Couverture pour Lettres d'une Péruvienne

Françoise de Graffigny, Lettres Péruviennes. Œuvre abrégée et commentée




1747, Françoise de Graffigny s’inspire des Lettres persanes de Montesquieu pour écrire une Å“uvre extraordinaire : Les Lettres d’une Péruvienne.

Il s’agit donc d’un roman épistolaire, une correspondance fictive. Mais ici la personne qui écrit n’est pas un prince persan en voyage : Zilia est une péruvienne arrachée à son pays : cela change beaucoup de choses !

Le décentrement est triple : Zilia appartient à une civilisation méconnue, mais Françoise de Graffigny s’est beaucoup documentée sur la culture Inca. Son point de vue féminin est assumé, ce qui est rare dans la littérature de l’époque. Et enfin, arrivée en France, Zilia a perdu son rang : son statut social est celui d’une esclave.

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Première partie



LETTRE PREMIÈRE



Dans la plupart des lettres, Zilia s'adresse à Aza, prince Inca qu’elle aime et qu’elle devait épouser. Mais la voilà en captivité : des barbares sont venus piller le temple où elle était prêtresse.
Les cris de ta tendre Zilia, tels qu'une vapeur du matin, [...] se dissipent avant d'arriver jusqu'à toi ; [...] en vain j'attends que tu viennes briser les chaînes de mon esclavage : hélas ! [...] Peut-être tes maux surpassent-ils les miens !

Ce jour-là, elle s'était levée tôt pour nouer ses quipos (des cordons que les incas utilisaient pour noter des évènements). Françoise de Graffigny en fait le support des lettres de Zilia.

Mais soudain une clameur l'a interrompu : elle a couru à l'entrée du temple et a vu des soldats pillant la ville du Soleil. Zilia s’est cachée derrière l'autel, mais elle est faite prisonnière…

Dans cette première lettre, Zilia dénonce la cruauté des conquistadors, insensibles aux supplications de leurs victimes :
Quel est le peuple assez féroce pour n'être point ému aux signes de la douleur ? Les barbares Maîtres d'Yalpor, fiers de la puissance d'exterminer ! La cruauté est le seul guide de leurs actions.

Yalpor, c'est le nom Inca du tonnerre, il désigne en fait les fusils des occidentaux. Ce langage imagé permet à Françoise de Graffigny de rendre compte du regard étranger de Zilia.

LETTRE DEUXIÈME



Zilia vient d’apprendre qu'Aza est vivant, elle remercie le citoyen qui lui a transmis ces nouvelles. Mais elle implore Aza de se méfier des Espagnols : elle lui conseille de fuir avec elle.
Riches de la possession de nos cœurs, grands par nos vertus, [...] tu seras plus Roi régnant sur mon âme qu'en doutant de l'affection d'un peuple innombrable.

Zilia se remémore avec émotion leur première rencontre, et le moment où elle a appris qu'elle deviendrait son épouse, étant sa plus proche parente, comme le veut la coutume.

LETTRE TROISIÈME



Zilia raconte qu'elle a été enlevée de nuit pour être transportée dans un bâtiment très étrange (on devine qu'il s'agit d'un bateau, mais qu'elle n'en a jamais vu).
Cette maison, comme suspendue et ne tenant point à la terre, était dans un balancement continuel.

Le départ du bateau a réveillé Zilia... Elle se demande si ce n'est pas la fin du monde, et elle évoque les croyances Incas sur l'apocalypse :
Notre habitation recevait des ébranlements tels que la terre en éprouvera, lorsque la lune en tombant réduira l'univers en poussière.

LETTRE QUATRIÈME



En écoutant les personnes qui l’entourent, Zilia comprend qu’elle a été vendue par les Espagnols à des personnes d’une autre nation, très différents, mais elle se méfie de leur sollicitude.
Un certain empressement répandu sur leurs actions [...] prévient en leur faveur ; mais je remarque des contradictions dans leur conduite.

À son chevet, deux personnages... Le premier semble être un « Cacique Â», un chef. Le deuxième lui prend la main plusieurs fois par jour, ce qui la met mal à l'aise. On devine que c’est un médecin qui lui prend le pouls.
Cette espèce de cérémonie me paraît une superstition de ces peuples : j'ai cru remarquer que l'on y trouvait des rapports avec mon mal, mais il faut apparemment être de leur Nation pour en sentir les effets.

LETTRE CINQUIÈME



Zilia ne comprend pas pourquoi ses ravisseurs la maintiennent dans un lit et lui refusent certains aliments, alors qu’en même temps ils lui vouent une espèce de culte. Le Cacique s'agenouille près de son lit et lui parle doucement en prenant sa main. Le lecteur devine déjà que cet officier français l’aime certainement.
Cette Nation ne serait-elle point idolâtre ? Je n'ai encore vu faire aucune adoration au Soleil ; peut-être prennent-ils les femmes pour l'objet de leur culte ?

LETTRE SIXIÈME



On a enfin donné à Zilia la permission de se lever. Elle s'est alors empressée d'aller voir par une petite fenêtre pour découvrir avec horreur qu'elle se trouve au milieu de la mer. Elle décide de se jeter à l’eau….
Que la Mer abîme à jamais dans ses flots ma tendresse malheureuse, ma vie et mon désespoir.

LETTRE SEPTIÈME



Zilia a été sauvée par ses surveillants, et maintenant, elle a honte d'avoir cédé au désespoir.
Que le sang-froid est cruel après la fureur ! Que les points de vue sont différents sur les mêmes objets ! Dans l'horreur du désespoir on prend la férocité pour du courage.

En proie à ses remords, elle se sent indigne de participer aux festivités des sauvages qui boivent abondamment une liqueur rouge en dansant.

Seul le Cacique ne participe pas à cette joie : depuis le geste de désespoir de Zilia, il redouble d'attentions pour elle.
Il y a des moments où je trouve de la douceur dans ces entretiens muets ; le feu de ses yeux me rappelle l'image de celui que j'ai vu dans les tiens, [...] Hélas ! cette illusion est passagère.

LETTRE HUITIÈME



Le Cacique a enfin réussi à convaincre Zilia de s'approcher de la fenêtre. Il l'a fait regarder à travers une longue-vue, et lui a fait comprendre, par signes, qu'ils sont bientôt arrivés à destination.
Par un prodige incompréhensible [...] il m'a fait voir la terre dans un éloignement où, sans le secours de cette merveilleuse machine, mes yeux n'auraient pu atteindre.

LETTRE NEUVIÈME



Zilia commence à comprendre quelques mots de la langue du Cacique. Il s'appelle Déterville, et la région où ils vont s'appelle France.

Déterville lui fait prononcer quelques mots français. Le lecteur commence à comprendre ce qui se joue dans cette relation d'un homme amoureux d’une femme sur laquelle il a tout pouvoir…
Dès que j'ai répété après lui « Oui, je vous aime, ou bien je vous promets d'être à vous, la joie se répand sur son visage.

LETTRE DIXIÈME



Ils sont enfin arrivés dans une ville bâtie sur le rivage de la mer, Mme de Graffigny pense probablement à Marseille. Zilia est à la fois craintive et émerveillée :
Les maisons n'ont aucune ressemblance avec celles des villes du Soleil : si celles-là les surpassent en beauté par la richesse de leurs ornements, celles-ci sont fort au-dessus par les prodiges dont elles sont remplies.

Zilia est frappée par la découverte d'un miroir dans lequel elle voit son reflet, d'abord sans comprendre :
En entrant dans la chambre où Déterville m'a logée [...] j'ai vu dans l'enfoncement une jeune personne habillée comme une vierge du Soleil. J'ai couru vers elle à bras ouverts. Quelle surprise, mon cher Aza, [...] de ne trouver qu'une résistance impénétrable !

Déterville lui a donné une « China Â», c'est-à-dire une servante. Jeune et vive, elle s'empresse de lui rendre des soins.

LETTRE ONZIÈME



Déterville a mené Zilia dans une maison où elle a suscité un grand étonnement, certaines femmes ont étouffé leurs rires, mais Zilia est restée digne.
Je crus démêler que la singularité de mes habits causait [cette] surprise. [...] Je ne pensai plus qu'à leur persuader par ma contenance, que mon âme ne différait pas tant de la leur.

Les hommes lui font beaucoup de compliments qu'elle ne comprend pas mais qui font très plaisir à Déterville.
Des grâces, une taille de Nymphe... [...] Tous répétèrent à peu près les mêmes mots ; je ne sais pas encore leur signification, mais [...] le visage est toujours riant.

Les manières des français lui paraissent extraordinaires : leur agitation continuelle la surprend beaucoup, notamment par leurs gestes, se tirant par leurs habits, se baisant la main.
À juger de leur esprit par la vivacité de leurs gestes, je suis sûre qu’ils [...] prendraient notre air [...] modeste pour de la stupidité, et la gravité de notre démarche pour un engourdissement.

LETTRE DOUZIÈME



Zilia raconte qu'elle a reçu un nouvel habit à l'usage du pays, ce qui l’a stupéfiée lorsqu'elle s'est vue dans le miroir :
Quoi que je dusse être accoutumée à ses effets, je ne pus encore me garantir de la surprise, en me voyant comme si j'étais vis à vis de moi-même.

Déterville entre dans la chambre au moment où sa China finit les ajustements. Zilia lui tend la main pour le remercier… Déterville est ému :
Il parut vouloir me prendre dans ses bras, puis s'arrêtant tout à coup, il me serra fortement la main en prononçant d'une voix émue : Non, le respect, sa vertu...

Ensuite, ils montent dans une petite chambre roulante, tirée par ce qu'elle appelle des Hamas. Il s'agit bien sûr d'un carrosse.
Que les prodiges sont familiers en ce pays ! Je sentis cette machine ou cabane, je ne sais comment la nommer, [...] se mouvoir.

LETTRE TREIZIÈME



Zilia est arrivée dans une ville nommée Paris, c'est le terme de leur voyage, mais ce n'est pas, dit-elle, le terme de ses chagrins, car tout y est très différent de ce qu'elle connaît..
J'essayerais en vain de te donner une idée juste de la hauteur des maisons. elles sont si prodigieusement élevées, qu'il est plus facile de croire que la nature les a produites telles qu'elles sont, que de comprendre comment des hommes ont pu les construire.

Zilia est accueillie chez Déterville, où elle admire les boiseries dorées. La mère de Déterville, à demi-couchée, embrasse son fils, et considère Zilia froidement. Déterville salue également un couple qui semble avoir un statut plus élevé : elle apprendra plus tard que c’est le frère aîné de Déterville et sa femme.

Entre alors une jeune fille du même âge que Zilia, qui lui parle d’un air plein de bonté. Mais la mère lui fait signe de s’en aller. Zilia est emmenée dans une chambre, où elle reste seule.

Alors qu'elle allait s'endormir, Déterville arrive avec la jeune fille à l’air aimable, qu’il présente comme sa sœur Céline.
La compagnie de l'un et de l'autre m’était si agréable, que je ne m'aperçus point qu'il était jour avant qu'ils ne me quitassent.

LETTRE QUATORZIÈME



Zilia accompagne Déterville dans un salon, où une femme l'examine en riant, bientôt rejointe par un jeune homme ; ils semblent être une Pallas et un Anqui, d’un sang royal.
Ce Sauvage téméraire [...] ayant eu l'audace de porter la main sur ma gorge, je le repoussai avec [...] une indignation qui lui firent connaître que j'étais instruite [...] des lois de l'honnêteté !

Heureusement, Déterville intervient et réprimande le jeune homme, qui s'éloigne sans répliquer.
Ô, mon cher Aza, que les mÅ“urs de ce pays me rendent respectables celles des enfants du Soleil ! Que la témérité du jeune Anqui rappelle chèrement à mon souvenir ton tendre respect.

LETTRE QUINZIÈME



Zilia trouve que Déterville et sa sœur se distinguent par leur vertu et leur bonté au sein d'une Nation peu respectueuse...
Les manières simples, la bonté naïve, [...] de Céline feraient volontiers penser qu'elle a été élevée parmi nos Vierges. La douceur honnête, le tendre sérieux de son frère, persuaderaient facilement qu'il est né du sang des Incas.

Zilia pense que Déterville la traite royalement, parce qu’il connaît son rang. Mais la mère de Déterville, qu'elle appelle Madame, la traite avec dédain. Heureusement, Déterville et Céline continuent à la retrouver tous les soirs dans sa chambre.

LETTRE SEIZIÈME



Zilia n'a bientôt plus de Quipos, mais elle apprend à tracer ses pensées avec une plume : un professeur vient tous les jours lui donner des leçons.
Ce pauvre sauvage se donne beaucoup de peines pour m'instruire, [...] cependant je fais si peu de progrès que je renoncerais à l'entreprise si je savais qu'une autre voie pût m'éclaircir de ton sort et du mien.

Zilia raconte qu’elle a vu un spectacle déroutant mettant en scène des insensés et des méchants. On devine que c’était une tragédie, qu'elle décrit avec son regard extérieur :
De belles femmes, qu'apparemment ils persécutent, pleurent sans cesse, et font des gestes de désespoir, qui [suffisent à] faire connaître l'excès de leur douleur.

C'est intéressant, parce que Zilia interroge la Catharsis ici : avons-nous vraiment besoin du spectacle du vice pour nous conduire à la vertu ? C’est très différent chez les Incas…
Notre Nation [...] chérit le bien par ses propres attraits ; il ne nous faut que des modèles de vertu pour devenir vertueux.

LETTRE DIX-SEPTIÈME



Zilia ne sait plus que penser de l'esprit des français, qui passe d’un extrême à l’autre. Elle a vu un spectacle complètement opposé au premier, avec des chants et des danses, qui lui a beaucoup plu. On devine que c'était un opéra. Elle le compare au spectacle tragique vu la veille.
Celui-là est cruel, effrayant, révolte la raison, et humilie l'humanité. Celui-ci, amusant, agréable, imite la nature et fait honneur au bon sens.

Elle remarque aussi que les émotions sont parfaitement transmises par les chants et la musique, malgré la différence de culture et de langues :
Il faut, mon cher Aza, que l'intelligence des sons soit universelle, car il ne m'a pas été plus difficile de m'affecter des différentes passions que l'on a représentées, que si elles eussent été exprimées dans notre langue.

Zilia raconte alors un incident. En sortant du théâtre, un jeune homme donna un billet à Céline qui sembla très émue. Le soir même, dans la chambre, elle montra le papier à son frère mais elle était tremblante :
Sur le peu que je devinai de leur entretien, j'aurais pensé qu'elle aimait le jeune homme qui le lui avait donné, s'il était possible qu'on s'effrayât de la présence de ce qu'on aime.

LETTRE DIX-HUITIÈME



Zilia sait maintenant former des figures sur le papier : cette lettre est la première qu’elle écrit ainsi. Elle commence à comprendre la langue française…
À mesure que j'en ai acquis l'intelligence, un nouvel univers s'est offert à mes yeux. les objets ont pris une autre forme, chaque éclaircissement m'a découvert un nouveau malheur !

Ainsi, Zilia a compris qu'elle se trouve sur un autre continent, et que c’est par cupidité que les occidentaux ont franchi ces espaces considérables entre leurs deux mondes.
L'amour ne fera-t-il pas ce que la soif de richesses a pu faire ? [...] Que l'on m'enseigne les chemins qui me conduiront jusqu'à toi, les périls à surmonter [...] seront des plaisirs pour mon cÅ“ur.

LETTRE DIX-NEUVIÈME



Un événement terrible est arrivé : Déterville est parti depuis un mois, il a été envoyé à la guerre par son Souverain. Ce départ a tout changé. Madame la mère de Déterville a envoyé Céline et Zilia dans une maison de Vierges. On devine que c'est un couvent :
La Divinité du pays exige qu'elles renoncent à tous ses bienfaits, aux connaissances de l'esprit, aux sentiments du cœur, et je crois même à la raison, du moins leurs discours le font-ils penser.

C’est l’occasion pour Françoise de Graffigny, de faire une critique des maisons religieuses, qui ne donnent aucune connaissance valable aux jeunes femmes qui y sont formées.

Céline est contrainte par sa mère à devenir religieuse pour conserver intact l’héritage du fils aîné (pratique occidentale qui surprend Zilia). Céline, séparée de son amoureux, est trop affectée pour écouter les peines de Zilia.

LETTRE VINGTIÈME



Dans cette lettre, Zilia décrit les inégalités de la société française, où les souverains tirent leur richesse et leur pouvoir de leurs sujets, contrairement au Royaume d'Aza, où le Capa-Inca protège son peuple de l’indigence.

Ici, les nobles peinent à maintenir une magnificence qui cache leur pauvreté réelle. Pendant ce temps, le peuple parvient à peine à survivre. Zilia dénonce l’importance absurde de l’or :
Sans avoir l'or, il est impossible d'acquérir une portion de cette terre que la nature a donnée à tous les hommes.

Zilia se demande alors dans quelle classe sociale elle-même doit se ranger, elle qui n'a ni or, ni terres, ni industrie.
Quoique tout sentiment de honte qui ne vient pas d'une faute commise me soit étranger, [...] je ne puis me défendre de souffrir l'idée que les autres ont de moi.

Heureusement, Zilia sait désormais lire, et Céline l'aide à comprendre les livres, qui lui apportent du plaisir et de l'espoir.
Je comprends qu'ils sont à l'âme ce que le Soleil est à la terre, et que je trouverais avec eux toutes les lumières, tous les secours dont j'ai besoin.

LETTRE VINGT-ET-UNIÈME



Zilia a rencontré un religieux français, qu'elle appelle Cusipata. Il lui décrit la religion chrétienne, et Zilia en admire la morale.
De la façon dont il m'a parlé des vertus qu'elle prescrit, elles sont tirées de la Loi naturelle, et en vérité aussi pures que les nôtres, mais je n'ai pas l'esprit assez subtil pour apercevoir le rapport que devraient avoir avec elles les mœurs et les usages de la nation.

Mais Zilia est choquée du dédain que le prêtre montre à l’égard du culte du Soleil. Elle se retient de lui démontrer que ses récits ne sont pas plus vraisemblables que le mythe de Manco Capac !
Si les lois de l'humanité défendent de frapper son semblable, [...] à plus forte raison ne doit-on pas blesser son âme par le mépris de ses opinions.

Comme il semble très cultivé, Zilia lui demande si elle se trouve loin de son pays. Le prêtre lui raconte comment Déterville l’a sauvée en saisissant un navire espagnol : selon lui, seul Déterville a le pouvoir de l’aider à retrouver Aza.

LETTRE VINGT-DEUX



Zilia voulait se faire un ami du Cusipata, mais il l’a déçue. D'abord, elle l'a interrogé sur les hommes merveilleux qui font des livres, mais il lui a répondu en riant qu’ils vendent leur pensée. On devine que le prêtre se méfie des philosophes !

Puis, quand elle a évoqué son projet de retourner à Cuzco avec Aza, il s’y est clairement opposé, lui disant que son amour pour Aza était incompatible avec la vertu !
À ces paroles insensées, la plus vive colère s'empara de mon âme, j'oubliai la modération que je m'étais prescrite, je l'accablai de reproches, [...] et sans attendre ses excuses, je le quittai.

LETTRE VINGT-TROIS



Déterville est de retour ! Mais la joie a été vite suivie d'une grande tristesse. L’entendant lui souhaiter la bienvenue en français, Déterville émerveillé a posé un genou à terre :
— À quel sentiment, divine Zilia, dois-je attribuer le plaisir que je vois aussi naïvement exprimé dans vos beaux yeux que dans vos discours ?

Zilia lui assure qu'elle l'aime, Déterville est bouleversé :
— Vous ne parlez pas assez bien français pour détruire mes justes craintes [...] Quel sens attachez-vous à ces mots : je vous aime ?
— Ces mots [...] doivent, je crois, vous faire entendre [...] que l'amitié et la reconnaissance m'attachent à vous.


Zilia lui confirme que son amour est pour Aza et qu'elle a décidé de le rejoindre à tout prix. Dévasté, Déterville tente d'abord de la dissuader, mais il lui promet finalement de trouver Aza.
— Oui, s'il est possible, je serai le seul malheureux. Vous connaîtrez ce cœur que vous dédaignez, [...] et je vous forcerai au moins à me plaindre.

LETTRE VINGT-QUATRE



Suite à cette discussion, Zilia tombe malade. Céline vient à son chevet pour la soigner, mais d'un air très froid, lui reprochant de rendre son frère malheureux.

La mère de Déterville et Céline vient de décéder, mais elle a légué tout son bien à leur frère aîné. Déterville s’est alors absenté pour défendre la part de sa sÅ“ur et lui écrit régulièrement des lettres où il demande des nouvelles de Zilia, que Céline vient lui lire :
Je ne doute pas que Déterville ne les écrive, afin qu'elles me soient lues, néanmoins je suis persuadée qu'il s'abstiendrait, s'il était instruit des reproches dont cette lecture est suivie.

LETTRE VINGT-CINQ



Céline a beaucoup insisté pour que Zilia aille voir Déterville au parloir du couvent. Il semblait démoralisé, mais il lui a apporté une bonne nouvelle : Aza est en sécurité à la cour d'Espagne. Et il lui a lu une lettre de son contact là-bas.
Si j'avais suivi les mouvements de mon cÅ“ur, cent fois j'aurais interrompu Déterville pour lui dire tout ce que la reconnaissance m'inspirait, mais je n'oubliais point que mon bonheur devait augmenter ses peines ; je lui cachai mes transports.

Zilia lui a exprimé toute sa gratitude, mais aussi son désir de rejoindre Aza. Déterville lui a montré sa détresse :
— Quoi ! Zilia, [...] vous voulez nous quitter ! [...] Ah ! Cruelle Zilia, voyez mon désespoir, c'est votre ouvrage.
— C'est vous que je devrais accuser. Vous flétrissez mon âme en la forçant d'être ingrate. [...] Ne ternissez pas [votre] générosité par un désespoir qui ferait l'amertume de ma vie sans vous rendre heureux.
— Oui, Zilia, [...] je sens toute mon injustice, [...] vous le voulez, vous serez obéie.


LETTRE VINGT-SIX



Zilia a compris qu'il était plus simple d'organiser le voyage d'Aza pour la rejoindre en France. Déterville écrit lui-même au Ministre d'Espagne pour hâter le départ d'Aza.
Quels doux moments j'ai passés, pendant que Déterville écrivait ! Quel plaisir d'être occupés des arrangements de ton voyage, de voir les préparatifs de mon bonheur, de n'en plus douter !

Zilia espère que Déterville pourra lui transmettre ses nœuds, et ses lettres, avec un interprète pour qu'il puisse les comprendre.

LETTRE VINGT-SEPT



Céline a gagné son procès : sa part d’héritage lui est rendue, elle va pouvoir épouser son amant, et elle a mis de côté des habits et des bijoux pour Zilia. Mais celle-ci proteste car elle sait qu'en France il est honteux de recevoir autant de dons.
— Nos usages sont plus humains, celui qui reçoit s'honore autant que celui qui donne, vous m'avez appris à penser autrement, n'était-ce donc que pour me faire des outrages ?
— Je voulais seulement que vous partagiez avec moi les présents d'un frère généreux ; c'était le plus sûr moyen de lui en marquer ma reconnaissance !


Céline la rassure : elle n’est pas obligée d’accepter ces présents. Mais une autre surprise l'attend : Déterville lui a envoyé quatre coffres où Zilia retrouve des objets du Temple du Soleil.
Ces trésors sont à vous, belle Zilia,puisque je les ai trouvés sur le vaisseau qui vous portait.

Zilia reconnaissante, décide de partager ces trésors avec Déterville et Céline, qui s'amuse de sa générosité :
— Vous êtes injuste Zilia [...] vous voulez faire accepter des richesses immenses à mon frère, vous que l'offre d'une bagatelle offense ?

Ayant mis dans sa chambre les objets du Temple du soleil, Zilia retrouve la ferveur de sa religion, et sait désormais qu’Aza est sur le point de la rejoindre.

Seconde partie



LETTRE VINGT-HUIT



Zilia se trouve dans la maison de campagne de Céline qui vient d'y célébrer son mariage. Cette demeure, presque aussi grande qu'une ville, est ornée comme un temple, mais elle s'étonne de voir tant de décorations agréables mais inutiles.
Je ne puis me défendre de penser que les Français ont choisi le superflu pour objet de leur culte : [...] les Arts [...] sont ici tant au-dessus de la nature ; ils semblent ne vouloir que l'imiter, ils la surpassent.

Elle admire aussi la maîtrise de la nature : les plantes de climats variés poussent dans un même jardin, l'eau s'élance dans les airs, le feu même dessine des tableaux sur le ciel nocturne.
Quel art, mon cher Aza ! quels hommes ? quel génie ! J'oublie tout ce que [...] j'ai vu de leur petitesse ; je retombe malgré moi dans mon ancienne admiration.

LETTRE VINGT-NEUF



Zilia revient avec regret sur son admiration des Français. Elle reconnaît leur génie mais déplore l'usage qu'ils en font :
Leur goût effréné pour le superflu a corrompu leur raison, leur cœur, et leur esprit.

Zilia trouve d’abord que la vanité dominante des français est de paraître opulents, ils vivent au-dessus de leurs moyens :
Quelle peine ! Quel embarras ! Quel travail pour soutenir leur dépense au-delà de leurs revenus !

Ensuite, les rapports sociaux lui semblent superficiels. Les bonnes mœurs qui permettent la vie harmonieuse en société, sont remplacées par de fausses marques de considération.
Ce qu'ils appellent la politesse leur tient lieu de sentiment : elle consiste dans une infinité de paroles sans signification, d'égards sans estime et de soins sans affection.

Enfin, Zilia a l'impression que les français fuient sa conversation comme s'ils la trouvaient sans esprit.
Pour mériter quelque réputation à cet égard, il faut avoir fait preuve d'une grande sagacité, à saisir les différentes significations des mots et à déplacer leur usage.

LETTRE TRENTE



Zilia sait que Déterville s'oblige à cacher son amour pour elle.
Quoique la compagnie soit toujours fort nombreuse et fort gaie, la tristesse règne sur son visage. Il est aisé de deviner que ce n'est pas sans violence qu'il subit la loi qu'il s'est imposée.

Elle comprend son chagrin, mais elle voudrait lui demander s'il a reçu des nouvelles d’Aza.

LETTRE TRENTE-UNE



Un jour que Zilia s’était retirée dans un coin du jardin, Déterville s'est approché d’elle, elle lui demande alors de rester, et lui témoigne toute son amitié. Déterville est touché par les paroles de Zilia, mais sa franchise le blesse :
— Ma chère Zilia, que vos bontés [...] redoublent mes regrets ! [...] N'était-ce point assez de me faire passer de la profonde indifférence à l'amour excessif [...] ? Faut-il encore vaincre des sentiments que vous avez fait naître ?
— Ah, Déterville, que vous êtes injuste, si vous croyez souffrir seul ! [...] Je vous aime presque autant que j'aime Aza, mais je ne puis jamais vous aimer comme lui.


Déterville décide alors de s'éloigner, pour ne plus souffrir de cet amour impossible :
— Adieu [...] Je vous aimerai, mais je ne vous verrai plus [...] Puisse Aza ne pas vous faire éprouver les tourments qui me dévorent, puisse-t-il être [...] digne de votre cœur.

Zilia, alarmée par ces paroles, craint que Déterville ne lui cache quelque chose ; elle lui demande la vérité mais il reste vague.
Les réflexions qu'il fit sur l'inconstance des hommes, sur les dangers de l'absence, et sur la légèreté avec laquelle tu avais changé de Religion, jetèrent quelque trouble dans mon âme.

LETTRE TRENTE-DEUX



Zilia est à Paris avec Céline depuis quinze jours, où elle mène une vie agitée, entre préparatifs vestimentaires et visites dans ce qu'on appelle le grand monde.
Les devoirs que nous rendons consistent à entrer en un jour dans le plus grand nombre de maisons possibles pour y rendre et recevoir un tribut de louanges réciproques sur la beauté du visage [...] le choix des parures, et jamais sur les qualités de l'âme.

Zilia trouve que les Français sont prompts à la médisance, surtout en l'absence des personnes concernées. Mais elle leur reconnaît cependant une certaine capacité à être touchés par la vertu, notamment quand parle de la simplicité de son peuple.
S'ils vivaient parmi nous, ils deviendraient vertueux : l'exemple et la coutume sont les tyrans de leur conduite. Tel qui pense bien d'un absent, en médit pour n'être pas méprisé de ceux qui l'écoutent. Tel autre serait bon humain, sans orgueil, s'il ne craignait d'être ridicule.

Zilia trouve que les vices et vertus des Français sont souvent artificiels. Elle compare leur caractère à des jouets d'enfants, légers et sans véritable valeur.

LETTRE TRENTE-TROIS



Zilia est frappée par l’ambivalence des français à l’égard des femmes, qu'ils semblent respecter et mépriser en même temps.
L'homme du plus haut rang doit des égards à celle de la plus vile condition [...] et cependant l'homme [...] le moins estimé peut [...] trahir une femme de mérite [...] sans craindre [de] punition.

Chez les Incas, les hommes sont naturellement les soutiens et les défenseurs des femmes. En France, les femmes du peuple sont accablées de travail, et celles d'un rang élevé sont à la merci des hypocrites.

Elle raconte alors un incident récent qui illustre bien les bizarreries du respect dans cette nation.
Dans toutes les maisons où nous sommes entrés depuis deux jours, on a raconté la mort d'un jeune homme tué par un de ses amis, et l'on approuvait cette action barbare, par la seule raison que le mort avait parlé au désavantage du vivant.

Cet événement lui fait comprendre que les hommes français, ne craignant que les punitions corporelles, ne se comporteraient pas de façon aussi inconséquente avec les femmes si elles étaient autorisées à les punir ainsi.

LETTRE TRENTE-QUATRE



Dans cette lettre, Zilia a enfin compris d’où vient le mépris que les français ont pour les femmes : cela est dû à leur éducation. On les envoie dans des Maisons Religieuses, où elles récitent des prières avec un tel ennui qu'elles cessent dès qu'elles en sortent.
On ne connaît point en France le respect pour soi-même dont on prend tant de soin de remplir le cœur de nos jeunes Vierges [...] Au peu de soin que l'on prend de leur âme, on serait tenté de croire que les Français [...] leur en refusent une.

Les jeunes filles sont éduquées pour avoir de l'agrément et leur sens moral se limite à ne pas avoir d'amants.
Régler les mouvements du corps, arranger ceux du visage, composer l'extérieur, sont les points essentiels de l'éducation. [...] Ils ne leur disent pas que la contenance honnête n'est qu'une hypocrisie si elle n'est l'effet de l'honnêteté de l'âme.

Certes, les françaises s'attendrissent pour les animaux, mais ne savent pas prodiguer la vraie bonté avec discernement :
Si je parle de l'équité à l'égard des inférieurs [...] et de la fermeté à [...] fuir les vicieux de qualité, je remarque à leur embarras qu'elles me soupçonnent de parler la langue péruvienne.

Zilia trouve d'ailleurs qu'elles connaissent mal leur propre langue, et qu'une fois mariées, elles ne deviennent bien souvent qu'un ornement dans leur propre maison.
Il semble qu'en France les liens du mariage ne soient réciproques qu'au moment de leur célébration, et que dans la suite les femmes seules doivent y être assujetties.

Malgré tout, il existe des femmes de mérite en France, mais elles doivent bien se former elles-mêmes. La responsabilité des hommes lui apparaît clairement :
Quand tu sauras qu'ici l'autorité est entièrement du côté des hommes, tu ne douteras pas, mon cher Aza, qu'ils ne soient responsables de tous les désordres de la société.

LETTRE TRENTE-CINQ



Zilia est partie de Paris avec Céline et Déterville, pour se rendre, disaient-ils, chez une amie très chère. Ils sont arrivés dans une maison de campagne admirable, qui ressemble à la demeure d'une fée, et où elle s’est vue confier le titre de propriété et les clés par le maire de la ville. Céline a rit de la voir embarrassée :
Avouez, Zilia, que vous êtes bien fâchée contre nous, et que vous le serez bien davantage, si je vous dis, qu'il est très vrai que cette terre et cette maison vous appartiennent.

Zilia, touchée, explore la maison, découvre un cabinet de lecture décoré avec des objets péruviens. Déterville lui prie d’accepter une cassette remplie de pièces d'or à l'usage de France :
Vous pourrez vous apercevoir, belle Zilia, que la Chaise d'Or ne se trouve point dans ce nouveau Temple du Soleil. Un pouvoir magique l'a transformée en maison, en jardin, en terres. Si je n'ai pas employé ma propre science à cette métamorphose, ce n'a pas été sans regret, mais il a fallu respecter votre délicatesse.

Zilia accepte toutes ces prévenances avec joie, espérant pouvoir bientôt les partager avec Aza.

LETTRE TRENTE-SIX



La tristesse de Déterville et Céline ne fait qu'augmenter, Zilia craint qu'un malheur ne soit survenu concernant le voyage d'Aza. Mais ses amis la rassurent aussitôt : une lettre vient d’arriver, Aza pourrait arriver d'un moment à l'autre.
Après cet éclaircissement, je ne cherche plus d'autre cause à la tristesse qui le dévore que ta prochaine arrivée. [...] Je compatis à sa douleur, je lui souhaite un bonheur qui ne dépende point de mes sentiments, et qui soit une digne récompense de sa vertu.

LETTRE TRENTE-SEPT
Au chevalier Déterville, à Malte.



Zilia écrit à Déterville pour lui reprocher son départ, au moment même où elle retrouve Aza ! Ne sait-il pas qu’il lui cause une peine immense ? Alors qu'elle croyait toucher au bonheur, il la rend coupable de l'éloigner de sa sÅ“ur.
Non, la mer ne vous séparera jamais de ce qui vous est cher ; [...] vous écouterez mes prières ; le sang et l'amitié reprendront leurs droits sur votre cÅ“ur.

Le retour d'Aza s’est déroulé tout autrement qu'elle n'aurait espéré. Il a beaucoup changé, et fait sans cesse l'éloge des Espagnols.
Le froid de son abord, [...] l'indifférence offensante avec laquelle il se propose de ne faire en France qu'un séjour de peu de durée, la curiosité qui l'entraîne loin de moi. [...] Tout cela me fait craindre des maux dont mon cœur frémit.

LETTRE TRENTE-HUIT
Au chevalier Déterville, à Malte.



Zilia est au désespoir, il n'y a qu'à Déterville qu'elle peut se confier : savait-il ce qu'elle vient d'apprendre ?
Ce n'est plus la perte de ma liberté, de mon rang, de ma patrie que je regrette, ce ne sont plus les inquiétudes d'une tendresse innocente qui m'arrachent des pleurs ; c'est la bonne foi violée, c'est l'amour méprisé qui déchirent mon âme. Aza est infidèle.

Zilia accuse la religion espagnole qui interdit à Aza de l'épouser, à cause des liens de sang. Ainsi, même si elle se convertissait à cette religion bizarre, elle devrait renoncer à Aza. De toutes les façons, Aza ne l'aime plus :
Le cruel Aza n'a conservé de la candeur de nos mœurs que le respect pour la vérité, dont il fait un si funeste usage. Séduit par les charmes d'une jeune espagnole, [...] il n'a consenti à venir en France que pour se dégager de la foi qu'il m'avait jurée.

LETTRE TRENTE-NEUF
Au chevalier Déterville, à Malte.



Zilia est désespérée car Aza l'a abandonnée. Zilia songe qu’elle aurait préféré qu'on lui mente, pour rester encore un peu dans l'illusion, comme cela se fait en Europe ! Car la franchise d’Aza lui est trop douloureuse :
Funeste sincérité de ma nation, vous pouvez donc cesser d'être une vertu ?

LETTRE QUARANTE
Au chevalier Déterville, à Malte.



Zilia rassure son ami Déterville, elle va beaucoup mieux grâce à Céline, qui a pris soin d'elle, et parce qu'elle a compris que son malheur est sans remède.
Je sais qu'Aza est arrivé en Espagne, que son crime est consommé, ma douleur n'est pas éteinte, mais la cause n'est plus digne de mes regrets.

Aza a rendu les lettres à Zilia, qui s'est réfugiée dans la solitude : chez elle, dans son cabinet de lecture, les Livres lui présentent des idées nouvelles.

Céline lui rend visite et lui dit qu'il n'est pas décent pour une femme de vivre seule, mais Zilia n'est pas convaincue.
Peut-être la fastueuse décence de votre nation ne permet-elle pas à mon âge l'indépendance et la solitude [mais] la véritable décence est dans mon cœur.

LETTRE QUARANTE-ET-UNE et dernière
Au chevalier Déterville, à Paris.



Déterville arrive à Paris, mais Zilia lui reproche le billet qu'il lui a écrit. Il lui avait pourtant promis de dissimuler ses sentiments : il ne doit pas nourrir de faux espoir, car sa décision est prise.
C'est en vain que vous vous flatteriez de faire prendre à mon cÅ“ur de nouvelles chaînes. Ma bonne foi trahie ne dégage pas mes serments, plût au ciel qu'il me fit oublier l'ingrat ! Mais quand je l'oublierais, fidèle à moi-même, je ne serai point parjure.

Zilia promet à Déterville tout ce que l’amitié peut inspirer de sentiments de confiance et de sincérité. Ils ne connaîtront jamais l'ennui car ils apprendront sans cesse l'un de l'autre.
Vous me donnerez quelque connaissance de vos sciences et de vos arts ; [...] je [développerai] dans votre cÅ“ur des vertus que vous n'y connaissez pas. [...] Céline [...] répandra dans nos entretiens la gaieté qui pourrait y manquer : que nous restera-t-il à désirer ?

L'originalité de cette fin de ce roman, c'est que Zilia revendique le droit de vivre seule, sans être mariée, et sans aller au couvent, mais en cultivant les sciences et l'amitié.

Cette dernière lettre se termine sur une invitation au bonheur, s'adressant, à travers Déterville à tous les lecteurs :
Venez, Déterville, venez apprendre de moi à économiser les ressources de notre âme, et les bienfaits de la nature. Renoncez aux sentiments tumultueux, destructeurs imperceptibles de notre être, venez apprendre à connaître les plaisirs innocents et durables, [...] vous trouverez dans mes sentiments [...] tout ce qui peut vous dédommager de l'amour.




Portrait imaginaire de Mme de Graffigny.

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