Fontenelle, Entretiens sur
La pluralité des mondes, 1686.
(Abrégé et expliqué)
Fontenelle, neveu de Pierre et de Thomas Corneille, sâest essayĂ© au thĂ©Ăątre, mais sans grand succĂšs. Et voilĂ quâen 1686, il dĂ©cide de mettre son talent au service de la vulgarisation scientifique. Ses Entretiens sur la pluralitĂ© des mondes lui apportent alors la renommĂ©e.
En cette fin de XVIIe siĂšcle, les tĂ©lescopes se perfectionnent, lâastronomie fait de grandes avancĂ©es. Le systĂšme hĂ©liocentrique de Copernic, selon lequel la Terre tourne autour du Soleil (et non lâinverse), est dĂ©sormais reconnu, mĂȘme sâil nâest pas encore dĂ©montrĂ©. On dĂ©nombre six planĂštes autour du soleil, dont on dĂ©couvre les caractĂ©ristiques !
Notre texte est fondateur, parce quâil rĂ©sume les connaissances de lâĂ©poque, mais aussi et surtout parce quâil met au point des mĂ©taphores ingĂ©nieuses et variĂ©es qui seront reprises ensuite. Il nous invite Ă ouvrir notre esprit, Ă considĂ©rer des points de vue variĂ©s, il nous fait rĂȘver, et parfois, on frĂŽle dĂ©jĂ la science-fiction, avec des hypothĂšses audacieuses de planĂštes habitĂ©es et de voyages dans lâespace.
Fontenelle est un excellent pĂ©dagogue. Pour transmettre le goĂ»t de la science, il met en scĂšne un philosophe et une Marquise qui se promĂšnent dans le jardin dâun chĂąteau, Ă la tombĂ©e de la nuit. Le dialogue, scĂ©narisĂ© de maniĂšre plaisante, dure six soirĂ©es, et chaque entretien rĂ©serve son lot de dĂ©couvertes.
Je vous propose de dĂ©couvrir cet ouvrage en raccourci, mais en respectant le dĂ©veloppement du texte original, et en le citant le plus souvent possible. On mesurera bien sĂ»r souvent lâĂ©cart avec nos connaissances actuelles : ce que prĂ©sente Fontenelle est un Ă©tat des connaissances dĂ©passĂ© aujourdâhui.
VoilĂ pourquoi notre but est surtout de considĂ©rer la valeur historique et littĂ©raire de ce texte : il tĂ©moigne dâun moment particuliĂšrement exaltant de lâhistoire des Sciences en gĂ©nĂ©ral, et de lâastronomie en particulier.
Préface
Fontenelle commence sa prĂ©face en disant que CicĂ©ron a eu bien raison de traduire en latin les philosophes grecs, mĂȘme si cela a Ă©tĂ© beaucoup critiquĂ© Ă son Ă©poque. Comme lui, le voilĂ qui sâapprĂȘte Ă vulgariser un sujet philosophique :
J'ai voulu traiter de philosophie d'une maniÚre qui ne fût point philosophique [...] ni trop sÚche pour les gens du monde, ni trop badine pour les savants.
Mais Fontenelle craint que les savants lui reprochent de ne rien leur apprendre et que les non-savants lui reprochent de ne pas assez les divertir !
Il se peut [...] qu'en cherchant un milieu oĂč la philoÂsophie convint Ă tout le monde, j'en aie trouvĂ© un oĂč elle ne convienne Ă personne.
Fontenelle dĂ©crit alors l'importance de son sujet : comment est fait le monde que nous habitons, existe-t-il d'autres mondes semblables qui pourraient aussi ĂȘtre habitĂ©s ?
Il invente alors une Marquise curieuse pour aborder ce sujet sur le ton de la conversation, et susciter chez les dames autant dâintĂ©rĂȘt quâelles en ont par exemple pour La Princesse de ClĂšves !
Il annonce que son sujet est plaisant, parce qu'il donne de la matiĂšre Ă l'imagination, tout en restant vraisemblable :
Je n'ai rien voulu imaginer sur les habitants des mondes, qui ne fût entiÚrement impossible et chimérique. J'ai tùché de dire tout ce qu'on en pouvait penser raisonnablement, et les visions que j'ai ajoutées à cela, ont quelque fondement réel.
Fontenelle termine sa prĂ©face en disant qu'il prend le risque dâĂȘtre critiquĂ© par les religieux, pour lesquels la postĂ©ritĂ© dâAdam nâaurait jamais pu se rendre sur la Lune⊠Il se justifie ainsi :
â Jây mets des habitants qui ne sont point du tout des hommes [...] selon lâidĂ©e que jâai de la diversitĂ© infinie que la nature doit avoir mise dans ses ouvrages.
Cette préface est suivie d'une lettre qui met en place le contexte : un philosophe écrit à Monsieur L. pour lui raconter son séjour à la campagne chez Madame la Marquise de G... Et il se félicite de lui avoir donné le goût de la philosophie :
Vous vous attendez Ă des fĂȘtes, Ă des parties de jeu ou de chasse, et vous aurez des planĂštes, des mondes, des tourbillons...
PREMIER SOIR
Que la Terre est une planĂšte qui tourne
sur elle-mĂȘme, et autour du soleil.
Un philosophe raconte que lors dâun bel Ă©tĂ©, il se trouve chez la Marquise de G.... Ils se promĂšnent dans le parc du chĂąteau, et admirent la nuit tombante.
Ne trouvez-vous pas, lui dis-je, que le jour mĂȘme nâest pas si beau quâune belle nuit ?
Le philosophe, passionnĂ© par l'astronomie, confie Ă la Marquise quâil pense que chaque Ă©toile pourrait ĂȘtre un monde ! La Marquise, intriguĂ©e, veut en savoir plus, et le philosophe se demande sâil doit vraiment aborder ce sujet si sĂ©rieux dans un cadre si plaisant ! Il voudrait le rendre agrĂ©able.
DerriÚre ces mots, on devine que tout l'ouvrage est placé sous le signe du célÚbre aphorisme d'Horace : « Placere et docere » (plaire et instruire à la fois). La marquise est enthousiaste :
â Puisque votre folie est si agrĂ©able, donnez-la moi, je croirai sur les Ă©toiles tout ce que vous voudrez, pourvu que j'y trouve du plaisir.
Le philosophe explique alors que la nature cache son fonctionneÂment, exactement comme Ă l'OpĂ©ra :
â Du lieu oĂč vous ĂȘtes Ă l'OpĂ©ra, vous ne voyez pas le thĂ©Ăątre [...] comme il est ; on a disposĂ© les dĂ©corations [...] pour un effet agrĂ©able, et on cache Ă votre vue ces roues [...] qui font tous les mouvements !
Il poursuit ensuite la mĂ©taphore de maniĂšre trĂšs adroite : les mouvements des astres sont comparables Ă ceux des dĂ©cors du thĂ©Ăątre. Par exemple, dans PhaĂ©ton de Lully, qui venait dâĂȘtre jouĂ© Ă lâĂ©poque, le char du soleil Ă©tait Ă©levĂ© par des poulies.
Devant ce spectacle de la nature, les anciens sages comme Pythagore, Platon et Aristote, essayaient de trouver des explications que le philosophe sâamuse Ă rĂ©sumer :
â Lâun dâeux disait : [...] PhaĂ©ton est composĂ© de certains nombres qui le font monter. Lâautre, PhaĂ©ton a une certaine amitiĂ© pour le haut du thĂ©Ăątre ; [...] et cent autres rĂȘveries.
Mais finalement, des penseurs modernes comme Descartes ont compris que les mouvements de la nature sont mécaniques, ce que le philosophe explique ainsi :
â On veut que lâunivers ne soit en grand, que ce quâune montre est en petit, et que tout sây conduise par des mouvements rĂ©glĂ©s qui dĂ©pendent de lâarrangement des parties.
Le philosophe décrit alors comment les Anciens voyaient le ciel : des étoiles fixes formant une voûte avec des planÚtes suspendues à différentes hauteurs.
â De la terre oĂč nous sommes, ce que nous voyons de plus Ă©loignĂ©, câest ce ciel bleu, cette grande voĂ»te oĂč il semble que les Ă©toiles sont attachĂ©es comme des clous.
Avant de poursuivre, il faut savoir que lâastronomie a Ă©tĂ© inventĂ©e par les ChaldĂ©ens : bergers, ils avaient le temps de regarder le ciel, qui semblait tourner autour dâeux.
Mais câest un Ă©gyptien, PtolĂ©mĂ©, qui a thĂ©orisĂ© le premier ces mouvements du ciel. Pour lui, tous les corps cĂ©lestes tournaient autour de la Terre. Mais son systĂšme Ă©tait horriblement complexe : dâautres astronomes ont voulu le simplifier⊠La Marquise remarque alors :
â Votre philosophie est une espĂšce dâenchĂšre, oĂč ceux qui offrent de faire les choses Ă moins de frais lâemportent sur les autres.
â Il est vrai [...] la nature est dâune Ă©pargne extraordinaire ; tout ce quâelle pourra faire dâune maniĂšre qui lui coĂ»tera [...] moins, soyez sĂ»re quâelle ne le fera que de cette maniĂšre-lĂ .
Le philosophe dĂ©crit alors le travail dâun astronome allemand, Copernic, qui a rĂ©volutionnĂ© l'astronomie :
â Saisi dâune noble fureur dâastronome, [Copernic] prend la Terre et lâenvoie bien loin du centre de lâunivers, [...] et y met le Soleil, Ă qui cet honneur Ă©tait bien mieux dĂ».
Le philosophe se fĂ©licite que Copernic ait remis Ă sa place la vanitĂ© des humains qui se croyaient au centre de tout ! Il remarque dâailleurs que Copernic est mort juste aprĂšs sa dĂ©couverte, comme pour Ă©viter les controverses qui ont suivi !
Mais la Marquise sâĂ©tonne : elle nâa pas lâimpression que la terre tourne, puisquâelle se rĂ©veille tous les matins au mĂȘme endroit. Câest vrai ! Le philosophe compare alors la Terre Ă un navire, ce qui change, ce nâest pas la cabine, mais le rivage :
â Vous savez quâau-delĂ de tous les cercles des planĂštes, sont les Ă©toiles fixes ; voilĂ notre rivage.
Pour bien reprĂ©senter le mouvement si spĂ©cial de ce navire, le philosophe demande alors Ă la Marquise dâimaginer une boule roulant avec eux dans les allĂ©es du jardin.
â Elle irait vers le bout de lâallĂ©e, et en mĂȘme temps elle tournerait [...] sur elle-mĂȘme, en sorte que la partie de cette boule qui est en haut, descendrait en bas, et que celle dâen bas monterait en haut.
Pour parfaire lâexpĂ©rience, nous pouvons maintenant nous imaginer suspendus au-dessus de la Terre, pendant sa rotation : les continents dĂ©filent sous nos yeuxâŠ
â Je vois passer [...] tous ces visages diffĂ©rents, les uns blancs, les autres noirs [...] tantĂŽt des villes Ă clochers, [...] tantĂŽt des tours de porcelaine [...] ici des vastes mers ; lĂ des dĂ©serts Ă©pouvantables ; enfin toute cette variĂ©tĂ© infinie qui est sur la surface de la Terre.
SECOND SOIR
Que la lune est une terre habitée
Le lendemain matin, le philosophe demande Ă la Marquise si elle a pu dormir en tournant. Elle rĂ©pond en riant quâelle sây est habituĂ©e. Le soir, ils reprennent leur conversation.
Avec audace, le philosophe avance que la lune est probablement habitée. La Marquise est trÚs étonnée :
â Je nâai pourtant jamais ouĂŻ parler de la lune habitĂ©e [...] que comme dâune folie et dâune vision.
Certes, il faut rester prudent, mais cependant, dit le philosophe, imaginons un bourgeois qui nâa jamais quittĂ© Paris : sâil apercevait Saint-Denis du haut des tours de Notre-Dame, il pourrait douter de lâexistence de ses habitants.
La Marquise lâinterrompt : tout de mĂȘme, on voit bien que Saint-Denis ressemble Ă Paris ! Câest la rĂ©flexion que le philosophe attendait pour rĂ©agir :
â Prenez garde, Madame [...] car sâil faut que la lune ressemble en tout Ă la Terre, vous voilĂ dans lâobligation de croire la lune habitĂ©e.
La Marquise demande alors si la terre pourrait ĂȘtre lumineuse comme la lune : il faut bien au moins cela pour faire leur ressemblance. En effet, le philosophe confirme : la Terre, comme la lune, se contente de renvoyer la lumiĂšre du Soleil. Et il dĂ©crit comment on explique la lumiĂšre Ă lâĂ©poque, ce quâon appellerait aujourdâhui des « photons » :
â La lumiĂšre est composĂ©e de petites balles qui bondissent sur ce qui est solide, [mais qui] passent au travers de ce qui leur prĂ©sente des ouvertures en ligne droite, comme lâair ou le verre.
Le philosophe conclut alors : la lune et la terre Ă©tant des corps solides, renvoient ces petites balles, et si on Ă©tait Ă bonne distance de la Lune et de la Terre, on les verrait toutes les deux briller : câest une simple question de point de vueâŠ
â Nous voulons juger de tout, et nous sommes toujours dans un mauvais point de vue. Nous voulons juger de nous, nous en sommes trop prĂšs ; nous voulons juger des autres, nous en sommes trop loin.
Mais alors, quel est le point de vue des habitants de la lune sur la Terre, comment nous voient-ils ? Demande la Marquise. Le philosophe rĂ©pond : ils voient la Terre suspendue dans leur ciel, mais comme la lune nous prĂ©sente toujours la mĂȘme face, la Terre nâest visible que de cette rĂ©gion de la lune.
â La moitiĂ© de la lune [...] tournĂ©e vers nous au commencement du monde y a toujours Ă©tĂ© tournĂ©e depuis, elle ne nous prĂ©sente jamais que ce visage que notre imagination lui compose.
Quand les habitants de la lune se trouvent plongés dans la nuit, seule la Terre leur renvoie la lumiÚre du Soleil.
â C'est alors pour les gens de la Lune pleine Terre, s'il est permis de parler ainsi.
La Marquise demande alors comment se font les Ă©clipses. Le philosophe explique les deux cas : quand la lune nous cache le soleil, c'est une Ă©clipse de soleil pour nous et une Ă©clipse de terre pour la lune qui projette son ombre sur nous.
Inversement, quand la Terre cache le soleil Ă la lune, c'est une Ă©clipse de soleil pour eux, et une Ă©clipse de lune pour nous puisque la lune est entiĂšrement dans notre ombre.
â Je suis fort Ă©tonnĂ©e, dit la Marquise, qu'il y ait si peu de mystĂšre aux Ă©clipses, et que tout le monde n'en devine pas la cause.
Et pourtant, elles sont souvent la cause de superstitions et de cultes. Le philosophe rappelle qu'en France, trente-deux ans plus tÎt, la derniÚre éclipse de soleil avait semé la panique :
â Une infinitĂ© de gens ne se tinrent-ils pas enfermĂ©s dans des caves, et les philosophes qui Ă©crivirent pour nous rassurer n'Ă©crivirent-ils pas en vain ou Ă peu prĂšs ?
Pour dĂ©mystifier la lune, les savants lâobservent avec des lunettes astronomiques. Ils ont cartographiĂ© les montagnes, les vallĂ©es, et ce qui semble ĂȘtre des mers :
â Un endroit s'appelle Copernic, un autre ArchimĂšde, un autre GalilĂ©e, il y a un promontoire des Songes, une mer des Pluies, une mer de Nectar...
Le philosophe fait une petite parenthÚse poétique ici : il raconte un passage de Orlando Furioso de l'Arioste (poÚte italien de la Renaissance). Dans cette fiction, le paladin Astolphe est conduit sur la lune par Saint Jean et découvre un monde insoupçonné :
â Ce qu'il vit de plus rare dans la lune, c'Ă©tait un vallon, oĂč se trouvait tout ce qui se perdait sur la Terre [...] les couronnes [...] et une infinitĂ© d'espĂ©rance, [...] et les soupirs des amants.
Ce dĂ©tour permet Ă Fontenelle dâaborder une question sensible Ă lâĂ©poque : lâexistence des habitants de la lune. Comment imaginer ces ĂȘtres lunaires, sâils ne sont pas humains ? Et eux-mĂȘmes, sauraient-ils imaginer lâĂȘtre humain dans toute son Ă©trangetĂ© ? Le ton mĂȘle poĂ©sie et philosophie :
â Pourrions-nous bien nous figurer quelque chose qui eĂ»t des passions si folles et des rĂ©flexions si sages, tant de sciences [...] sur des choses inutiles et tant d'ignorance sur les choses importantes, [...] une si forte envie d'ĂȘtre heureux et une si grande incapacitĂ© Ă l'ĂȘtre ?
La Marquise, touchĂ©e par ce discours sur la nature humaine, se demande quelles pourraient-ĂȘtre nos relations avec les habitants de la lune ? Le philosophe Ă©voque les Grandes dĂ©couvertes : quelle ne fut pas la surprise des Indiens d'AmĂ©rique voyant dĂ©barquer les occidentaux !
â De grands corps Ă©normes qui paraissent avoir des ailes blanches, qui volent sur la mer, qui vomissent du feu de toutes parts, et qui viennent jeter sur le rivage des gens inconnus, tout Ă©caillĂ©s de fer.
Ainsi, on pourra peut-ĂȘtre un jour franchir les espaces qui sĂ©parent la Terre et la Lune :
â L'art de voler ne fait encore que naĂźtre, il se perfectionnera, et quelque jour on ira jusqu'Ă la Lune. PrĂ©tendons-nous avoir dĂ©couvert toute chose ?
La Marquise trouve cela difficile Ă croire⊠Le philosophe rappelle que rĂ©cemment encore, personne ne croyait aux antipodes. Et pourtant, la dĂ©couverte de lâAustralie au dĂ©but du XVIIe siĂšcle a remis en cause nos certitudes, nous invitant Ă lâhumilitĂ© :
â Madame, ces antipodes lĂ qu'on a trouvĂ©s contre toute espĂ©rance, devraient nous apprendre Ă ĂȘtre retenus dans nos jugements.
TROISIĂME SOIR
Particularités du monde de la lune ;
et que les autres planÚtes sont habitées aussi.
Le lendemain soir, le philosophe confie Ă la Marquise quâil lui est venu une idĂ©e qui remet en cause l'existence des habitants de la Lune⊠On ne voit apparemment aucun nuage Ă sa surface. Or, sans nuages, pas d'eau, donc pas de vie...
â Il faut que ce soit quelque amas de rochers et de marbres oĂč il ne se fait point d'Ă©vaporation.
La Marquise, trĂšs déçue, s'exclame : les astronomes nâont-ils pas observĂ© des mers sur la Lune ? Pour lui rĂ©pondre, le philosophe imagine une hypothĂšse qui pourrait maintenir lâidĂ©e dâune vie sur la lune : il faudrait que lâair y soit diffĂ©rent du nĂŽtre, un air oĂč lâeau ne pourrait pas se condenser en nuages.
Il dĂ©veloppe alors une situation amusante : les habitants de la Lune pourraient naviguer jusqu'Ă nous, et rester Ă la surface de notre air. Peut-ĂȘtre mĂȘme pourraient-ils nous pĂȘcher comme des poissons ? La Marquise se prĂȘte au jeu :
â Pour moi, je me mettrais [de moi-mĂȘme] dans leurs filets, seulement pour avoir le plaisir de voir ceux qui m'auraient pĂȘchĂ©e.
Mais le philosophe en profite pour redevenir plus concret : en quittant la Terre pour la lune, la Marquise ne pourrait plus respirer, mais en plus, ses perceptions seraient bouleversées :
â L'air de la Lune est d'une autre nature [...] c'est un autre brouillard qui cause une altĂ©ration aux couleurs des corps cĂ©lestes. [...] Cette lunette, au travers de laquelle on voit tout, est changĂ©e.
La Marquise sâinterroge : sâil nây a pas de nuages sur la lune, alors, on nây rencontre ni orage ni tempĂȘte⊠Le philosophe va mĂȘme plus loin : sans vapeur dâeau, pas de crĂ©puscule, ni d'arc-en-ciel⊠Et il fait remarquer que sans lâombre dâun nuage, la lumiĂšre du Soleil doit ĂȘtre accablante :
â Que sait-on si les habitants de la Lune, incommodĂ©s par l'ardeur perpĂ©tuelle du Soleil, ne se rĂ©fugient point dans ces grands puits ? Ils n'habitent peut-ĂȘtre point ailleurs, c'est lĂ qu'ils bĂątissent leurs villes.
Ayant beaucoup parlĂ© de la lune, le philosophe avance alors une nouvelle idĂ©e : pourquoi VĂ©nus ne serait-elle pas habitĂ©e elle aussi ? La Marquise sâexclame :
â Mais, en disant toujours « pourquoi non ? » Vous n'allez mettre des habitants dans toutes les planĂštes ?
Le philosophe insiste : câest une possibilité⊠La nature nâa-t-elle pas mis la vie lĂ oĂč on ne la soupçonnait pas ? dans une goutte dâeau, ou une feuille dâarbre. Certains insectes sont mĂȘme plus petits encore que le ciron, petit acarien qui vit dans la farine.
â Nous voyons depuis l'Ă©lĂ©phant, jusqu'au ciron, lĂ finit notre vue ; mais au ciron commence une multitude infinie d'animaux, dont il est l'Ă©lĂ©phant, et que nos yeux ne sauraient apercevoir sans secours.
La Marquise trouve cela fascinant mais Ă quoi ressemblerait la vie sur dâautres planĂštes ?⊠Le philosophe se met alors Ă dĂ©crire la merveilleuse diversitĂ© que la nature met en toute chose.
â Quel secret doit avoir la nature pour varier [...] une chose aussi simple qu'un visage ? Nous ne sommes dans l'univers que comme une petite famille, [...] dans une autre planĂšte, c'est une autre famille, dont les visages ont un autre air.
Le philosophe ajoute que, c'est difficile Ă concevoir, mais peut-ĂȘtre que ces peuples des autres planĂštes possĂšdent des sens diffĂ©rents des nĂŽtres :
â On dit qu'il pourrait bien nous manquer un sixiĂšme sens naturel, qui nous apprendrait beaucoup de choses que nous ignorons.
Comme la Marquise réclame un exemple plus concret, le philosophe réfléchit un peu⊠Il existe un peuple sur une autre planÚte dont la Reine est extraordinaire :
â Elle ne les mĂšne pas Ă la guerre, [et] ne paraĂźt guĂšre se mĂȘler des affaires de l'Ătat, [...] toute la royautĂ© consiste en ce qu'elle est fĂ©conde, [...] elle fait des milliers d'enfants.
Comme la Marquise n'arrive pas Ă le croire, le philosophe rĂ©vĂšle la supercherie : ce peuple dont il vient de parler, il sâagit⊠des abeilles !
â Vous voyez bien qu'en transportant [...] sur d'autres planĂštes des choses qui se passent sur la nĂŽtre, nous imaginerions des bizarreries qui paraĂźtraient fort extravagantes, et seraient cependant fort rĂ©elles.
QUATRIĂME SOIR
Particularités des mondes de Vénus, de Mercure, de Mars, de Jupiter et de Saturne
Le philosophe et la Marquise poursuivent leur conversation en parlant de Vénus : planÚte grosse comme la Terre, qui tourne autour du soleil en huit mois. Comme Vénus, la déesse de l'amour et de la beauté, elle est trÚs belle et brillante.
Mais⊠cet éclat est dû à un amas de montagnes pointues et sÚches. Le philosophe et la Marquise s'amusent à imaginer un peuple vif et galant, marqués par le climat de cette planÚte :
â BrĂ»lĂ© de soleil, plein d'esprit et de feu, toujours amoureux, faisant des vers, aimant la musique, inventant tous les jours des fĂȘtes, des danses et des tournois.
Sur Mercure, on voit le soleil d'encore plus prĂšs : les habitants y attendent probablement la nuit avec impatience. Le philosophe remarque : Ă de telles tempĂ©ratures, les mĂ©taux eux-mĂȘmes sont liquides !
â Apparemment, notre fer, notre argent, notre or se fondraient chez eux, et on ne les y verrait qu'en liqueur, comme on ne voit ici ordinairement l'eau qu'en liqueur.
Le philosophe et la Marquise s'intĂ©ressent alors au Soleil, qui a des tĂąches noires. Les savants qui les ont dĂ©couvertes leur ont donnĂ© les noms des princes quâils voulaient flatter, mais en vain, parce que ces tĂąches se dĂ©placent, et disparaissent. La Marquise trouve cette anecdote trĂšs juste :
â Vous me disiez l'autre jour qu'on avait donnĂ© aux diffĂ©rentes parties de la Lune des noms de savants et d'astronomes, et j'en Ă©tais fort contente. Puisque les princes prennent pour eux la Terre, il est juste que les savants se rĂ©servent le ciel.
Le Soleil semble donc complĂštement liquide : peu apte Ă ĂȘtre habitĂ© ! Mais la Marquise remarque que de toutes les façons, si ses habitants existaient, ils seraient aveugles !
â Qui serait dans le Soleil, ne verrait rien, ni planĂštes, ni Ă©toiles fixes. Le Soleil n'efface-t-il pas tout ? Ce seraient ses habitants qui seraient bien fondĂ©s Ă se croire seuls dans toute la nature.
Le philosophe propose alors à la Marquise de poursuivre leur voyage : nous avons vu Mercure, puis Vénus, la Terre... Mars ressemble beaucoup à la Terre, ses jours font une demi-heure de plus que les nÎtres, et ses années valent deux de nos années.
Il sâarrĂȘte alors un moment : comment expliquer cette rotation des planĂštes autour du Soleil ? Ă lâĂ©poque, on est bien loin dâimaginer les dĂ©couvertes dâEinstein sur lâespace-temps. La thĂ©orie la plus admise est celle des tourbillons de Descartes, qui sera trĂšs vite remise en cause par Newton.
â Ce qu'on appelle un tourbillon, c'est un amas de matiĂšre dont les parties sont dĂ©tachĂ©es les unes des autres, et se meuvent toutes en un mĂȘme sens.
Ainsi, selon cette thĂ©orie, le Soleil est au centre d'un tourbillon qui emporte les planĂštes connues Ă lâĂ©poque. Les astres les plus grands emportent ceux qui sont Ă proximitĂ©.
Ainsi, Jupiter possÚde quatre lunes, que Galilée à découvertes en 1610 : Io, Europe, GanymÚde, Callisto. Elles se déplacent à des vitesses variées et ne cessent de s'éclipser les unes les autres :
â AssurĂ©ment les Ă©clipses s'Ă©tant rendues si familiĂšres en ce monde-lĂ , elles y sont un sujet de divertissement, et non pas de frayeur comme [ici].
Le philosophe et la Marquise se demandent si ces habitants se soucient de la Terre, si petite et lointaine Ă leurs yeux...
â Je croirais volontiers que les habitants de Jupiter sont assez occupĂ©s Ă faire des dĂ©couvertes sur leur planĂšte [...] assurĂ©ment leurs Christophe Colomb ne sauraient manquer d'emploi.
Enfin, le philosophe et la Marquise se tournent vers Saturne, qui a cinq lunes et un anneau. Vu sa distance avec le soleil, s'il y a des habitants sur Saturne, ils le voient cent fois plus petit que nous, avec un Ă©clat trĂšs faible.
â Si vous les mettiez dans nos pays les plus froids, [...] vous les verriez suer Ă grosses gouttes. [...] S'ils avaient de l'eau, ce ne serait point de l'eau pour eux, mais une pierre polie, un marbre.
Ils s'amusent alors à imaginer les caractÚres de ces habitants : ceux de Mercure sont vifs et fous, ceux de Saturnes sont sages et lents. La Marquise s'amuse de constater que la Terre située entre les deux, possÚde aussi des fous et des sages.
CINQUIĂME SOIR
Que les Ă©toiles fixes sont autant de Soleils, dont chacun Ă©claire un monde
Le lendemain soir, le philosophe et la Marquise reprennent leur conversation en Ă©voquant les immenses espaces qui sĂ©parent les Ă©toiles : on ne les verrait pas du tout si elles ne produisaient pas leur propre lumiĂšre ! Cela mĂšne le philosophe Ă une conclusion qui va avoir de grandes consĂ©quencesâŠ
â Les voilĂ donc lumineuses par elles-mĂȘmes et toutes, en un mot, autant de Soleils.
La Marquise devine oĂč le philosophe veut en venir : chaque Ă©toile fixe est le centre d'un tourbillon dont les planĂštes sont invisibles, puisquâelles ne produisent pas de lumiĂšre⊠VoilĂ encore de quoi nous guĂ©rir de notre orgueil, de l'ambition et de toutes nos vanitĂ©s.
â AssurĂ©ment, si on a tant d'ardeur de s'agrandir, si on fait desseins sur desseins, si on se donne tant de peine, c'est que l'on ne connaĂźt pas les tourbillons.
Ils s'amusent Ă imaginer le dĂ©sarroi dâAlexandre, qui aurait Ă©tĂ© dĂ©pitĂ© de ne pouvoir conquĂ©rir ces mondes innombrables !
Mais la Marquise Ă©met un doute : ces mondes sont-ils si nombreux ? Le philosophe le confirme, il existe mĂȘme des Ă©toiles fixes, plus Ă©loignĂ©es, qu'on n'aperçoit quâau tĂ©lescope ! Elles forment ce qu'on appelle la Voie lactĂ©e :
â Je voudrais que vous vissiez avec des lunettes cette fourmiliĂšre d'astres et cette graine de mondes. Ils ressemblent en quelque sorte aux Ăźles Maldives, Ă ces douze mille petites Ăźles [...] sĂ©parĂ©es seulement par des canaux de mer.
La Marquise soulÚve alors une difficulté : comment peuvent cohabiter tous ces tourbillons ?...
Le philosophe reconnaĂźt lâimportance de cette objection (qui remet effectivement en cause la thĂ©orie de Descartes). Pour y rĂ©pondre, il faut imaginer que ces tourbillons s'ajustent comme les engrenages d'une montre, en gonflant et en se dĂ©gonflant comme des ballons de toutes les tailles. Ces images plaisent beaucoup Ă la Marquise :
â J'aime ces ballons qui s'enflent et se dĂ©senflent Ă chaque moment, et ces mondes qui se combattent toujours.
La Marquise s'interroge : est-ce que ces tourbillons n'Ă©changent que de la lumiĂšre ? Non, lui rĂ©pond le philosophe : certains astres passent dâun tourbillon Ă lâautre :
â Les mondes voisins nous envoient quelquefois [...] des comĂštes, qui sont ornĂ©es, ou d'une chevelure Ă©clatante, ou d'une barbe vĂ©nĂ©rable, ou d'une queue majestueuse.
Cela mĂšne le philosophe Ă Ă©voquer un phĂ©nomĂšne fascinant : certaines Ă©toiles observĂ©es par les Anciens se sont Ă©teintes, plongeant leur tourbillon dans l'obscuritĂ©âŠ
Comme cela chagrine la Marquise, il propose d'autres hypothĂšses : peut-ĂȘtre que ces Ă©toiles se sont simplement Ă©loignĂ©es de nous, oĂč que la face qu'elles nous prĂ©sentent sont obscurcies de tĂąches comme on en voit passer sur notre Soleil.
En tout cas, tout change dans l'univers, et les Anciens, qui croyaient que leur ciel Ă©tait immuable, sont un peu comme les roses, qui croiraient que leur jardinier est immortel :
â Nous avons toujours vu le mĂȘme jardinier, de mĂ©moire de rose [...] il a toujours Ă©tĂ© fait comme il est, assurĂ©ment il ne meurt pas comme nous. [...] Le raisonnement des roses serait-il bon ?
Pour le philosophe, les mondes sont comparables Ă ces fleurs Ă©phĂ©mĂšres, et lâon ne peut jamais jurer qu'une chose soit immuable. Et d'ailleurs, si l'on a vu des Ă©toiles disparaĂźtre, on a aussi constatĂ© l'apparition de nouvelles. Cela rĂ©pond bien Ă la haute idĂ©e qu'il se fait des ouvrages de la Nature :
â N'aurait-elle le pouvoir que de faire naĂźtre et mourir des plantes ou des animaux par une rĂ©volution continuelle ? Je suis persuadĂ©, [...] qu'elle met en usage ce mĂȘme pouvoir sur les mondes.
Ă la fin de cette discussion, la Marquise rĂ©alise quâelle a projetĂ© son esprit jusquâaux limites visibles de la voĂ»te des cieux... Elle se rĂ©jouit dâĂȘtre devenue aussi savante !
â Oui [...] vous l'ĂȘtes [...] avec la commoditĂ© de pouvoir ne rien croire de tout ce que je vous ai dit dĂšs que l'envie vous en prendra. Je vous demande seulement pour rĂ©compense de mes peines, de ne voir jamais le Soleil, ni le ciel. ni les Ă©toiles, sans songer Ă moi.
SIXIĂME SOIR
Nouvelles pensées qui confirment celles des entretiens précédents. DerniÚres découvertes qui ont été faites dans le ciel.
Le narrateur prĂ©cise que ce dernier entretien a eu lieu bien aprĂšs les autres. Se rendant un jour chez la Marquise, celle-ci Ă©voque leur ancienne discussion. Nâ-a-t-il pas gĂątĂ© son esprit avec ses mondes habitĂ©s ? Deux hommes qui viennent de lui rendre visite ont Ă©tĂ© surpris qu'elle ait une telle opinion ! Le philosophe prĂ©fĂšre en rire :
â Je vous avoue que je n'ai pas grand zĂšle pour ces vĂ©ritĂ©s-lĂ , et que je les sacrifie volontiers aux moindres commoditĂ©s de la sociĂ©tĂ©.
Le philosophe poursuit : La plupart des hommes voient les astres comme des corps lumineux : il est trÚs difficile de les leur faire voir comme des mondes habités. Il faudrait d'abord déconstruire l'impression premiÚre reçue par nos sens :
â On ne persuade pas facilement aux hommes de mettre leur raison en place de leurs yeux.
Par ailleurs, l'idée que les tourbillons sont des mondes habités est raisonnable, mais seulement vraisemblable... Le philosophe insiste : cela demande une grande finesse de concevoir ces différents degrés de vérité.
â Les esprits ordinaires sentent bien la diffĂ©rence dâune simple vraisemblance Ă une certitude entiĂšre ; mais il nây a que les esprits fins qui sentent le plus ou le moins de certitude ou de vraisemblance.
Par exemple, mĂȘme si cela nâest pas tout Ă fait prouvĂ©, il est tout Ă fait vraisemblable que la Terre tourne sur elle-mĂȘme et non l'Univers, car le raisonnement est solide ! Le voici :
â Il faut ou que tous les corps cĂ©lestes tournent en vingt-quatre heures autour de la Terre, ou que la Terre tournant sur elle-mĂȘme en vingt-quatre heures attribue ce mouvement Ă tous les corps cĂ©lestes.
En effet, comment expliquer que les astres les plus proches de la Terre, et ceux qui en sont les plus Ă©loignĂ©s, prennent le mĂȘme temps pour parcourir des pĂ©rimĂštres si diffĂ©rents ?
â Encore, s'il y avait dans ces mouvements quelques minutes de diffĂ©rence, on pourrait s'en contenter, mais ils sont tous [...] de la seule Ă©galitĂ© exacte qui soit au monde.
Or, dans la nature, tout change, souvent de maniĂšre imperceptible. Les horloges se dĂ©rĂšglent, et mĂȘme l'axe de rotation des planĂštes s'inflĂ©chit. Ces changements parfois lĂ©gers peuvent avoir de grandes consĂ©quences.
Jupiter par exemple, semble enveloppé de bandes colorées qui s'élargissent ou se rétrécissent. De loin, cela paraßt négligeable, mais ces écarts couvrent en réalité des espaces considérables.
Que sont ces bandes colorées ? Des masses d'eau, de sable, des incendies ? On sait aujourd'hui que Jupiter est une planÚte gazeuse, mais Fontenelle fait une analogie avec la Terre :
â Tous ces changements, qui ne sont sensibles qu'Ă nos meilleures lunettes, sont en eux-mĂȘmes beaucoup plus considĂ©rables que si notre OcĂ©an inondait toute la terre ferme.
La Terre elle-mĂȘme a connu d'importants changements, sĂ©ismes et dĂ©luges... On dit que Hercule a sĂ©parĂ© deux montagnes avec ses mains. Ce n'est pas trĂšs croyable ! Mais il est possible que du temps de quelque HĂ©ros, l'OcĂ©an ait enfoncĂ© deux montagnes et se soit jetĂ© entre l'Europe et l'Afrique.
â Plusieurs montagnes Ă©levĂ©es et fort Ă©loignĂ©es de la mer, ont de grands lits de coquillages, qui marquent nĂ©cessairement que l'eau les a autrefois couvertes.
Ainsi, pour qu'un raisonnement soit solide, il est important de procéder avec méthode, et de s'appuyer sur les observations les mieux fondées pour émettre des conclusions vraisemblables :
â Les vrais philosophes sont comme les Ă©lĂ©phants, qui en marchant ne posent jamais le second pied Ă terre, que le premier n'y soit bien affermi.
Voilà pourquoi nos philosophes occidentaux soutenaient que les corps célestes étaient éternels : ils ne seraient pas parvenus à de telles conclusions s'ils avaient assisté aux pluies d'étoiles filantes décrites dans certaines archives chinoises !
Le philosophe termine son discours avec légÚreté : la soif de vérité ne doit pas nous faire mépriser la bonne compagnie. Puisse la Marquise consacrer sa philosophie aux agréments qui dépassent les sciences et les sÚches spéculations !
Portrait de Fontenelle.