1912 — Kafka écrit La Métamorphose. Les tensions internationales sont fortes, les individus perdent de vue les structures traditionnelles rassurantes.
L’œuvre de Kafka illustre ce malaise, et La Métamorphose l’incarne même par le fantastique et l’absurde, dans un style pourtant réaliste riche en détails.
Gregor Samsa se réveille un matin transformé en insecte. Son corps monstrueux l’empêche d’agir et l’isole. La métamorphose est donc aussi psychologique.
Ses nombreuses pattes, [...] grouillaient désespérément sous ses yeux. [...] Un couinement douloureux [...] venait détruire la résonance de sa voix.
Avec l’arrivée du fondé de pouvoir de sa firme, on devine que son emploi était déjà une aliénation.
Gregor était-il condamné à travailler dans une entreprise où, à la moindre incartade, on vous soupçonnait du pire ?
Lui qui travaillait pour rembourser les dettes de ses parents, et permettre à sa sœur Grete d’apprendre le violon, le voilà devenu inutile.
Était-il une bête, pour être à ce point ému par la musique ? Il avait le sentiment d’apercevoir [...] la nourriture inconnue dont il avait le désir.
Kafka lui-même extrêmement sensible, ne s’est-il pas construit une carapace ?
Son incursion ayant fait fuir les locataires, sa sœur, qui a de son côté beaucoup changé elle aussi, finit par le prendre en horreur :
Devant ce monstre je n’ai pas l’intention de prononcer le nom de mon frère : nous devons nous en débarrasser.
Gregor Samsa en cafard allongé sur son lit.
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