Deux visions absolues de l'amour
1) Deux conceptions qui s'opposent
Dès le début de la pièce, les jeux du cœur et de la parole s'expriment notamment par les gestes. Les deux jeunes gens s'opposent physiquement en se tournant le dos :
CAMILLE, regardant un tableau. Voilà un beau portrait, mon oncle ! [...] c’est ma grand’tante Isabelle. Comme ce costume religieux lui va bien !
LE BARON
Et toi, Perdican, que fais-tu là devant ce pot de fleurs ?
PERDICAN
Voilà une fleur charmante, mon père. C’est un héliotrope.
C'est symbolique. D'un côté, l'aïeule en costume religieux représente l'aspiration de Camille à un amour éternel. D'un autre côté, l'héliotrope est petite fleur violette qui pousse en direction du soleil. Elle représente l'aspiration de Perdican pour un amour peut-être éphémère, mais qui sublime chaque instant. Le sublime, c'est le point commun entre ces deux conceptions pourtant opposées.
Et en même temps, ces deux conceptions s'opposent à celle de la génération précédente, car les jeunes gens sont aussi le jouet d'une autre parole, celle que leurs parents se sont donnée. Le désespoir du baron a quelque chose de grotesque en face des jeunes gens, qui touchent au sublime.
2) Deux conceptions également sublimes
Pour Camille, l'amour est sacré, il n'a pas de fin. Voilà pourquoi elle annonce à Perdican qu'elle veut devenir religieuse. En réalité, on devine qu'elle pourrait changer d'avis si seulement il lui jurait une fidélité éternelle.
CAMILLE. — Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ; je veux aimer d'un amour immortel, et faire des serments qui ne se violent pas.
Alors que pour Perdican, l'amour n'a pas besoin de durer, parce qu'il met de l'absolu dans l'instant présent. Alors que tout est vain et instable, l'amour est à ses yeux la seule chose qui vaille la peine d'être vécue :
PERDICAN. — Quand on est sur le bord de sa tombe, (...) on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu.
Ainsi, les dialogues de Camille et Perdican partent du badinage, pour mettre en scène des idées abstraites, si incompatibles qu'elles ne peuvent que produire un dénouement fatal.
3) Une confrontation révélée par le théâtre
Voilà pourquoi on pourrait enfin interpréter cette pièce comme un espace symbolique, où les personnages incarnent des conceptions de l'amour opposées. Dans son discours, Perdican généralise ainsi deux principes masculin et féminin :
PERDICAN. — Tous les hommes sont menteurs, inconstants, hypocrites [...] ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses [...] ; mais il y a [...] une chose sainte et sublime, c'est l'union de ces deux êtres si imparfaits.
Est-ce que la pièce donne raison à cette tirade ? Le dénouement semble dire que les conceptions de Camille et Perdican sont toutes les deux aussi artificielles. Elles tuent la spontanéité et le naturel incarnés par Rosette. C'est ce que révèle la métaphore de la rosée qui sèche au soleil :
PERDICAN. — Sais-tu ce que c’est que l’amour, Rosette ? Écoute ! le vent se tait ; la pluie du matin roule en perles sur les feuilles séchées que le soleil ranime. Par la lumière du ciel, par le soleil que voilà, je t’aime !
Dans cette métaphore, le soleil vers lequel il se tourne, comme la fleur héliotrope, réveille les feuilles, mais en même temps, il sèche les perles de rosées du matin, c'est-à-dire, un amour spontané, innocent, sans arrières-pensées.
Conclusion
Bilan
Ainsi, dans cette pièce, Perdican et Camille badinent en effet, d'abord parce qu'ils prennent l'amour à la légère. Adolescents qui se sont connus enfants, ils se redécouvrent et ne prennent pas tout de suite conscience de la force de leurs sentiments. Il prétendent s'accommoder d'un lien d'amitié, et précipitent Rosette entre eux.
Mais bientôt, des sentiments variés viennent déborder le simple badinage. Le dépit, l'orgueil, la vengeance, le désespoir poussent Camille et Perdican à mettre en place des stratagèmes pour piéger l'autre, pour provoquer la jalousie, peut-être même pour se prouver à eux-même qu'ils ne sont pas amoureux.
Finalement, la pièce nous montre que ce badinage devait fatalement mener à un dénouement malheureux, parce que, ce qui se joue ici, dans l'unité d'action, c'est la confrontation entre deux conceptions de l'amour élevées, absolues, qui touchent au sublime. Mais Alfred de Musset s'interroge : ces conceptions ne sont-elles pas issues d'éducations sophistiquées qui masquent la vérité du cœur ?
Ouverture
Le théâtre, lieu de tous les artifices, est paradoxalement aussi le lieu qui dévoile les vérités les plus difficiles. Cette scène où Camille découvre Rosette évanouie derrière le rideau rappelle la scène de Shakespeare où Hamlet tue Polonius caché derrière un rideau, ce qui déclenche la folie d'Ophélie.
Ophélie, comme Rosette, au milieu d'enjeux d'orgueil et de pouvoir est victime des stratagèmes d'une société de faux-semblants.
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