Couverture du livre La Peau de Chagrin de Balzac

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Couverture pour La Peau de Chagrin

Balzac, La Peau de chagrin
Le portrait de Raphaël
Synthèse de l'explication linéaire



Extrait étudié



Au premier coup d’œil les joueurs lurent sur le visage du novice quelque horrible mystère : ses jeunes traits étaient empreints d’une grâce nébuleuse, son regard attestait des efforts trahis, mille espérances trompées ! La morne impassibilité du suicide donnait à son front une pâleur mate et maladive, un sourire amer dessinait de légers plis dans les coins de sa bouche, et sa physionomie exprimait une résignation qui faisait mal à voir. Quelque secret génie scintillait au fond de ses yeux, voilés peut-être par les fatigues du plaisir. Était-ce la débauche qui marquait de son sale cachet cette noble figure jadis pure et brûlante, maintenant dégradée ? Les médecins auraient sans doute attribué à des lésions au cœur ou à la poitrine le cercle jaune qui encadrait les paupières, et la rougeur qui marquait les joues, tandis que les poètes eussent voulu reconnaître à ces signes les ravages de la science, les traces de nuits passées à la lueur d’une lampe studieuse. Mais une passion plus mortelle que la maladie, une maladie plus impitoyable que l’étude et le génie, altéraient cette jeune tête, contractaient ces muscles vivaces, tordaient ce cœur qu’avaient seulement effleuré les orgies, l’étude et la maladie. Comme, lorsqu’un célèbre criminel arrive au bagne, les condamnés l’accueillent avec respect, ainsi tous ces démons humains, experts en tortures, saluèrent une douleur inouïe, une blessure profonde que sondait leur regard, et reconnurent un de leurs princes à la majesté de sa muette ironie, à l’élégante misère de ses vêtements.


Introduction



Accroche


• Citation de La Confession d’un Enfant du Siècle de Musset.
• Un jeune homme de 1830 entre passé lourd et avenir funeste.

Situation


• Raphaël entre dans une maison de jeu.
• Révèle la suite du roman : destin tragique, personnage d’exception.
• Un mystère persiste.

Problématique


Comment ce portrait du jeune inconnu nous donne-t-il dès le début les principales pistes de compréhension du roman, tout en préservant un mystère qui nous invite à poursuivre la lecture ?

Mouvements


1) Premier coup d’œil qui structure le roman.
2) Génie mystérieux de Raphaël.
3) Un être d’exception au destin tragique.

Premier mouvement :
Un portrait programmatique



Au premier coup d’œil les joueurs lurent sur le visage du novice quelque horrible mystère : ses jeunes traits étaient empreints d’une grâce nébuleuse, son regard attestait des efforts trahis, mille espérances trompées ! La morne impassibilité du suicide donnait à son front une pâleur mate et maladive, un sourire amer dessinait de légers plis dans les coins de sa bouche, et sa physionomie exprimait une résignation qui faisait mal à voir.

Lire un mystère vivant :
• Verbe « lire au passé simple ».
• « traits du visage » comme des lignes d’écriture ?
• Le « coup d’œil » est aussi celui du lecteur.

Une subjectivité sans accéder aux pensées des personnages
• La focalisation est externe : « coup d’œil … attestait … donnait ».
• « Curiosité » et « horreur » des joueurs.
• « Espérances », « amertume », « résignation » du jeune homme.

Un personnage déjà à la fin de sa vie :
• Résolu à se « suicider ».
• In medias res* (au milieu de l’action).
• Que va-t-il se passer après, que s’est-il passé avant ?

Un roman en trois parties :
• Résolution du « suicide » dès ce portrait.
• Les « espérances trompées » (Analepse* : un retour dans le passé).
• L’agonie : « résignation » = mort inévitable, retardée par le pacte.
• La « Pâleur mate et maladive » annonce sa phtisie à la fin du roman.

Émotions du roman qui mêlent tragique et fantastique :
• « faisait mal à voir » : terreur + pitié de l’émotion tragique.
• « horrible mystère » : inquiétante étrangeté du genre fantastique.
• « grâce nébuleuse » mystère insaisissable du héros romantique.

Deuxième mouvement :
Un portrait plein de mystères



Quelque secret génie scintillait au fond de ses yeux, voilés peut-être par les fatigues du plaisir. Était-ce la débauche qui marquait de son sale cachet cette noble figure jadis pure et brûlante, maintenant dégradée ? Les médecins auraient sans doute attribué à des lésions au cœur ou à la poitrine le cercle jaune qui encadrait les paupières, et la rougeur qui marquait les joues, tandis que les poètes eussent voulu reconnaître à ces signes les ravages de la science, les traces de nuits passées à la lueur d’une lampe studieuse.

Les traces d’un lourd passé :
• « traces … dégradé » : visage qui a subi des altérations.
• Le génie scintille sous « les fatigues ».
• La noblesse est marquée par le « cachet de la débauche ».

Ce ne sont que des indices incertains :
• Modalisateurs : « peut-être … sans doute ».
• Conditionnel « auraient » et subjonctif « eussent voulu ».
• Le « génie » est « secret » dans des yeux « voilé ».
• La « lampe » du génie est déjà présente.

Hypothèses de lecture :
• La débauche est une allégorie (personnification d’une idée).
• Question rhétorique : « était-ce la débauche ? » (oui).
• Métaphore du « cachet » identification certaine (d’un courrier).
• Prolepse : annonce la suite du récit.

Lire sur les traits du visage :
• Physiognomonie : étude scientifique de la forme du visage.
• Point de vue des médecins : « lésions au cœur ».
• Symbolique : Raphaël trop ambitieux ne voit pas les choix du cœur.
• Fœdora / la société : prive les individus de leur cœur.
• Les « ravages de la science » deuxième alternative.

Troisième mouvement :
Le portrait d’un condamné



Mais une passion plus mortelle que la maladie, une maladie plus impitoyable que l’étude et le génie, altéraient cette jeune tête, contractaient ces muscles vivaces, tordaient ce cœur qu’avaient seulement effleuré les orgies, l’étude et la maladie. Comme, lorsqu’un célèbre criminel arrive au bagne, les condamnés l’accueillent avec respect, ainsi tous ces démons humains, experts en tortures, saluèrent une douleur inouïe, une blessure profonde que sondait leur regard, et reconnurent un de leurs princes à la majesté de sa muette ironie, à l’élégante misère de ses vêtements.

Éléments mystérieux qui font de Raphaël un personnage d’exception.
• Articles indéfinis « une passion … une maladie … une douleur … ».
• Superlatifs « passion plus mortelle … maladie plus impitoyable ».
• Une aspiration intérieure le pousse à l’autodestruction ?

Progression du regard :
• D’abord superficiel : ce qui « effleure », un « premier coup d’œil ».
• Cela va plus loin maintenant : les joueurs « sondent du regard ».
• Adjectifs métaphoriques « blessure profonde … douleur inouïe ».

Un mystère impossible à décrire :
• Oxymores : alliances de termes contradictoires.
• « muette ironie » ironie = laisser entendre l’inverse de ce qu’on dit…
• « élégante misère » désir et résignation résumés dans les vêtements.

La métaphore filée des enfers :
• Comparaison « comme lorsqu’un célèbre criminel arrive au bagne ».
• Les joueurs sont des « démons humains ».
• Les « tortures » sont des châtiments pour des excès.
• Référence à la Divine Comédie de Dante.
• « prince … majesté … élégance » comme Lucifer, un ange déchu.

Conclusion


• Le portrait prépare déjà la suite du récit.
• Indices cachés sous les traits du jeune homme : débauche, maladie.
• L’alternative : étude ou débauche, ne peut mener qu’à la mort.
• Un mystère persiste et nous invite à continuer la lecture.
• Malédiction d’un héros romantique.


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raphael.

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