Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes, 1686. Premier soir (explication linéaire)
Extrait étudié
Toute la philosophie, lui dis-je, n’est fondée que sur deux choses, sur ce qu’on a l’esprit curieux et les yeux mauvais ; car si vous aviez les yeux meilleurs, que vous ne les avez, vous verriez bien si les étoiles sont des soleils qui éclairent autant de mondes, ou si elles n’en sont pas ; et si d’un autre côté vous étiez moins curieuse, vous ne vous soucieriez pas de le savoir, ce qui reviendrait au même ; mais on veut savoir plus qu’on ne voit, c’est là la difficulté. Encore, si ce qu’on voit, on le voyait bien, ce serait toujours autant de connu, mais on le voit tout autrement qu’il n’est. Ainsi les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu’ils voient, et à tâcher de deviner ce qu’ils ne voient point, et cette condition n’est pas, ce me semble, trop à envier.
Sur cela je me figure toujours que la nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l’opéra. Du lieu où vous êtes à l’opéra, vous ne voyez pas le théâtre tout-à -fait comme il est ; on a disposé les décorations et les machines, pour faire de loin un effet agréable, et on cache à votre vue ces roues et ces contrepoids qui font tous les mouvements. Aussi ne vous embarrassez vous guère de deviner comment tout cela joue. Il n’y a peut-être guère de machiniste caché dans le parterre, qui s’inquiète d’un vol qui lui aura paru extraordinaire et qui veut absolument démêler comment ce vol a été exécuté. Vous voyez bien que ce machiniste-là est assez fait comme les philosophes.
Mais ce qui, à l’égard des philosophes, augmente la difficulté, c’est que dans les machines que la nature présente à nos yeux, les cordes sont parfaitement bien cachées, et elles le sont si bien qu’on a été longtemps à deviner ce qui causait les mouvements de l’univers. Car représentez-vous tous les sages à l’opéra, ces Pythagore, ces Platon, ces Aristote, et tous ces gens dont le nom fait aujourd’hui tant de bruit à nos oreilles ; supposons qu’ils voyaient le vol de Phaéton que les vents enlèvent, qu’ils ne pouvaient découvrir les cordes, et qu’ils ne savaient point comment le derrière du théâtre était disposé.
Introduction
Accroche
• Fontenelle a beaucoup écrit pour le théâtre, des tragédies (Aspar, Brutus, Bellérophon), et des opéras (Psyché, Lavinie, Thétis et Pélée), mais sans succès…
• Fontenelle réinvestit cet art du dialogue dans la vulgarisation scientifique. Dans ses Entretiens sur la pluralité des mondes, il explique à une Marquise les concepts d’astronomie.
• Fontenelle est alors reconnu pour ses talents de vulgarisateur : il utilise des procédés variés, des métaphores révélatrices.
Situation
• Dans notre passage, Fontenelle décrit l’univers comme un opéra, puis il file la métaphore pour nous inviter à adopter le regard du philosophe (qui est aussi scientifique à l’époque) pour découvrir les coulisses de la nature.
Problématique
Comment cette grande métaphore filée de l’opéra, adressée à une Marquise, engage-t-elle le lecteur à adopter un regard de philosophe, soucieux de comprendre l’univers ?
Mouvements de l’explication linéaire
Notre extrait est marqué par des liens logiques qui jalonnent les étapes d’un raisonnement « Ainsi… aussi… mais… ».
I. D’abord, Fontenelle décrit ce qui constitue pour lui le fondement de la philosophie.
II. Ensuite, il met en place une grande métaphore où l’opéra est comparable à l’univers.
III. Enfin, cette métaphore nous invite à partager la curiosité des philosophes de toutes les époques.
Axes de lecture pour un commentaire composé
I. Mettre en place l’image de l’opéra
1) L’univers est un spectacle
2) Un monde d’apparence et de dissimulation
3) Le philosophe n’est pas un spectateur comme les autres
II. Une image qui nous implique
1) Un éloge de la curiosité humaine
2) Les limites de la perception humaine
3) Un art du récit au service de la vulgarisation
III. Une image qui révèle une méthode
1) Filer la métaphore pour comprendre la méthode
2) Comment découvrir une vérité complexe
3) Une image révélatrice pour la suite de l’ouvrage
Premier mouvement :
Une démarche philosophique
Toute la philosophie, lui dis-je, n’est fondée que sur deux choses, sur ce qu’on a l’esprit curieux et les yeux mauvais ; car si vous aviez les yeux meilleurs, que vous ne les avez, vous verriez bien si les étoiles sont des soleils qui éclairent autant de mondes, ou si elles n’en sont pas ; et si d’un autre côté vous étiez moins curieuse, vous ne vous soucieriez pas de le savoir, ce qui reviendrait au même ; mais on veut savoir plus qu’on ne voit, c’est là la difficulté. Encore, si ce qu’on voit, on le voyait bien, ce serait toujours autant de connu, mais on le voit tout autrement qu’il n’est. Ainsi les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu’ils voient, et à tâcher de deviner ce qu’ils ne voient point, et cette condition n’est pas, ce me semble, trop à envier.
Tenter de définir la méthode philosophique
• Le narrateur cherche à définir « Toute » la philosophie (le déterminant indéfini est justement totalisant).
• Il présente la philosophie comme une discipline reconnue : « LA philosophie » (avec l’article défini).
• Le philosophe s’adresse à la Marquise, dans un dialogue : « lui dis-je » (c’est une incise). Il la vouvoie « si vous aviez ».
• Il veut une définition complète et suffisante : « n’est fondée que » (négation restrictive).
• On en revient aux principes fondamentaux « fondée sur » : métaphore des fondations d’un château.
• Fontenelle est particulièrement méthodique : « deux choses » l’adjectif numéral précise les deux conditions nécessaires.
⇨ On va voir que cette définition de la philosophie relie les êtres humains.
Une philosophie propre à l’homme
• L’homme a une disposition particulière qui le conduit à philosopher : « on a l’esprit curieux » (le pronom indéfini inclut toute l’humanité du moins les curieux !)
• C’est d’ailleurs plutôt une qualité « l’esprit curieux » (on suppose que l’adjectif est mélioratif).
• Cette qualité est intemporelle et universelle : « on a l’esprit curieux » (le verbe “avoir” est au présent de vérité générale).
• Mais la curiosité ne suffit pas : « l’esprit curieux et les yeux mauvais » (groupes nominaux coordonnés sur le même plan).
• L’être humain a des failles : « curieux … mauvais » (l’adjectif « mauvais » est explicitement dépréciatif.)
⇨ Ce paradoxe des qualités et défauts humains fondent la philosophie.
Les deux piliers de la philosophie
• Si l’homme voyait parfaitement, il n’aurait pas besoin de philosopher : « car » lien logique de cause.
• Les deux sont des conditions nécessaires pour permettre à la philosophie d’exister : « si vous aviez … si vous étiez » deux hypothèses suivies du conditionnel.
• Ce sont deux hypothèses conjointes « si vous aviez les yeux … si vous étiez moins curieuse » (chiasme = structure en miroir).
• Caractère fondamental de ces hypothèses « vous aviez … vous étiez » (verbe avoir et verbe être fondamentaux dans la langue).
• Élégance de cette construction qui compense les qualités et les défauts « meilleurs que vous ne les avez » (comparaison de supériorité) ; « moins curieuse » (comparatif d’infériorité).
⇨ Ces deux conditions sont nécessaires. Il va développer chacune d’elles.
Un éloge de la curiosité humaine
• L’envie de savoir est bien présente chez le philosophe et chez la Marquise à qui il s’adresse : « vous ne vous soucieriez pas de le savoir » (le conditionnel marque une condition nécessaire).
• Sans curiosité, il n’y aurait pas de questionnement : « ce qui reviendrait au même » (subordonnée relative au conditionnel).
• La curiosité est désignée par une périphrase : « mais on veut savoir » (avec le lien d’opposition qui insiste).
• La curiosité dépasse notre vue humaine : « plus qu’on ne voit » (comparatif de supériorité).
⇨ L’éloge de la curiosité va avec un constat de la limite de nos sens et notamment de notre vue.
Les limites de la perception humaine
• Fontenelle met les difficultés sous nos yeux : « c’est là » (présentatif).
• Notre vue est plus faillible même qu’on ne le pense : « Encore » (lien d’addition pour un nouvel argument).
• La vue humaine n’est pas seulement partielle, elle s’avère fausse : « mais on le voit tout autrement » (lien d’opposition).
• La vue fait des contresens particulièrement graves : « tout autrement » l’adverbe « tout » est intensif.
⇨ Il en résulte une véritable quête de vérité.
La recherche d’une vérité scientifique
• On cherche une vérité générale : « les étoiles sont … des soleils qui éclairent » (verbes au présent de vérité générale).
• On veut faire ressortir les vérités qui ne sont pas visibles : « vous verriez bien » l’adverbe « bien » sert à confirmer.
• Des vérités universelles qui s’appliquent aux différentes parties de l’univers : « des étoiles, soleils, mondes » pluriels multipliés.
• Hypothèses qui peuvent pourtant être réfutées : « ou si elles n’en sont pas » (la négation forme une alternative).
• Le philosophe oppose ce qui est vrai et ce qui est faux : « d’un autre côté » liens logiques d’opposition bien marqués.
⇨ Fontenelle conclut alors en décrivant le véritable rôle du philosophe.
Transmettre le véritable rôle du philosophe
• Il s’agit de la conclusion de ce premier mouvement : « Ainsi » lien de conséquence.
• Fontenelle recherche une démarche authentique : « Les vrais philosophes » (sens de “vrai” = fiable).
• Le philosophe se méfie des apparences et des conclusions hâtives : « ne point croire » (la négation est totale).
• Le philosophe répète ses tentatives : « tâcher de deviner » modalisation qui nuance l’action de deviner.
• Fontenelle donne son avis à la 1ère personne : « ce me semble » il met de l’humour dans son discours.
• Cette condition n’est « pas trop à envier » c’est ironique car c’est justement cette méthode qu’il va partager avec la Marquise.
⇨ La méthode que Fontenelle met en place ici est un véritable programme pour la suite de l’ouvrage.
Deuxième mouvement :
La comparaison avec l’Opéra
Sur cela je me figure toujours que la nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l’opéra. Du lieu où vous êtes à l’opéra, vous ne voyez pas le théâtre tout-à -fait comme il est ; on a disposé les décorations et les machines, pour faire de loin un effet agréable, et on cache à votre vue ces roues et ces contrepoids qui font tous les mouvements. Aussi ne vous embarrassez vous guère de deviner comment tout cela joue. Il n’y a peut-être guère de machiniste caché dans le parterre, qui s’inquiète d’un vol qui lui aura paru extraordinaire et qui veut absolument démêler comment ce vol a été exécuté. Vous voyez bien que ce machiniste-là est assez fait comme les philosophes.
Illustrer une vérité avec une image
• Fontenelle revient sur ce qu’il vient d’expliquer, pour l’illustrer : « Sur cela » (préposition « sur »).
• Il nous prévient tout de suite qu’il va utiliser une image : « je me figure » (première personne et voie pronominale).
• Il va utiliser une image qui a une certaine valeur de vérité intemporelle : « toujours » (adverbe de temps).
• La comparaison reste valable en tout temps : « est… ressemble » (verbes au présent de vérité générale).
• Il évoque le thème baroque du « theatrum mundi » (le monde est un théâtre, en la variant : « la nature est un spectacle » (verbe être au présent de vérité générale).
⇨ Comment va-t-il développer cette image de manière originale ?
L’univers est un spectacle
• Ce n’est pas la société humaine, mais l’univers entier qui est « un grand spectacle » (l’adjectif insiste sur la taille).
• Ce thème soulève la question de l’apparence : « spectacle » (étymologiquement “spectare” = regarder).
• C’est le début d’une longue métaphore filée qui va multiplier les comparaisons : « qui ressemble à » (outil de comparaison).
• Il s’agit d’un spectacle particulièrement sophistiqué, « celui de l’Opéra … puis à l’Opéra » (CC de lieu).
• Faire voler un personnages, parce que c’est un dieu, on le retrouve souvent dans l’opéra de l’époque : « un vol … ce vol » (le démonstratif reprend ce même vol).
⇨ Si l’univers est un spectacle, les humains sont des spectateurs, Fontenelle va filer la métaphore.
Le point de vue des spectateurs
• Nous sommes mis du côté des spectateurs : « du lieu où vous êtes » (préposition qui désigne la provenance).
• Fontenelle se met à la place de la Marquise, qui connaît mieux le théâtre que les sciences : « vous êtes… vous ne voyez » (2ème personne du pluriel).
• On sait que le théâtre n’est pas la réalité : « vous ne voyez pas le théâtre comme il est » (négation totale).
• On peut mesurer les écarts entre la perception et la réalité : « pas tout-à -fait » (modalisation : nuance le propos).
• Le lecteur et la Marquise sont placés du côté des spectateurs : « à votre vue » (pronom possessif 2e personne du pluriel) puis « dans le parterre » (CC de lieu).
⇨ Ce thème du théâtre joue avec un lieu commun de l’époque : il ne faut pas se fier aux apparences.
L’énigme des apparences
• On veut comprendre la réalité profonde des choses : « comme il est » (verbe d’état au présent d’énonciation : c’est vrai au moment où l’on parle).
• Dans cette métaphore, la nature a un rôle vague « on a disposé… on cache » (le pronom indéfini « on » est imprécis).
• Ce que l’on voit est la conséquence des actions d’un machiniste : « on a disposé » (passé composé).
• Présence des effets spéciaux du théâtre : « les décorations et les machines » (vocabulaire du théâtre).
• Les procédés du théâtre sont évoqués par le vocabulaire : « machines » (évoque le latin “machina”).
• Le théâtre ne se soucie que des apparences : « pour faire de loin un effet » (CC de lieu et CC de but).
• Ces apparences sont faites pour plaire au spectateur : « effet agréable » (l’adjectif met en avant l’apparence et le plaisir).
⇨ Mais Fontenelle va évoquer ce qui se passe en coulisses.
Le monde fascinant des rouages du monde
• Mais après « les décorations et les machines » voilà que nous accédons aux coulisses et nous voyons ce qui est caché : « ces roues, ces contrepoids » (démonstratifs au pluriel).
• C’est là que se trouve toute l’activité réelle : « qui font tous les mouvements » (verbe “faire” au sens le plus large, avec le déterminant indéfini « tous les »).
• Ce qu’on ne voit pas est d’ailleurs l’exact opposé de ce qu’on voit : « contrepoids » (mot construit avec le préfixe contre-).
• Les décors reposent sur toute une ingénierie : « machines… machiniste » (polyptote : plusieurs mots de la même famille).
⇨ Ainsi, dès qu’on s’intéresse aux coulisses, on devient machiniste, c’est-à -dire (dans cette métaphore) philosophe.
Le philosophe n’est pas un spectateur comme les autres
• Fontenelle fait alors progresser son raisonnement : le spectateur n’est pas un machiniste : « Aussi » (lien logique de conséquence).
• Les spectateurs ne posent pas de questions philosophiques : « ne vous embarrassez-vous guère » (la négation est partielle).
• Mais dès qu’on n’est plus spectateur, on cherche à voir ce qui est caché : « cacher… deviner » (champ lexical de l’énigme).
• La science interroge non pas le pourquoi, mais le comment : « comment cela se joue … comment ce vol a été exécuté » (subordonnée circonstancielle de manière).
• Parmi les spectateurs se trouve parfois quelqu’un qui veut en savoir plus : « Il n’y a peut-être guère de machiniste » (négation partielle modalisée par « peut-être »).
⇨ On se demande alors ce qui distingue le point de vue de ce spectateur si particulier.
Un regard particulier sur le théâtre du monde
• Ce spectateur spécial adopte un autre point du vue que les autres : « un machiniste qui s’inquiète » (polysémie du verbe « s’inquiéter » = s’intéresser, se poser la question).
• Il s’agit de revenir après coup sur ce qu’on a vu : « qui lui aura paru » (futur dans le passé).
• Identifier les effets spéciaux les plus surprenants : « extraordinaire » (adjectif long qui touche au merveilleux).
• Avoir le goût de l’énigme : « qui veut absolument démêler » (métaphore de la pelote de laine, « absolument » adv intensif).
⇨ Le philosophe veut comprendre les mécanismes secrets de la nature, qui est le véritable personnage principal du spectacle.
Une image révélatrice pour la suite de l’ouvrage
• Ceux qui agissent en coulisse ne sont pas nommés : « a été exécuté » (voix passive sans complément d’agent).
• Fontenelle va tirer un enseignement de cette image : « Vous voyez bien » (l’adverbe « bien » confirme le raisonnement).
• La métaphore, pédagogique, nous permet de comprendre le rôle du philosophe : « ce machiniste-là est assez fait comme les philosophes » (la comparaison file la métaphore du théâtre).
⇨ Nous allons adopter ce regard pour élucider ensemble les mystères de l’astronomie.
Troisième mouvement :
Se mettre Ă la place des grands philosophes
Mais ce qui, à l’égard des philosophes, augmente la difficulté, c’est que dans les machines que la nature présente à nos yeux, les cordes sont parfaitement bien cachées, et elles le sont si bien qu’on a été longtemps à deviner ce qui causait les mouvements de l’univers. Car représentez-vous tous les sages à l’opéra, ces Pythagore, ces Platon, ces Aristote, et tous ces gens dont le nom fait aujourd’hui tant de bruit à nos oreilles ; supposons qu’ils voyaient le vol de Phaéton que les vents enlèvent, qu’ils ne pouvaient découvrir les cordes, et qu’ils ne savaient point comment le derrière du théâtre était disposé.
Identifier les difficultés particulières du philosophe
• La science est plus dure encore que le travail du machiniste : « Mais ce qui augmente la difficulté » (lien d’opposition).
• Fontenelle met en relief cette difficulté si spéciale qu’on rencontre : « ce qui … c’est que » (double présentatif).
• C’est une difficulté unique et particulière : « la difficulté » (répétition du mot avec l’article défini).
• On retrouve des éléments du mouvement précédent : « cachées… deviner » (répétition des verbes qui poursuivent le thème de l’énigme).
• Fontenelle s’inclut maintenant parmi les spectateurs, avec la Marquise, il nous rejoint dans le parterre : « à nos yeux » (possessif de première personne du pluriel).
⇨ La métaphore est filée, en reprenant chaque élément pour clarifier son propos.
Reprendre la métaphore pour la décrypter
• Fontenelle reprend le vocabulaire de sa métaphore : « les machines que la nature présente » (antanaclase : le même mot « machine » désigne maintenant autre chose).
• Alors qu’un théâtre est humain et artificiel, l’univers est dominé par la nature : « la nature présente à nos yeux » (la nature, sujet de la phrase devient une allégorie).
• Chaque élément de la métaphore prend tout son sens : « les machines … les cordes » (ce sont désormais les lois physiques).
• Ces mécanismes sont universels et intemporels : « les cordes sont … et le sont si bien » (les deux verbes d’état au présent de vérité générale sont coordonnés).
• Une grande ambition : comprendre « les mouvements de l’univers » (mouvements au pluriel, terme très général).
⇨ Fontenelle va retracer une véritable histoire des sciences.
Présenter les sciences comme une histoire
• La nature est une énigme très complexe : « parfaitement bien… si bien » (adverbes intensifs multipliés).
• Les chercheurs ont donné du temps et de l’énergie : « si bien qu’on a été longtemps » (subordonnée circonstancielle de conséquence, au passé composé).
• Il existe même toute une communauté de chercheurs : « on a été » (pronom indéfini qui désigne cette fois tous les philosophes, les chercheurs, les scientifiques).
• L’objet de ces recherches est encore en partie inconnu : « ce qui causait » (le pronom relatif « ce qui » sujet du verbe causer pour exprimer une relation logique).
• Fontenelle nous invite à entrer dans cette histoire : « Car » (lien logique qui introduit la cause).
• Il remonte dans le temps « Car, représentez-vous… était disposé » (une phrase très longue au passé antérieur).
⇨ Fontenelle va créer une scène originale où les philosophes seraient devant le monde comme devant un spectacle.
Un art du récit au service de la vulgarisation
• Fontenelle invite son lecteur à se projeter dans cette histoire : « représentez-vous » (impératif à la 3e personne du pluriel).
• Il ressuscite pour ainsi dire « tous les sages » (périphrases pour désigner les philosophes de toutes les époques).
• Il les représente concrètement devant nos yeux : « ces Pythagore » (démonstratif suivi d’un nom propre qui ne s’accorde donc pas au pluriel).
• L’image est volontiers anachronique : « à l’opéra » (CC de lieu).
• Le passé se mêle au présent : « aujourd’hui » (CC de temps).
• Au XVIIIe siècle, ce sont des personnages célèbres : « tant de bruit à nos oreilles » (métaphore qui désigne leur renommée).
• Fontenelle crée un lien entre les philosophes du passé et ses contemporains « à nos oreilles » (possessif de première personne du pluriel).
⇨ Fontenelle crée de toutes pièces une situation qui met les Anciens dans une situation bien connue de ses contemporains : aller à l’Opéra.
Une image qui nous inclut dans la démarche
• La démarche est désormais partagée : « supposons » (impératif qui inclut cette fois le narrateur).
• Faire une expérience d’imagination originale « supposons qu’ils voyaient… » (subordonnée complétive longue).
• Référence culturelle qui amuse les contemporains de Fontenelle « le vol de Phaéton » (dans l’opéra de Lully, Phaeton, on voit le char du soleil s’élever dans les airs).
• Les mécanismes de la nature se trouvent illustrés par cet opéra : « que les vents enlèvent » (le sujet est allégorique).
• Les éléments de la métaphore filée reviennent mais ne sont plus abstraits : « les cordes sont cachées … découvrir les cordes » (ces cordes sont un élément important de la métaphore filée).
⇨ Fontenelle s’apprête à nous présenter les coulisses de la nature elle-même.
Comprendre les phénomènes naturels
• L’ignorance est reléguée au passé : « qu’ils ne pouvaient découvrir, ils ne savaient point » (négations totales à l’imparfait).
• Il nous offre un aperçu des coulisses : « comment le derrière du théâtre était disposé » (interrogation indirecte avec l’adverbe interrogatif « comment »).
• Les coulisses sont bien présentes à travers la périphrase « le derrière du théâtre » (CC de lieu, on quitte le parterre).
• Il parle maintenant de l’univers « du théâtre » (la métaphore devient in absentia, plus besoin de rappeler le “comparé”).
⇨ La métaphore est désormais parfaitement compréhensible, elle nous donne envie de participer à cette recherche fascinante.
Conclusion
Bilan
• D’abord, Fontenelle veut définir une démarche philosophique et scientifique, qui repose sur deux piliers : la curiosité, et les limites de nos perceptions humaines.
• Il met alors en place une comparaison avec l’Opéra, où le philosophe n’est pas un spectateur comme les autres, il pose un regard de machiniste sur ce qui se passe sur scène.
• Enfin, Fontenelle nous invite à prendre la place de ces sages qui ont voulu décrypter la nature : la métaphore est filée, nous allons quitter le parterre pour explorer les coulisses du monde.
Ouverture
• Camille Flammarion, astronome passionné par la vulgarisation scientifique, écrit en 1862 La Pluralité des mondes habités, où défend l’idée que la vie existe sur d'autres planètes.
• Il utilise lui aussi cette métaphore du spectacle :
Le spectacle de l'univers nous fera connaître [...] que le monde que nous habitons n'est qu'un atome dans l'importance relative des innombrables créations de l'espace.
Découverte des mécanismes astronomiques cachés.
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