Colette, Sido, 1930.
« J’ai dit adieu au mort… »
Explication linéaire
Extrait étudié
J'ai dit adieu au mort, à l'aîné sans rivaux ; mais je recours aux récits maternels, et aux souvenirs de ma petite enfance, si je veux savoir comment se forma le sexagénaire à moustache grise qui se glisse chez moi, la nuit tombée, ouvre ma montre, et regarde palpiter l'aiguille trotteuse, prélève, sur une enveloppe froissée, un timbre-poste étranger, aspire, comme si le souffle lui avait tout le jour manqué, une longue bouffée de musique du Columbia, et disparaît sans avoir dit un mot…
Il provient, cet homme blanchissant, d'un petit garçon de six ans, qui suivait les musiciens mendiants quand ils traversaient notre village. Il suivit un clarinettiste borgne jusqu'à Saints — quatre kilomètres — et quand il revint, ma mère faisait sonder les puits du pays. Il écouta avec bonté les reproches et les plaintes, car il se fâchait rarement. Quand il en eut fini avec les larmes maternelles, il alla au piano, et joua fidèlement tous les airs du clarinettiste, qu'il enrichit de petites harmonies simples, fort correctes.
Ainsi faisait-il des airs du manège forains, à la Quasimodo, et de toutes les musiques, qu'il captait comme des messages volants.
— Il faudra, disait ma mère, qu'il travaille le mécanisme et l'harmonie. Il est encore plus doué que l'aîné. Il deviendrait un artiste… Qui sait ?
Elle croyait encore, quand il avait six ans, qu'elle pouvait quelque chose pour lui, — ou contre lui. Un petit garçon si inoffensif !… Sauf son aptitude à disparaître, que pouvait-elle lui reprocher ? Bref de taille, vif, très bien équilibré, il cessait miraculeusement d'être présent. Où le joindre ? Les aires préférées des petits garçons ordinaires ne l'avaient pas même vu passer, ni la patinoire, ni la place du Grand-Jeu damée par les pieds d'enfants. Mais plutôt dans la vieille glacière du château, souterrain tronqué qui datait de quatre siècles, ou dans la boîte de l'horloge de ville, place du Marché, ou bien enchaîné aux pas de l'accordeur de pianos qui venait une fois l'an du chef-lieu et donnait ses soins aux quatre « instruments » de notre village.
Introduction
Accroche
• Colette a deux frères. L’aîné Achille Robineau-Duclos, très admiré, est son demi-frère (mais le doute est permis). Il est mort en 1913.
• Le deuxième, Léopold, le cadet est particulièrement mystérieux… Il est encore en vie quand Colette écrit Sido en 1930.
• Le mystère de ce personnage le rend insaisissable :
Il a [...] échappé à la musique, puis aux études de pharmacie, puis successivement à tout [...]. À mes yeux, il n’a pas changé : c’est un sylphe de soixante-trois ans.
Situation
Dans notre passage, Colette mène une véritable enquête sur les anecdotes d'enfance de ce frère mystérieux. Les souvenirs maternels font alors émerger des anecdotes révélatrices. Derrière le grand frère devenu adulte, subsiste l’enfant sauvage. Certains traits constants, une sensibilité pour la musique, l’intérêt pour les montres, semblent laisser des zones de mystère indéchiffrables.
Problématique
Comment ces anecdotes d’enfance permettent-elles de réaliser le portrait d’un grand frère qui garde une part de mystère ?
Mouvements du commentaire linéaire
L’évocation des liens entre l’adulte et l’enfant structurent ce passage.
1) Le mystère d’un frère « sexagénaire » qui reste silencieux.
De « j'ai dit adieu au mort » jusqu'à « sans avoir dit un mot… ». 2) Les anecdotes d’un « petit garçon de six ans » constituent déjà un premier portrait révélateur.
De « Il provient, cet homme » jusqu'à « Qui sait ? …». 3) Enfin, quand il avait six ans, ses disparitions mystérieuses forment le portrait en creux d’un personnage insaisissable.
De « Elle croyait encore… » jusqu'à « aux quatre ''instruments'' de notre village ».
Axes pour un commentaire composé
I. Comprendre les souvenirs du passé
1) Une véritable enquête sur le passé
2) Des souvenirs maternels insuffisants
3) Des anecdotes révélatrices
II. Double Portrait d'un enfant et d'un adulte
1) Le portrait en creux d'un enfant peu ordinaire
2) L'enfant persistant dans l'adulte
3) Une liberté d'un enfant sauvage
III. Un mystère insoluble ?
1) Une musique au-delà des mots
2) Un personnage aux passions insaisissables
3) Un mystère pas tout à fait résolu
Premier mouvement :
Le mystère d’un frère qui reste silencieux
J'ai dit adieu au mort, à l'aîné sans rivaux ; mais je recours aux récits maternels, et aux souvenirs de ma petite enfance, si je veux savoir comment se forma le sexagénaire à moustache grise qui se glisse chez moi, la nuit tombée, ouvre ma montre, et regarde palpiter l'aiguille trotteuse, prélève, sur une enveloppe froissée, un timbre-poste étranger, aspire, comme si le souffle lui avait tout le jour manque, une longue bouffée de musique du Columbia, et disparaît sans avoir dit un mot…
La narratrice exprime son désir d’élucider le passé
• Première personne du singulier « J’ai dit … je recours » avec le possessif « ma petite enfance ».
• Pluriels insistants « aux souvenirs » … « aux récits maternels » : cela demande beaucoup d’investigations.
• Subordonnée circonstancielle de condition « si je veux savoir » + subordonnée interrogative « comment se forma le sexagénaire ? »
⇨ Ces interrogations se portent uniquement sur le 2e frère.
Quelle différence ressort entre les deux frères ?
• Épithète homérique « aîné sans rivaux » permet de décrire le grand frère Achille en trois mots.
• Alors qu’il faut une phrase longue avec de multiples coordinations et subordinations pour décrire le cadet Léo.
• Lien d’opposition « mais je recours » sépare les deux.
⇨ Léopold, bien qu’il soit toujours vivant, reste mystérieux, échappe à tout.
Dans un autre passage, Colette commente cette différence :
L’aîné commandait, le second mêlait, à son zèle, une fantaisie qui l’isolait du monde. Mais l’aîné savait qu’il allait commencer ses études de médecine, tandis que le second espérait sourdement que rien ne commencerait jamais pour lui, [...] sauf l’heure d’échapper à une contrainte civilisée, sauf la liberté totale de rêver et de se taire… Il l’espère encore.
Un frère qui ne parle pas
• Verbe « dire » au début du passage « j’ai dit adieu » : la relation avec l’aîné mort est claire : tout a été dit.
• Au contraire le frère vivant « disparaît sans avoir dit un mot ».
• Le passé-composé « j’ai dit adieu » s’oppose au présent d’énonciation (action vraie au moment où l’on parle) : « qui se glisse chez moi ».
• Le numéral « un mot » insiste sur ce silence.
• Aposiopèse : le discours est laissé en suspens pour exprimer une émotion : « sans avoir dit un mot … ».
⇨ Mais ce silence de la parole laisse place à une musicalité.
Importance de la musique
• Présence très musicale de ce frère avec les allitérations en S, il « se glisse … disparaît ».
• Allitérations en T « palpiter l’aiguille trotteuse ».
• Allitérations en F « froissée … souffle … bouffée ».
• Le « Colombia » est la marque du gramophone de Colette.
⇨ Une musique qui apparaît même comme un élément vital.
La vie est symboliquement liée à la musique
• Le terme « palpiter » est plutôt celui d’un cœur.
• La comparaison « comme si le souffle lui avait manqué » : la musique est comme de l’oxygène.
• Le participe passé vient en fin de phrase, pour imiter cette apnée.
• Métaphore filée avec le terme « bouffée ».
⇨ Passage révélateur du caractère et des passions de Léo.
Un personnage aux passions évanescentes
• Un personnage qui ne sort que « la nuit tombée ».
• Il ne démonte pas la montre, il « regarde l’aiguille trotteuse ».
• De même, il ne voyage pas, il « prélève un timbre-poste étranger ».
• Les verbes d’action révèlent une progression : « glisser … regarder … prélever » mais pas de pensées. Le point de vue reste externe.
⇨ On va remonter dans le passé pour élucider ce mystère.
Deuxième mouvement :
Élucider ce mystère par les anecdotes de l’enfance
Il provient, cet homme blanchissant d'un petit garçon de six ans, qui suivait les musiciens mendiants quand ils traversaient notre village. Il suivit clarinettiste borgne jusqu'à Saints — quatre kilomètres — et quand il revint, ma mère faisait sonder les puits du pays. Il écouta avec bonté les reproches et les plaintes, car il se fâchait rarement. Quand il en eut fini avec les larmes maternelles, il alla au piano, et joua fidèlement tous les airs du clarinettiste, qu'il enrichit de petites harmonies simples, fort correctes.
Ainsi faisait-il des airs du manège forains, à la Quasimodo, et de toutes les musiques, qu'il captait comme des messages volants.
— Il faudra, disait ma mère, qu'il travaille le mécanisme et l'harmonie. Il est encore plus doué que l'aîné. Il deviendrait un artiste… Qui sait ?
Un personnage qui reste profondément un enfant
• Raccourci entre le « sexagénaire » du mouvement précédent et le « petit garçon de six ans » de ce deuxième mouvement.
• Le participe présent « blanchissant » donne l’impression que l’enfant devient simplement plus blanc qu’avant.
• Dans la suite du récit, Colette explique comment ce petit enfant continue d’exister dans son frère :
Tout le reste de lui [...] revole à la rencontre du petit garçon de six ans qui ouvrait toutes les montres, hantait les horloges municipales, [...] dure victorieusement depuis soixante années.
Un personnage insaisissable
• Personnage toujours en mouvement avec les verbes « suivre … traverser ».
• La précision « quatre kilomètres » est doublée par le préfix « revint » l’enfant a donc parcouru tout seul 8 kilomètres.
• Colette précise que le clarinettiste était « borgne », rappelant l’expression : le borgne guide l’aveugle.
• La mère, ne sachant pas où chercher son enfant disparu, « faisait sonder le puits du pays ».
⇨ L’enfant a suivi le musicien aveuglément, guidé par la musique.
Raconter une anecdote révélatrice
• Le verbe « suivre » est d’abord à l’imparfait « il suivait » c’est une habitude révélatrice.
• Le verbe « suivre » revient au passé simple : pour une anecdote unique que l’on pourra donc généraliser.
• L’article totalisant « tous les airs du clarinettiste » revient de façon encore plus générale ensuite « toutes les musiques ».
• Autre exemple « à la Quasimodo » (le dimanche qui suit Pâques).
⇨ Ces effets de répétition nous aident à mieux comprendre ce garçon.
Le point de vue de l’enfant perceptible indirectement
• Ce n’est pas un point de vue interne, mais certains indices nous laissent deviner les pensées de l’enfant.
• Les réactions de la mère sont un discours narrativisé « les reproches et les plaintes » comme si l’enfant n’écoutait que le ton, pas les mots.
• Le CC de manière « avec bonté » il n’est pas touché par des reproches qu’il ne prend pas en compte.
• Le CC de temps « quand il en eut fini » révèle un peu d’impatience.
• Le lien logique de cause « car il se fâchait rarement » : il ne montre pas une colère qu’il ressent pourtant intérieurement.
⇨ La narratrice nous aide à nous mettre à la place de son frère.
La narratrice se fait plus lucide que Sido elle-même
• Lien de conséquence « Ainsi faisait-il » souligne le schéma révélateur.
• La comparaison « comme des messages volants » exprime bien la prééminence de la musique sur les mots.
• Les paroles de la mère sont rapportée à l’imparfait : c’est une habitude dans le passé : « disait ma mère ».
• Le verbe d’état au présent « il est doué » devient verbe d’état au conditionnel « il deviendrait » : cela reste une hypothèse.
⇨ La mère ne saisit pas encore toute la complexité de son fils.
Un personnage d’une grande liberté
• Forme impersonnelle « il faudra » est évidemment voué à l’échec.
• Deux termes coordonnés « le mécanisme et l’harmonie » sont des termes de solfège qui justement n’intéressent pas l’enfant.
• Les paroles directes de la mère sont naïves « il deviendra artiste… qui sait ? » la question rhétorique laisse deviner une réponse négative.
⇨ Ce frère n’entrera jamais dans aucune case, même celle de l’artiste.
Troisième mouvement :
Des disparitions mystérieuses et révélatrices
Elle croyait encore, quand il avait six ans, qu'elle pouvait quelque chose pour lui, — ou contre lui. Un petit garçon si inoffensif !… Sauf son aptitude à disparaître, que pouvait-elle lui reprocher ? Bref de taille, vif, très bien équilibré, il cessait miraculeusement d'être présent. Où le joindre ? Les aires préférées des petits garçons ordinaires ne l'avaient pas même vu passer, ni la patinoire, ni la place du Grand-Jeu damée par les pieds d'enfants. Mais plutôt dans la vieille glacière du château, souterrain tronqué qui datait de quatre siècles, ou dans la boîte de l'horloge de ville, place du Marché, ou bien enchaîné aux pas de l'accordeur de pianos qui venait une fois l'an du chef-lieu et donnait ses soins aux quatre « instruments » de notre village.
Le point de vue de Sido
• Apparition de la troisième personne « elle » en position de sujet.
• L’adverbe « encore » insiste sur l’aspect révolu de l’imparfait « elle croyait encore ». Sido fait fausse route.
• L’épanorthose (la narratrice se corrige) exprime ce désaccord : la préposition « pour lui » devient « contre lui ».
• Discours indirect libre (les paroles sont rapportées directement mais sans marques pour l’indiquer) « un petit garçon si inoffensif ».
• L’exclamation suivie de points de suspension indiquent bien que le jugement de Sido est subjectif et incomplet.
⇨ Il faut aller plus loin que ce point de vue sur Léopold.
Sido est désarmée face à ces enfants « sauvages »
• Question rhétorique (question dont la réponse est implicite) « que pouvait-elle lui reprocher ? ». La réponse implicite est « rien ».
• Ce désarroi de Sido est exprimé dès les premiers mots du chapitre :
— Des sauvages…, disait-elle. Que faire avec de tels sauvages ? [...]
Il y avait, dans son découragement, une part de choix, un désistement raisonné, peut-être aussi la conscience de sa responsabilité.
Une disposition mystérieuse cachée
• L’exception « sauf son aptitude à disparaître » souligne justement une « aptitude » : sa disposition naturelle la plus profonde.
• Ce verbe « disparaître » revient une deuxième fois, constant à plus de cinquante années d’intervalle : c’est révélateur…
• Question ouverte, dans une phrase très courte « Où le joindre ? » avec l’adverbe interrogatif « où ».
⇨ La disposition profonde de Léopold est liée à cette absence.
Des disparitions indices de mystère
• Le verbe « disparaître » est composé avec le préfixe « dis- » (qui exprime l’absence, la négation).
• Le verbe « disparaître » laisse place à une périphrase « il cessait d’être présent. » pour dire la même chose dans une forme négative.
• L’adverbe « miraculeusement » particulièrement long, insiste sur l’aspect presque magique de ces disparitions.
⇨ Le portrait de Léopold va apparaître en creux.
Des indices qui tracent un portrait en creux
• Colette commence par énumérer les lieux où Léopold ne se trouve pas, avec la négation « ne l’avaient même pas vu passer »
• Cette négation le différencie des « petits garçons ordinaires ».
• Négations coordonnées « ni la patinoire, ni la place du Grand-jeu ».
• Le pluriel est révélateur « damée par les pieds d’enfants » : des générations d’enfants « ordinaires » jouent à cet endroit.
• Le lien d’opposition est doublé « Mais plutôt ».
⇨ La narratrice ménage le suspense le plus longtemps possible.
Des lieux révélateurs
• Trois lieux ressortent, séparés par des alternatives « ou ».
• Premier lieu : « dans la vieille glacière » qui est comme un voyage dans le temps. Colette précise « qui datait de quatre siècles ».
• Cela se retrouve peut-être dans cette manie de « prélever des timbres-postes sur des enveloppes froissées. »
• Deuxième lieu : « la boite de l’horloge » explique la longue contemplation des aiguilles de la montre de Colette.
• Troisième lieu : « enchaîné aux pas de l’accordeur » le relie au gramophone et aux autres anecdotes liées à la musique.
⇨ Cela en dit long sur le personnage, sans pour autant répondre à toutes les questions que l’on peut se poser sur lui.
Un mystère qui n’est pas entièrement résolu
• Cette dernière phrase est nominale (elle ne contient pas de verbe conjugué). Cela participe au mystère : que fait-il en ces lieux ?
• Le participe passé « enchaîné » interroge la liberté de Léopold, qui s’éloigne de la civilisation mais s’enchaîne à autre chose…
• Il ne suit pas un musicien mais un « accordeur de piano » Léopold est sensible aux sons harmonieux plus qu’à la musique elle-même.
• Le terme même de « instrument » entre guillemets indique que ces pianos ne sont pas vraiment utilisés, ils servent de décor dans des maisons bourgeoises.
⇨ Il faudrait que ce frère sorte de son silence pour comprendre.
Un mystère qui nous invite à lire la suite du chapitre
• Ce frère finira par dire quelques mots à sa sœur, étant retourné au pays natal, il évoque le grincement de la grille de la cour du Pâté :
— Ils ont huilé la grille, dit-il froidement.
Il partit presque aussitôt. Il n’avait pas autre chose à me dire. Il [...] s’en alla, dépossédé de quatre notes, son oreille musicienne tendue en vain, désormais, vers la plus délicate offrande, composée par un huis ancien, [...] dédiée au seul enfant sauvage qui en fût digne.
Conclusion
Bilan
Dans notre passage, Colette évoque des souvenirs maternels et des anecdotes du passé. Elle mène une véritable enquête pour mieux comprendre ce frère qui lui rend visite régulièrement.
Le portrait de l’enfant éclaire le caractère de l’adulte, sensible à la musique, mais avant tout, soucieux de conserver sa liberté. Cela en fait un personnage attachant et insaisissable.
Ouverture
En 1944, Anouilh écrit Antigone racontant l'histoire d'une jeune fille rebelle qui décide d'enterrer son frère, quoi qu'il lui en coûte. Elle évoque les souvenirs qu'elle a de ce frère.
ANTIGONE. — Si mon frère vivant était rentré harassé d'une longue chasse, je lui aurais enlevé ses chaussures, je lui aurais fait à manger, je lui aurais préparé son lit... Polynice aujourd'hui a achevé sa chasse. Il rentre à la maison où mon père et ma mère [...] l'attendent. Il a droit au repos.
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