Couverture pour Lettres d'une Péruvienne

Françoise de Graffigny
Lettres d’une Péruvienne
Le contexte en 6 points clés

💪 Mme de Graffigny est incroyablement moderne : osant défendre qu’une femme peut vivre seule en cultivant le savoir et l’amitié…

💡 Elle est pourtant oubliée durant tout le XIXe siècle, et redécouverte dans les années 1960 par les recherches féministes.

Je te propose de découvrir sa vie, pour mieux la comprendre, et notamment pour mieux aborder Les Lettres d’une Péruvienne.

Enfance et mariage

Alors, qui est Mme de Graffigny ? Née en 1695, son nom de jeune fille est fort long : Françoise d’Issembourg d’Happoncourt…

Elle devient Mme de Graffigny à 17 ans, car on la marie à un certain François Huguet de Graffigny : officier promis à une brillante carrière !

Elle emménage alors dans ce qu’on appelle aujourd’hui « le château de Madame de Graffigny ». De nos jours, c’est une galerie d’art moderne dont les expos sont excellentes !

Mais le mariage de Mme de Graffigny tourne au désastre. Ses trois enfants meurent en bas âge, et son mari est violent.

Elle demande la séparation : démarche complexe pour une femme à l’époque. Mais elle finit par l’obtenir grâce aux témoignages de ses proches.

Veuvage et liberté

Veuve, c’est le statut le plus libre que puisse avoir une femme du XVIIIe siècle !

Elle connaît l’amour avec Léopold Desmarest. Il est beaucoup plus jeune qu’elle, et elle reste très attachée à son indépendance : ils choisissent de ne pas se marier.

Elle rencontre aussi François-Antoine Devaux, ami proche avec qui elle échange plus de 2500 lettres ! On les lit encore aujourd’hui pour comprendre la société du XVIIIe siècle.

Contexte historique

Voyons alors le contexte historique ! Louis XIV meurt en 1715. Louis XV lui succède, mais c’est encore un enfant, c’est donc la régence jusqu’en 1723.

Cette époque, c’est le début des grandes idées philosophiques des Lumières. La notion de Raison balaye les superstitions, bouleverse le champ des idées.

Tout est interrogé : la religion, le pouvoir, les relations sociales, et même la notion de bonheur individuel.

Au château de Cirey

Mme de Graffigny, désormais seule, manque de ressources. Elle se tourne vers une amie proche, Émilie du Châtelet. Grande figure de l’époque ! Femme de lettres, mathématicienne et physicienne renommée.

Cette amie géniale héberge Mme de Graffigny dans son château de Cirey, où réside avec elle son amant : un certain Voltaire !

Pour la petite histoire, Mme de Graffigny, raconte que Voltaire était assez désagréable, réticent à chauffer la maison à cause du prix des bûches de bois.

Un jour, une brouille éclate à cause d’un manuscrit mystérieusement disparu ! Mme de Graffigny préfère s’éloigner.

Vie parisienne et littéraire

Elle s’installe alors à Paris grâce à la duchesse de Richelieu (son ancienne dame de compagnie qui est devenue son amie). Là, elle découvre l’effervescence des salons littéraires.

Elle tente sa chance en écrivant des pièces et des nouvelles. Malheureusement, elle n’a pas de succès…

Mais en 1747, ses Lettres d’une Péruvienne rencontrent enfin un succès fou ! Les gens sont touchés par cette femme Inca qui décrit la société française sans concessions…

Résultat ? Les salons parisiens se mettent à la mode péruvienne et s’interrogent sur la place des femmes !

Elle connaît un autre succès, au théâtre cette fois, avec Cénie, où une jeune fille se heurte aux préjugés, pour épouser celui qu’elle aime.

Une vie accomplie

Grâce à ses succès, Mme de Graffigny ouvre son propre salon, un vrai carrefour d’idées : tous viennent échanger chez elle ! Marivaux, l’abbé Prévost, Voltaire, Rousseau…

Ce qui compte pour Mme de Graffigny ? L’indépendance d’esprit, l’amitié, la liberté… et le droit de penser par soi-même, notamment pour les femmes !

Mais sa santé se dégrade… Elle meurt en 1758 lors d’une soirée chez elle, entourée de ses proches, dont elle n’a jamais cessé de cultiver l’amitié.

_{Maurice Quentin de la Tour, Portrait de Mme de Graffigny (amélioré), vers 1740.}