Couverture pour XIXe siècle

Méthodologie du commentaire composé
Zola, Le Roman expérimental



Comment faire un commentaire composé sur un extrait argumentatif ? Je vais vous montrer pas à pas comment appliquer ma méthodologie sur un extrait du Roman Expérimental de Zola qui est un ensemble d'article publiés dans Le Bien Public et qui est considéré comme un manifeste du Naturalisme.

Pas besoin d'avoir lu l'ouvrage pour suivre ma vidéo : ce n'est qu'un support dont je vais me servir pour appliquer ma méthode. Mais vous pouvez vous rafraîchir la mémoire éventuellement avec mes vidéos de synthèse de Germinal et de l'Assommoir.

Ma méthodologie contient 5 grilles de lectures et toute une série de conseils pour réaliser le plan, la problématique, l'intro et la conclusion.

Je vous conseille de commencer par regarder cette vidéo, c'est là que je présente toutes les techniques que je vais maintenant mettre en pratique.

Dans Le Roman Expérimental, Zola s'inspire d'un ouvrage de Claude Bernard, L'introduction à l'étude de la médecine expérimentale pour écrire une série d'articles où il développe sa propre conception de la littérature naturaliste, comme une méthode d'observation et d'expérimentation sociale.

Je vous laisse mettre pause si vous voulez lire cet extrait. Vous pouvez aussi vous rendre en description pour télécharger le document PDF.

N'hésitez surtout pas à explorer la description : je vous mettrai également un tas de liens vers des vidéos utiles pour préparer le bac de français.

Première grille



La structure du texte. Parfois, un texte de type argumentatif peut être versifié : c'est le cas par exemple dans la tragédie. Mais ce n'est pas le cas ici.

Souvent, l'argumentation utilise des voix, que l'on peut repérer à travers de petites mises en scènes et des verbes de parole. C'est le cas ici, à travers deux séries de verbes qui s'opposent, les uns à la forme affirmative, et les autres à la forme négative. Du côté affirmatif : l'expérimentateur peut répéter et expliquer une expérience. Du côté négatif, il n'a pas à conclure, ni pour s'indigner, ni pour approuver, ni pour se fâcher. À travers cette opposition, Zola montre un romancier qui se comporte comme un simple observateur. Je vous propose de noter toutes nos trouvailles sur une feuille de brouillon.

À côté de cet expérimentateur qui est neutre, les verbes de parole font émerger deux autres voix. Tout d'abord : « l'expérience conclut pour lui ». L'expérience scientifique est en fait un moyen pour Zola de parler du roman naturaliste : le romancier reste neutre, mais le lecteur est libre de tirer les conséquences du roman.

Par exemple dans l'Assommoir, le lecteur observe les personnages sombrer dans l'alcool et la misère, victimes de la violence et des accidents du travail : le romancier ne dit pas qu'il faut fermer les cabarets, ouvrir des écoles, augmenter les salaires, sécuriser les emplois ; c'est au lecteur de tirer lui-même ces conclusions.

Zola intervient aussi directement à la première personne : « Souvent j'ai dit » ou encore « je l'ai dit ailleurs ». Zola défend la neutralité du romancier, mais dans cet extrait, il n'écrit pas un roman, il rédige un article de presse. Il n'est pas en position de romancier mais en position de critique littéraire : il n'est pas neutre, il développe une thèse.

Rien de contradictoire ici, au contraire, Zola est très cohérent dans la répartition des rôles. Il n'utilise jamais la première personne du singulier dans ses romans, mais il révèle ses propres engagements à travers son activité de journaliste. On peut penser au célèbre article J'accuse, où il défend Alfred Dreyfus, accusé à tort de haute trahison.

Cette répartition des rôles est justement visible à travers la division de notre texte, regardez : les verbes de parole sont présents jusqu'à la ligne 10. À partir de là, nous avons surtout des verbes d'action. Nous aurons l'occasion de revenir sur ces verbes, mais déjà, le texte est visiblement divisé en deux : d'une part, la neutralité du romancier expérimentateur, et d'autre part, l'action des hommes d'application : législateur ou praticien. Zola revendique la neutralité de l'écrivain, mais il appelle de ses voeux une véritable action politique.

Les liens logiques vont nous permettre de mieux suivre le raisonnement de Zola. D'abord, toute une série de liens logiques expriment la cause :
> « nous n'avons pas à tirer de conclusion parce que les oeuvres portent leur conclusion en elle »
> « l'expérimentateur n'a pas à conclure, parce que l'expérience conclut pour lui. »
> « Parce que notre pouvoir n'est pas le même, parce que nous sommes des expérimentateurs »
> J'ajouterai même les deux-points comme un lien de cause qui va dans le même sens : « il n'a pas à s'indigner parce que telle est la vérité »
Zola construit son raisonnement de manière méthodique, il n'avance pas un seul argument sans l'inclure dans une logique causale.

Je mettrai à part le dernier lien de cause : « on ne conçoit pas un savant se fâchant contre l'azote parce que l'azote est impropre à la vie ». C'est un raisonnement par l'absurde, qui permet de valoriser la neutralité de l'écrivain. Les romanciers naturalistes se contentent d'observer et de peindre les maux de la société.

L'azote est un exemple tiré du monde scientifique, mais quand on pense à l'Assommoir, c'est évidemment l'alcool qui est dénoncé comme impropre à la vie. Le romancier ne se fâche pas contre les marchands de vins, et d'ailleurs, le Père Colombe, le tenancier de l'Assommoir, n'est jamais critiqué, il a même plutôt l'air d'être un brave homme.

Avec le lien logique de cause, Zola montre bien le danger de l'azote qui est « impropre à la vie » : c'est un moyen objectif de le rejeter. Zola file la métaphore scientifique pour nous montrer le rôle du médecin qui supprime par exemple l'alcool du régime de son patient. De même, l'écrivain pose le diagnostique d'une société malade. Le romancier montre les plaies dans l'espoir de les guérir un jour.

Dans la préface de l'Assommoir, Zola défend son roman, et utilise la même métaphore :
« L'Assommoir est à coup sûr le plus chaste de mes livres. Souvent j'ai dû toucher à des plaies autrement épouvantables. La forme seule a effaré. On s'est fâché contre les mots. »

Le lien logique d'opposition « mais » renforce la distinction que nous avons vue entre les verbes de parole : il faut expliquer mais il ne faut pas s'indigner. C'est une manière de reformuler la thèse : le romancier observe, il est neutre, il ne doit pas montrer son indignation, ni son approbation.

Souvent, en argumentation, le point-virgule a la valeur d'un lien logique. C'est le cas ici. Maintenant que la thèse est bien formulée, et bien soutenue par des causes, Zola va développer la conséquence qui l'intéresse : « telle est la vérité, et par conséquent, c'est à la société d'agir ». On peut dire que c'est le deuxième versant de sa thèse : le romancier se charge de montrer la vérité, mais il le fait pour mieux permettre au législateur d'agir en conséquence.

On retrouve la même idée dans un article que Zola a publié dans Le Bien Public pour défendre l'Assommoir :
J’ai fait ce que j’avais à faire ; j’ai montré les plaies, j’ai éclairé violemment des souffrances et des vices, que l’on peut guérir. [...] Mais je laisse aux moralistes et aux législateurs le soin de réfléchir et de trouver des remèdes.

Dans la dernière étape du raisonnement, Zola coordonne un vocabulaire appréciatif et dépréciatif, avec :
> Une alternative : « Produire ou ne plus produire, si le résultat est utile ou dangereux »
> Une condition : « quand il est nuisible »
> Une addition : développer les bons et réduire les mauvais
Malgré la neutralité du romancier, ses observations s'inscrivent bien dans un système de valeurs, qui postule que certains éléments sont bons pour l'être humain, et d'autres néfastes.

Même s'il revendique une certaine neutralité, Zola part du principe que la science est un instrument de progrès : c'est pour lui une évidence. C'est ce qu'on appelle un présupposé : une idée qui fonde un raisonnement, sans être justifié ni prouvé.

Mais tous les écrivains n'ont pas forcément cette optique du progrès humain. Au XIXe siècle, Baudelaire par exemple récuse complètement l'idée de progrès, il se méfie de la science et de la médecine, et il considère son siècle comme une époque décadente, sans espoir pour l'humanité.

Deuxième grille



Les personnes et les sujets. Comme nous ne sommes pas dans un roman ou dans une pièce de théâtre, il n'y a pas vraiment de personnage à proprement parler, mais les pronoms personnels nous montrent comment Zola met en relation plusieurs acteurs.

Zola est lui-même présent avec la première personne du singulier, et il inclut même le lecteur avec le pronom indéfini : « on ne conçoit pas un savant se fâchant contre l'azote ». L'image du savant permet d'éclairer l'attitude du romancier, et de rendre légitime sa neutralité : la science éclaire les méthodes du romancier naturaliste.

La troisième personne du singulier désigne l'expérimentateur, ou le savant : « l'expérience conclut pour lui … il répétera … il expliquera … il n'aura pas à s'indigner … il supprime l'azote»
Cet exemple est encadré par la première personne du pluriel, qui représente les romanciers naturalistes :
« nous n'avons pas à tirer une conclusion de nos oeuvres … nos oeuvres portent la conclusion … notre pouvoir n'est pas le même … nous sommes des expérimentateurs ... nous devons nous contenter de chercher. »
Zola utilise l'image du scientifique comme un miroir pour mieux éclairer sa conception du travail de l'écrivain.

Mais le romancier et le scientifique ne sont pas toujours les sujets des phrases, regardez : « nos oeuvres portent leur conclusion ... l'expérience conclut pour lui ». On peut ajouter dans ce sens des verbes qui sont à l'infinitif, mais dont le sujet est exprimé : « la société qui produit » les « hommes d'application qui dirigent et développent ». Cela montre bien la volonté de Zola de transmettre ses observations en vue d'une action. L'observateur n'agit pas, mais il donne à voir une vérité qui porte déjà en soi le germe de l'action.

On retrouve dans Germinal cet espoir d'une action qui prendrait racine dans l'instruction et la lecture, et qui germerait sous forme de lutte sociale. Étienne Lantier sait lire, il est curieux et apprend beaucoup, il emprunte des livres auprès de Rasseneur et de Souvarine, et devient capable de mener la grève des mineurs.

La progression thématique permet de suivre à la trace l'évolution de la pensée de Zola. D'abord, il part de l'écriture romanesque : « nos oeuvres portent leur conclusion en elles ». Ensuite, le terme « expérience » vient les remplacer pour mieux construire l'analogie avec le domaine scientifique : « l'expérience est répétée et expliquée. » L'expérience permet de mettre à jour un phénomène, avec l'exemple de l'azote. Et Zola revient enfin sur le phénomène, mais c'est désormais un phénomène social : nous ne sommes plus en physique ou en chimie, mais en sociologie. Tout se passe comme si la société était considérée par Zola comme un malade qu'il faut guérir.

Tous les verbes psychologiques sont inclus dans des formes négatives : « ni à s'indigner, ni à approuver … on ne conçoit pas un savant se fâchant » sauf à la fin « nous devons nous contenter ». Par cette série de négations, Zola nous amène à mieux concevoir la neutralité qu'il demande au romancier, cantonné à son rôle d'observateur.

Troisième grille



L'espace et le temps. Avec pour commencer la valeur des temps : dans notre extrait, le passé est très rare. Le passé composé correspond à une action ponctuelle dans le passé qui a des conséquences sur le présent : « J'ai dit que nous n'avions pas à tirer une conclusion … je l'ai dit ailleurs » Vous voyez comment ce temps donne au verbe « dire » un sens très lourd de conséquences ? Il sonne comme une interdiction : nous n'avons pas à conclure. Cette formulation est performative : c'est à dire que la parole équivaut à un acte. Dans ce passage, Zola assume complètement sa position de critique littéraire, qui écrit un texte manifeste.

C'est notamment visible à travers les présents de vérité générale : ce sont des actions valables en tout temps. « Cela signifie que nos oeuvres portent leur conclusion en elles » ou encore « telle est la vérité, tel est le mécanisme des phénomènes. » Nous sommes du côté de l'explication, avec des faits objectifs. Zola construit un raisonnement solide, basé sur la neutralité.

En même temps, certains verbes au présent de vérité générale révèlent l'implication de l'auteur, notamment avec des verbes modaux : « un expérimentateur n'a pas à conclure … s'il le faut … c'est à la société de produire … nous devons nous contenter » À travers ces verbes, Zola sort du rôle du romancier observateur, pour montrer ses convictions profondes.

Dans notre extrait, les futurs ont une valeur modale : ils expriment un ordre, une défense, un conseil. « Il répétera, expliquera, mais il n'aura pas à s'indigner »
Zola est conscient de la force que ces lignes pourront avoir dans l'Histoire Littéraire : même s'il refuse lui-même d'être considéré comme le chef de file du mouvement naturaliste, Zola rédige bien cet article comme un manifeste littéraire.

Une indication temporelle est ajoutée par Zola à la fin du paragraphe : « tôt ou tard ». Il me semble que cette indication discrète montre bien l'engagement de Zola. Avec ce complément circonstanciel, il trahit son impatience de transformer les constats en actions.

Les verbes de mouvement sont du côté du roman et du romancier, et construisent une métaphore : « nous n'avons pas à tirer une conclusion, car nos oeuvres portent leur conclusion. » La conclusion est comparée à un objet qui est déplacé, tiré, porté. Zola veut nous montrer le processus de transmission : pas besoin de tirer ce qui est déjà porté. Zola fait confiance à ses lecteurs pour comprendre et s'engager.

C'est pourquoi le paragraphe commence avec des verbes de mouvement et se termine avec des verbes d'action : supprimer, diriger, développer, réduire. Toute l'argumentation de Zola tend vers une action dont il se dépossède en tant que romancier, mais qu'il confie au législateur, à l'homme d'application.

Quatrième grille



La syntaxe et le rythme. À travers notre passage, les phrases sont de plus en plus longues, regardez. Les deux premières phrases sont relativement courtes, Zola exprime et reformule sa thèse. Ensuite, viennent deux phrases de longueur intermédiaire, qui sont fortement ponctuées, avec des points virgules. Ce sont les exemples : celui de l'expérience réalisée face au public, et celui de l'azote. La dernière phrase est la plus longue : Zola synthétise son propos. Cet allongement des phrases révèle un développement progressif de la pensée : il mène un raisonnement structuré.

Dans notre extrait, pas d'exclamations, pas d'interrogations : Zola n'entre pas dans un discours émotif. C'est là toute la distinction entre convaincre et persuader : les arguments permettent de convaincre, les émotions permettent en plus de persuader. Dans ce texte, Zola donne l'exemple : il cherche à convaincre, en exposant sa méthode, il est davantage dans le raisonnement objectif que dans l'émotion.

Les virgules ne servent pas ici à faire des énumérations, comme ça peut être le cas dans certains argumentaires. Ici, Zola les utilise pour mettre en valeur certains passages. « un expérimentateur n'a pas à conclure, parce que, justement, l'expérience conclut pour lui » : le lien logique de cause et l'adverbe sont encadrés par des virgules. Autre exemple : « Cent fois, s'il le faut, il répétera l'expérience » la condition « s'il le faut » est aussi encadrée de virgules, ce qui lui donne un poids particulier. Ce rythme permet à Zola de mieux transmettre la conviction de ses arguments, de manière implacable.

Cinquième grille



les images. Souvent, en argumentation, les images permettent de faire comprendre un raisonnement abstrait. C'est le cas ici avec le champ lexical de la science, qu'on peut sans cesse mettre en parallèle avec l'écriture littéraire de Zola :
> Le savant, expérimentateur sans être praticien : c'est l'écrivain.
> L'expérience, c'est le roman.
> Le mécanisme, le phénomène, ou encore l'azote correspondent à des événements de l'intrigue.
> Le résultat, et le déterminisme correspondent au dénouement.
La métaphore scientifique éclaire parfaitement le projet littéraire de Zola.

Dans notre passage, les adjectifs fonctionnent avec les verbes d'état, et montrent que la position d'observateur n'empêche pas de juger, dans un second temps, si le résultat est utile ou dangereux. Zola prend l'exemple de « l'azote qui est impropre à la vie … nuisible ». Il y a aussi des adjectifs substantivés : « Le législateur doit développer les bons et réduire les mauvais ». Ce sont des adjectifs parfois mélioratifs « utile … bons » parfois péjoratifs « impropres à la vie … nuisibles … mauvais ». Zola ne cache absolument pas qu'il s'inscrit dans un système de valeurs, et qu'il y a une valeur morale dans le travail de l'écrivain naturaliste, malgré sa neutralité.

Comment Zola parvient-il à distinguer ce qui est positif et ce qui est négatif ? Il le révèle à la fin du passage : il se place « du point de vue de l'utilité humaine » Nous retrouvons ici le présupposé d'un système de valeur humaniste et progressiste : l'homme évolue en bien, grâce à l'observation de la vérité.

Les sonorités servent beaucoup en poésie, mais elles peuvent aussi appuyer des arguments. Par exemple ici, Le futur crée une rime interne « cent fois, il répétera, il expliquera, il n'aura ». Plus loin, nous avons un autre effet de répétition : « telle est la vérité … tel est le mécanisme ». Par ces effets de style, Zola transmet une conviction, il insiste sur la volonté forte du scientifique et du romancier de découvrir la vérité.

Nous avons eu l'occasion d'explorer les principales métaphores du passage. Mais on peut creuser un peu plus la personnification de l'expérience « l'expérience conclut pour lui » : l'expérience est comme une personne, capable d'énoncer ses propres conclusions. C'est une manière pour Zola de faire confiance au lecteur, qui peut réfléchir par lui-même à partir des oeuvres naturalistes.

Une grande métaphore est présente en filigrane à travers tout le texte : « l'homme d'application » est comparé à un « praticien ». C'est à dire que le législateur est comparé à un médecin qui soigne, et la société est comparée à un corps malade. Dans cette métaphore, l'écrivain naturaliste se contente de poser le diagnostique.

Chez Zola, cette métaphore corporelle traverse toute son oeuvre. Les halles sont le Ventre de Paris, Paris lui même est un animal déchiré dans La Curée… On peut aussi penser à la mine du Voreux, dans Germinal, qui est comparé à est un monstre dévorateur.

Dans l'Assommoir, Zola étudie les détails physiologiques de l'alcoolisme, notamment le tremblement des mains et des pieds, qui rendent incapables de travailler. Zola fait un lien direct entre la condition médicale des individus et les conséquences massives que cela entraîne dans la société.

Les axes



Nous avons donc 9 grands thèmes qui ressortent de notre analyse, et qui vont nous aider à construire nos axes de lecture.
> Un rôle d'observateur
> Une transmission au lecteur
> Un manifeste littéraire
> Un appel à l'action
> Un raisonnement objectif
> Une société malade
> Un système de valeur
> Un détour par les sciences
> Une force de conviction

La première partie va couvrir les thèmes les plus évidents, les émotions, le registre principal, le genre et le type de discours. D'abord, je propose de voir le fait que nous ayons un raisonnement objectif avec un observateur neutre. La métaphore scientifique est très importante, il faut la traiter tout de suite. On pourra intituler cette première partie « la revendication d'une neutralité scientifique »

Deuxième partie : il s'agit de mettre en perspective ou de nuancer les éléments de la première partie. On peut tout à fait nuancer en montrant que Zola s'exprime avec une forte conviction, pour mieux construire un manifeste littéraire : il enjoint les romanciers naturalistes à faire confiance aux lecteurs qui sont capables de tirer les conclusions eux-mêmes. On peut intituler cette deuxième partie « Un manifeste littéraire qui responsabilise le lecteur »

Troisième partie : quel est l'objectif de Zola avec cet article, quelles sont les valeurs défendues, à quoi aspire-t-il ? Malgré la neutralité du romancier naturaliste, ce texte est un véritable appel à l'action. La métaphore scientifique va dans ce sens : si la société est malade, il faut se donner les moyens de la guérir. Zola s'inscrit donc dans un système de valeur humaniste et progressiste. On peut intituler cette troisième partie : « La volonté d'un progrès social »

Si vous manquez de temps, et que vous n'avez pas grand chose en deuxième et troisième partie, vous pouvez les fondre et rester sur un plan en deux parties, mais le correcteur se montrera alors plus exigeant.

Vous voyez qu'avec ce plan, on tient déjà notre problématique :

Comment Zola défend-il, à travers une métaphore scientifique, une conception de la littérature où le romancier contribue, par sa neutralité, au progrès social ?

Vous voyez que cette problématique articule nos trois parties : la neutralité scientifique, le manifeste littéraire et le progrès social, mais aussi le comment, le quoi et le pourquoi.

Le plan



Avant de passer à la rédaction, nous allons organiser chaque partie. D'abord, pour la première partie, « La revendication d'une neutralité scientifique » nous allons garder uniquement les éléments en bleu. Regardez, trois sous-parties se détachent:
1) Un raisonnement objectif
2) Un observateur neutre
3) Un détour par les sciences
On peut ensuite réorganiser les arguments en supprimant les plus faibles et en gardant les meilleurs pour la fin.

En effet, rien ne nous oblige à parler absolument de tout, les grilles de lectures servent surtout à vous donner de la matière et à faire émerger les meilleures idées.

Pour la deuxième partie « Un manifeste littéraire qui responsabilise le lecteur », nous allons garder uniquement les éléments en jaune. Nos trois sous-parties apparaissent :
1) Une force de conviction
2) Un manifeste littéraire
3) Une transmission au lecteur
Et on réorganise les arguments en supprimant les plus faibles, et en gardant les meilleurs pour la fin.

Pour la troisième partie « La volonté d'un progrès social », on garde les éléments en vert et on organise enfin nos trois sous-parties :
1) Un appel à l'action
2) Une croyance dans le progrès humain
3) Une société malade qu'il faut guérir
Je vous laisse comme d'habitude arranger les arguments.

Vous verrez avec la pratique qu'il faut parfois tordre un peu le plan de manière artificielle si on veut obtenir trois parties et trois sous-parties homogènes.

L'introduction



Nous sommes maintenant prêts à rédiger l'introduction, et nous avons d'abord besoin d'une accroche en rapport avec notre développement, une accroche qui présente le texte de Zola de manière un peu culturelle. On peut parler de Claude Bernard par exemple :
Zola s'inspire d'un ouvrage de Claude Bernard, « L'introduction à l'étude de la médecine expérimentale » pour écrire une série d'articles où il développe sa propre conception de la littérature naturaliste, comme une méthode d'observation et d'expérimentation sociale.

Ensuite, on relie rapidement notre passage à cette définition :
Dans notre extrait, Zola compare l'activité scientifique et celle de l'écrivain naturaliste, pour mieux faire ressortir les points communs et les différences. L'écrivain observe, pose un diagnostique, mais ce n'est pas un praticien, il laisse au législateur le soin de soigner la société malade.

On passe à la ligne avec un alinéa, et on recopie la problématique :
Comment Zola défend-il, à travers une métaphore scientifique, une conception de la littérature où le romancier contribue, par sa neutralité, au progrès social ?

On passe à la ligne avec un alinéa, et on annonce le plan :
D'abord, nous allons voir que Zola demande à l'écrivain naturaliste d'adopter une neutralité scientifique.
Mais notre texte n'est pas neutre, c'est un manifeste littéraire où Zola transmet des convictions profondes.
En effet, suite au travail d'observation du romancier, Zola appelle de ses voeux un véritable progrès social.

Je vous conseille de toujours utiliser des liens logiques pour annoncer chaque partie, dans trois phrases différentes. N'hésitez pas à conserver ces tournures de phrases à la première personne du pluriel.

La conclusion



Maintenant, nous sommes prêts à rédiger la conclusion. D'abord, on résume tout notre raisonnement, ce qui revient à répéter le plan, de manière un peu enrichie :
Nous avons vu que Zola fait un raisonnement très rigoureux, où il compare l'écrivain naturaliste à un expérimentateur, lui demandant d'observer et de retranscrire la réalité sans s'indigner. Mais en même temps, le discours de Zola n'est pas neutre, c'est un véritable manifeste littéraire, où il transmet des convictions profondes. Le romancier naturaliste fait confiance à ses lecteurs pour prendre le relais et tirer les conclusions qui s'imposent. Ainsi, le texte de Zola est également un appel à l'action, qui s'appuie sur une vision progressiste de l'Histoire. Si la science apporte un progrès dans la médecine, le Naturalisme constitue de même un progrès pour la société.

Enfin, on peut terminer avec une petite ouverture sur l'oeuvre de Zola :
C'est peut-être pour cette raison que le cycle des Rougon-Macquart se termine sur l'histoire d'un médecin, le Docteur Pascal, qui est sans doute le personnage du cycle qui exprime le mieux les convictions de Zola :
— Veux-tu que je te dise mon Credo, à moi ? [...] Je crois que la poursuite de la vérité par la science est l’idéal divin que l’homme doit se proposer [...] Je crois que la somme de ces vérités, [...] finira par donner à l’homme [...] la sérénité, sinon le bonheur.

Vous pouvez maintenant passer à la rédaction, pensez bien à toujours utiliser des liens logiques entre les paragraphes, et à rédiger des transitions entre vos parties en soulignant la continuité de votre raisonnement !