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Juste la fin du monde (I.1)
Jean-Luc Lagarce
— Commentaire littéraire —
Extrait étudié
SUZANNE. — C’est Catherine.
Elle est Catherine.
Catherine, c’est Louis.
Voilà Louis. Catherine.
ANTOINE. — Suzanne, s’il te plaît, tu le laisses avancer,
laisse-le avancer.
CATHERINE. — Elle est contente.
ANTOINE. — On dirait un épagneul.
LA MÈRE. — Ne me dis pas ça, ce que je viens d’entendre, c’est
vrai, j’oubliais, ne me dites pas ça, ils ne se connaissent pas.
Louis, tu ne connais pas Catherine ? Tu ne dis pas ça, vous
ne vous connaissez pas, jamais rencontrés, jamais ?
ANTOINE. — Comment veux-tu ? Tu le sais très bien.
LOUIS. — Je suis très content.
CATHERINE. — Oui, moi aussi, bien sûr, moi aussi.
Catherine.
SUZANNE. — Tu lui serres la main ?
LOUIS. — Louis.
Suzanne l’a dit, elle vient de le dire.
SUZANNE. — Tu lui serres la main, il lui serre la main. Tu ne vas
tout de même pas lui serrer la main ? Ils ne vont pas se serrer
la main, on dirait des étrangers.
Il ne change pas, je le voyais tout à fait ainsi,
tu ne changes pas,
il ne change pas, comme ça que je l’imagine, il ne change
pas, Louis,
et avec elle, Catherine, elle, tu te trouveras, vous vous trouverez
sans problème, elle est la même, vous allez vous trouver.
Ne lui serre pas la main, embrasse-la. Catherine.
ANTOINE. — Suzanne, ils se voient pour la première fois !
LOUIS. — Je vous embrasse, elle a raison, pardon, je suis très
heureux, vous permettez ?
SUZANNE. — Tu vois ce que je disais, il faut leur dire.
LA MÈRE. — En même temps, qui est-ce qui m’a mis une idée
pareille en tête, dans la tête ? Je le savais. Mais je suis ainsi,
jamais je n’aurais pu imaginer qu’ils ne se connaissent,
que vous ne vous connaissiez pas,
que la femme de mon autre fils ne connaisse pas mon fils,
cela, je ne l’aurais pas imaginé,
cru pensable. Vous vivez d’une drôle de manière.
Introduction
Accroche
• Dans une autre pièce de Lagarce un ami d’enfance de Louis !
LONGUE DATE. —
Revenir après tant d'années, retrouver ceux-là qui firent ta vie,
qui furent ta vie et espérer reprendre la conversation là où tu
l'avais abandonnée
— où est-ce que nous en étions, déjà —
ce ne sera guère possible.
Tu le sais.
Situation
• Scène d'exposition, mélange de présentations et de retrouvailles.
• Louis n'a jamais rencontré Catherine, sa belle-sœur.
• Présentations aussi au public, qui devine les non-dits et les enjeux.
Problématique
Comment cette scène d'exposition nous montre-t-elle que les liens entre les personnages sont peut-être déjà irrémédiablement affectés par le poids de l'absence ?
Mouvements de l’explication linéaire
1) Le temps des présentations
2) Le sens caché des convenances
3) Des liens irréparables ?
Axes du commentaire composé
• Exposer et intriguer
• Liens familiaux distendus
• Gestes et paroles
• Poids de l'absence et des non-dits
• Déjà trop tard ?
Premier mouvement (v. 1 à 17)
Le temps des présentations
SUZANNE. — C’est Catherine.
Elle est Catherine.
Catherine, c’est Louis.
Voilà Louis.
Catherine.
ANTOINE. — Suzanne, s’il te plaît, tu le laisses avancer,
laisse-le avancer.
CATHERINE. — Elle est contente.
ANTOINE. — On dirait un épagneul.
LA MÈRE. — Ne me dis pas ça, ce que je viens d’entendre, c’est
vrai, j’oubliais, ne me dites pas ça, ils ne se connaissent pas.
Louis, tu ne connais pas Catherine ? Tu ne dis pas ça, vous
ne vous connaissez pas, jamais rencontrés, jamais ?
ANTOINE. — Comment veux-tu ? Tu le sais très bien.
LOUIS. — Je suis très content.
CATHERINE. — Oui, moi aussi, bien sûr, moi aussi.
Catherine.
La présence de Catherine
• Ce n’est pas in medias res : ce sont au contraire des présentations.
• Nouveau départ ? Catherine, nouvel élément apaisant ?
• Chiasme (structure en miroir) « Catherine Louis Louis Catherine ».
⇨ Cela ressemble plutôt à un piège.
• Le personnage de Catherine ne changera pas les équilibres.
CATHERINE. — Moi, je ne compte pas et je ne rapporterai rien,
je suis ainsi [...] ce n’est pas mon rôle.
Excitation de Suzanne
• Rythme rapide, vers libres très courts (pas besoin de didascalies).
• Retrouvailles = poids de l’absence passée.
• Antoine compare Suzanne à un épagneul (petit chien de chasse).
• Louis est-il maître ou proie ? Ambivalence du personnage.
• Suzanne en restant devant Louis, bloque la situation malgré elle.
Le décalage de la Mère est révélateur
• La mère utilise la négation et l’impératif « ne dis pas ça ».
• Cela prépare l’échec final de Louis qui n’annoncera pas sa maladie.
• Ironie tragique : allusion au destin des personnages.
Reproches indirects de la mère
• La mère est en décalage, elle répond à un non-dit « ils ne se connaissent pas ». C’est ça qu’elle ne veut pas entendre.
• Forme interrogative, question rhétorique, tout le monde sait qu’en effet Louis ne connaît pas Catherine.
• Antoine utilise un pronom « Tu le sais très bien ».
Louis en retrait
• Tout le monde intervient mais Louis seulement en dernier.
• Réplique courte, très conventionnelle :
LOUIS. — Je suis très content.
CATHERINE. — Oui, moi aussi, bien sûr, moi aussi.
Catherine.
Deuxième mouvement (v. 18 à 31)
Le sens caché des convenances
SUZANNE. — Tu lui serres la main ?
LOUIS. — Louis.
Suzanne l’a dit, elle vient de le dire.
SUZANNE. — Tu lui serres la main, il lui serre la main. Tu ne vas
tout de même pas lui serrer la main ? Ils ne vont pas se serrer
la main, on dirait des étrangers.
Il ne change pas, je le voyais tout à fait ainsi,
tu ne changes pas,
il ne change pas, comme ça que je l’imagine, il ne change
pas, Louis,
et avec elle, Catherine, elle, tu te trouveras, vous vous trouverez
sans problème, elle est la même, vous allez vous trouver.
Ne lui serre pas la main, embrasse-la.
Catherine.
Suzanne metteuse en scène ?
• Suzanne commente le cérémonial qui se déroule.
• Suzanne comparable à une spectatrice montée sur scène.
• Elle veut corriger les personnages
Les actes ont une valeur de message
• L’expression « serrer la main » revient 5 fois.
• Par ce geste, Louis leur est plus étranger que Catherine elle-même.
• Question rhétorique « tu lui serres la main ? »
• Négation et impératif « Ne lui serre pas la main ».
• Suzanne surjoue et amplifie le discours de la mère.
Surprise indice d’anormalité
• Comme chez Molière, surprise dès la scène d'exposition, pour annoncer le thème même de la pièce.
• Retour du misanthrope après s’être isolé du monde ?
• Louis au contraire n’a aucune réaction, il se contente de répéter.
Distance de Louis
• Homophonie « Louis » = « l’ouïe » il écoute au lieu d’annoncer.
• Pronoms changés dans une épanorthose (phrase qui se corrige) : la 2e personne « tu » laisse place à la 3e personne « il ne change pas ».
• On dirait même que « Louis » est devenu « lui » 3e pers distante.
• L’imparfait « je le voyais » inscrit l’absence de Louis dans l’habitude.
• Le présent « comme ça que je l’imagine » comme s’il était absent.
• Présent de vérité générale prédit le silence final « il ne change pas ».
Catherine ne dénouera pas l’intrigue
• Pour Suzanne, Louis s’entendra avec Catherine « Elle est la même ».
• Mais n’est-ce pas la même difficulté à communiquer ?
• On devine déjà que Catherine est mal placée pour rétablir les liens.
Troisième mouvement (v. 32 à 43)
Des liens irréparables ?
ANTOINE. — Suzanne, ils se voient pour la première fois !
LOUIS. — Je vous embrasse, elle a raison, pardon, je suis très
heureux, vous permettez ?
SUZANNE. — Tu vois ce que je disais, il faut leur dire.
LA MÈRE. — En même temps, qui est-ce qui m’a mis une idée
pareille en tête, dans la tête ? Je le savais. Mais je suis ainsi,
jamais je n’aurais pu imaginer qu’ils ne se connaissent,
que vous ne vous connaissiez pas,
que la femme de mon autre fils ne connaisse pas mon fils,
cela, je ne l’aurais pas imaginé,
cru pensable.
Vous vivez d’une drôle de manière.
Les liens sont fragiles
• Antoine s’adresse à sa sœur, à sa mère, mais jamais à son frère.
• Antoine enfermé dans son rôle conflictuel.
• Suzanne craint que sa parole soit invisible « tu vois ce que je disais ?».
• Suzanne se débat avec son rôle de quantité négligeable.
Rôle de la mère
• La mère ne conçoit pas ce qui sort de la normalité « je suis ainsi ».
• Pour la mère, il y a « son fils » et « son autre fils ».
• Tout au long de la pièce, la mère attribue des étiquettes à chacun.
• La mère semble orchestrer les rôles malgré elle.
Échec de la mise en scène de Suzanne
• Tout devient artificiel « vous permettez ».
• Les liens sont uniquement joués « pardon, je suis très heureux ».
• L’épanorthose se trouve dans les gestes : serrer la main est corrigé.
• Ce qu’on essaye d’effacer devient au contraire le plus important.
Le non-dit devient très pesant
• Le verbe « connaître » à la négative revient trois fois.
• Les pronoms qui désignent l’absence de Louis sont répétés coup sur coup : « Cela, je ne l’aurais jamais imaginé ».
• Ce que la mère a « en tête, dans la tête » est en tête de la pièce.
Un théâtre cruel
• La mère se désolidarise avec la 2e personne du pluriel « vous vivez ».
• L’adjectif « drôle » renvoie à la comédie, mais de manière grinçante.
• Remise en cause de l’action de « vivre » : mort symbolique.
Conclusion
• Présentations qui servent de scène d’exposition.
• Le spectateur découvre les personnages.
• Il découvre surtout les non-dits par les gestes et sous-entendus.
• Poids du passé qui laisse présager le silence final.
• Cf. les tropismes chez Nathalie Sarraute : signes imperceptibles.
H.1. — Des mots ? Entre nous ? Ne me dis pas qu’on a eu des mots… ce n’est pas possible… et je m’en serais souvenu…
H.2. — Non, pas des mots comme ça… d’autres mots… pas ceux dont on dit qu’on les a «eus»… Des mots qu’on n’a pas «eus», justement… Nathalie Sarraute, Pour un oui pour un non, 1981.
Décor pour la première partie de Juste a Fin du Monde de Lagarce.
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