Résumé-analyse
de PhĂšdre de Racine
Avec PhÚdre, Racine écrit une piÚce qui restera un modÚle de tragédie classique. Vous allez voir que cette piÚce obéit à toutes les rÚgles du théùtre classique :
> Unité de temps
> Unité de lieu
> UnitĂ© dâaction
> et bienséance !
En plus, Racine sâapplique Ă suivre Ă la lettre les prĂ©ceptes dâAristote dans sa PoĂ©tique.
En effet pour Aristote, la tragĂ©die doit provoquer un mĂ©lange de terreur et de pitiĂ©, afin de purger les spectateurs de leurs passions, en les vivant par procuration au thĂ©Ăątre. Câest ce quâil appelle la catharsis.
La terreur et la pitié⊠Ces deux ingrĂ©dients sont bien prĂ©sents dans la piĂšce de Racine. Dâailleurs, selon les mises en scĂšnes, lâaccent sera mis plutĂŽt sur lâun, ou lâautre.
Racine écrivit le rÎle de PhÚdre en pensant à une actrice, la Champmeslé, qui fut aussi un temps son amante. Cette piÚce fut le plus grand triomphe de la Champmeslé, qui fit pleurer son auditoire à chaudes larmes. Nous sommes plutÎt du cÎté de la pitié.
De mĂȘme je vous laisse Ă©couter la maniĂšre dont Sarah Bernhardt interprĂšte le rĂŽle de PhĂšdre en 1910...
Les larmes et la compassion prennent le pas sur la terreur.
Dans les mises en scĂšnes plus modernes, les acteurs accentuent lâexpression de la terreur, par la violence de leurs gestes et la duretĂ© de leur Ă©locution. Dans la cĂ©lĂšbre mise en scĂšne de Patrice ChĂ©reau, le cadavre dâHippolyte est carrĂ©ment reprĂ©sentĂ© sur scĂšne, au premier plan.
Acte I
Dans la premiĂšre scĂšne, Hippolyte confie Ă son gouverneur ThĂ©ramĂšne quâil part Ă la recherche de son pĂšre ThĂ©sĂ©e qui a disparu.
Mais il avoue ensuite quâune deuxiĂšme raison le pousse Ă quitter TrĂ©zĂšne : il est amoureux dâAricie, une jeune fille quâil ne peut pas Ă©pouser pour des raisons politiques : ThĂ©sĂ©e lui interdit dâavoir toute descendance. Pour bien comprendre, je vous propose de revenir un instant sur lâhistoire de ThĂ©sĂ©e.
ĂgĂ©e, le pĂšre de ThĂ©sĂ©e, Ă©tait roi dâAthĂšnes. Ayant perdu la guerre contre la CrĂšte. Il devait tous les 3 ans envoyer 7 jeunes hommes et 7 jeunes filles pour nourrir le Minotaure : un monstre mi-homme, mi-taureau, que le roi de CrĂšte, Minos, gardait dans un labyrinthe.
Thésée se rend alors en CrÚte pour combattre le Minotaure.
En arrivant, il sĂ©duit Ariane, fille de Minos et sĆur de PhĂšdre. Ariane, amoureuse, trahit son pĂšre et donne Ă ThĂ©sĂ©e un moyen de sortir du labyrinthe : une bobine de fil quâil suffirait de dĂ©rouler pour retrouver le chemin du retour. Câest le fameux fil dâAriane !
AprĂšs avoir combattu et tuĂ© le minotaure, ThĂ©sĂ©e enlĂšve la princesse Ariane, mais, se lassant dâelle, il lâabandonne finalement sur une Ăźle.
Ă son retour, ThĂ©sĂ©e oublie de hisser les voiles blanches de son bateau. Voyant de loin sâapprocher des voiles noires, ĂgĂ©e pense que son fils est mort. DĂ©sespĂ©rĂ©, il se jette dans la mer.
Câest depuis cette Ă©poque que la mer qui borde les cĂŽtes grecques sâappelle la mer ĂgĂ©e.
Ă la mort de son pĂšre, ThĂ©sĂ©e devient roi dâAthĂšnes. Mais il doit dâabord exterminer ses cousins, les Pallantides, qui contestent sa lĂ©gitimitĂ©. Aricie est la seule survivante de ce massacre.
Pour ces raisons Ă©minemment politiques, la jeune fille nâa pas le droit de se marier ni dâavoir une descendance. Lâamour dâHippolyte pour Aricie est donc un amour impossible.
ScĂšne 3. PhĂšdre est dĂ©sespĂ©rĂ©e, au bord du suicide. Elle finit par avouer Ă sa nourrice Oenone la terrible vĂ©ritĂ© : elle est passionnĂ©ment amoureuse dâHippolyte, le fils de son mari ThĂ©sĂ©e !
Lâaveu de PhĂšdre Ă Oenone est terrible, elle retrace lâhistoire de ses souffrances. Oenone sur scĂšne est, comme le spectateur, prise de terreur et de pitiĂ©.
Pour en savoir plus, je vous invite à voir mon commentaire composé vidéo sur ce passage
(sur www.mediaclasse.fr).
Pourquoi lâamour de PhĂšdre est-il si coupable ? HĂ© bien, le problĂšme, câest quâHippolyte est le fils de ThĂ©sĂ©e de son prĂ©cĂ©dent mariage avec Antiope. Les sentiments de PhĂšdre sont donc Ă la fois adultĂšres et incestueux.
Mais il faut savoir que cette passion coupable est inspirĂ©e par la dĂ©esse VĂ©nus, la dĂ©esse de lâamour, qui poursuit PhĂšdre de sa malĂ©diction.
DâoĂč le vers trĂšs cĂ©lĂšbre :
Ce nâest plus une ardeur dans mes veines cachĂ©es,
Câest VĂ©nus tout entiĂšre Ă sa proie attachĂ©e !
Pourquoi VĂ©nus est-elle aussi vindicative Ă lâĂ©gard de PhĂšdre ?
Dans la mythologie, VĂ©nus, câest Aphrodite, mariĂ©e Ă HĂ©phaĂŻstos, dieu du feu, des forges, de la mĂ©tallurgie, des volcans. En latin, on lâappelle Vulcain.
Câest un personnage contrefait et boiteux, et il est toujours trĂšs occupĂ©. Alors VĂ©nus le trompe avec un dieu beaucoup plus sĂ©duisant : ArĂšs (ou Mars en latin) le dieu de la guerre.
Mais Hélios, le dieu du soleil, aperçoit les deux amants lors de sa course quotidienne. Il prévient alors Héphaïstos qui va concevoir un piÚge : un filet magique qui emprisonne le couple.
Bien sûr, tous les dieux sont prévenus, et ils ne retiennent pas leurs moqueries !
VĂ©nus, atrocement vexĂ©e, va poursuivre la descendance dâHĂ©lios de sa vengeance. Or PhĂšdre est la fille de PasiphaĂ© qui est elle-mĂȘme la fille dâHĂ©lios.
PasiphaĂ© elle-mĂȘme fut victime de VĂ©nus qui lui inspira amour et dĂ©sir pour un taureau, relation contre-nature qui donna naissance au Minotaure.
En tout cas, cette histoire Ă©claire notre piĂšce : PhĂšdre nâest pas complĂštement coupable, elle est surtout victime dâune malĂ©diction.
Câest cela qui intĂ©resse Racine. Dans sa prĂ©face, il indique que « PhĂšdre a toutes les qualitĂ©s qu'Aristote demande dans le hĂ©ros de la tragĂ©die, et qui sont propres Ă exciter la compassion et la terreur. En effet, PhĂšdre n'est ni tout Ă fait coupable, ni tout Ă fait innocente »
à la fin de ce premier acte, coup de théùtre : on apprend que Thésée est mort !
Cela provoque une crise politique : Ă qui revient le trĂŽne⊠dâAthĂšnes ?
> Aricie, la fille des anciens rois ?
> Hippolyte, le fils de Thésée avec sa premiÚre épouse Antiope ?
> Acamas, le fils de PhÚdre avec Thésée ?
La mort de ThĂ©sĂ©e a une deuxiĂšme consĂ©quence: il nây a plus de lien de parentĂ© entre PhĂšdre et Hippolyte. Sa passion nâest donc plus ni adultĂšre ni incestueuse.
Oenone fait voir Ă PhĂšdre combien la situation a changĂ©. Il faut quâelle aille consulter Hippolyte pour organiser la succession de ThĂ©sĂ©e.
Acte II
Dans la premiĂšre scĂšne de lâacte II, Hippolyte propose Ă Aricie un arrangement politique : il rĂšgnera sur TrĂ©zĂšne, Aricie aura AthĂšnes, et Acamas rĂ©cupĂ©rera la CrĂšte de son grand-pĂšre.
Puis Hippolyte succombe Ă ses Ă©motions et dĂ©clare son amour Ă Aricie. La jeune femme avoue que cet amour est rĂ©ciproque. Mais les Ă©panchements sont interrompus par lâarrivĂ©e de PhĂšdre.
PhĂšdre se conduit comme une veuve qui pleure son mari. Pourtant, Ă travers lâĂ©loge quâelle fait de ThĂ©sĂ©e, on reconnaĂźt davantage le portrait dâHippolyte.
Ce double discours fait place Ă un aveu oĂč PhĂšdre dĂ©clare son amour au jeune homme. SidĂ©rĂ©, le jeune homme reste silencieux.
Je vous propose de regarder mon commentaire vidéo sur cet extrait.
Nouveau coup de théùtre, on apprend que Thésée est vivant et bientÎt de retour à TrézÚne.
Acte III
Le retour de ThĂ©sĂ©e dĂ©sespĂšre PhĂšdre, qui devient dâautant plus coupable quâelle a dĂ©sormais avouĂ© son amour Ă Hippolyte.
Et si Thésée venait à découvrir la vérité ?
Oenone propose Ă PhĂšdre de mentir, et dâannoncer Ă ThĂ©sĂ©e que câest Hippolyte qui lui a fait des avances. PhĂšdre est dâabord indignĂ©e, puis elle sâen remet Ă sa nourrice.
OENONE
Que ne demande point votre honneur menacé ?
Câest un trĂ©sor trop cher pour oser le commettre.
Quelque loi quâil vous dicte, il faut vous y soumettre,
Madame ; et pour sauver votre honneur combattu,
Il faut immoler tout, et mĂȘme la vertu.
On vient ; je vois Thésée.
PHĂDRE
Ah ! je vois Hippolyte ;
Dans ses yeux insolents je vois ma perte Ă©crite.
Fais ce que tu voudras, je mâabandonne Ă toi.
Dans le trouble oĂč je suis, je ne puis rien pour moi.
De retour à TrézÚne, Thésée trouve le comportement de sa femme étrange.
THĂSĂE
La fortune Ă mes vĆux cesse dâĂȘtre opposĂ©e,
Madame, et dans vos bras met...
PHĂDRE
ArrĂȘtez, ThĂ©sĂ©e.
Et ne profanez point des transports si charmants :
Je ne mérite plus ces doux empressements ;
Vous ĂȘtes offensĂ©. La fortune jalouse
Nâa pas en votre absence Ă©pargnĂ© votre Ă©pouse.
Indigne de vous plaire et de vous approcher,
Je ne dois dĂ©sormais songer quâĂ me cacher.
De mĂȘme le comportement dâHippolyte est dĂ©routant.
THĂSĂE
Quel est lâĂ©trange accueil quâon fait Ă votre pĂšre,
Mon fils ?
HIPPOLYTE
PhĂšdre peut seule expliquer ce mystĂšre.
Mais, si mes vĆux ardents vous peuvent Ă©mouvoir,
Permettez-moi, seigneur, de ne la plus revoir ;
Souffrez que pour jamais le tremblant Hippolyte
Disparaisse des lieux que votre Ă©pouse habite.
Acte IV
Oenone accuse Hippolyte dâavoir fait des avances Ă PhĂšdre.
ThĂ©sĂ©e est horrifiĂ©, il maudit son fils et appelle sur lui la colĂšre de Neptune le dieu de la mer, quâon appelle PosĂ©idon en latin.
Il est intĂ©ressant de voir ici une petite diffĂ©rence entre la version de Racine et lâhistoire telle quâelle est racontĂ©e dans lâantiquitĂ©.
En effet, chez Euripide et SĂ©nĂšque, PhĂšdre calomnie Hippolyte puis se suicide sans avouer sa faute.
Racine a voulu attĂ©nuer la responsabilitĂ© de PhĂšdre : câest Oenone qui accuse Hippolyte, et PhĂšdre avouera son amour coupable Ă ThĂ©sĂ©e avant de mourir.
« Jâai cru que la calomnie avait quelque chose de trop bas et de trop noir pour la mettre dans la bouche dâune princesse qui a dâailleurs des sentiments si nobles et si vertueux »
Hippolyte vient voir son pĂšre pour sâinnocenter, il va mĂȘme jusquâĂ avouer son amour pour Aricie.
HIPPOLYTE
Je confesse à vos pieds ma véritable offense :
Jâaime, jâaime, il est vrai, malgrĂ© votre dĂ©fense.
Aricie Ă ses lois tient mes vĆux asservis ;
La fille de Pallante a vaincu votre fils :
Je lâadore ; et mon Ăąme, Ă vos ordres rebelle,
Ne peut ni soupirer, ni brûler que pour elle.
THĂSĂE
Tu lâaimes ! ciel ! Mais non, lâartifice est grossier :
Tu te feins criminel pour te justifier.
Sors, traĂźtre : nâattends pas quâun pĂšre furieux
Te fasse avec opprobre arracher de ces lieux.
Pendant ce temps, PhĂšdre est prise de remords. Elle vient avouer la vĂ©ritĂ© Ă ThĂ©sĂ©e, mais quand elle apprend quâHippolyte est amoureux dâAricie, la jalousie sâempare dâelle, et elle ne dit rien.
Une fois seule, PhÚdre réalise à quel point son comportement est honteux.
Elle sâemporte contre Oenone qui lui a prodiguĂ© de perfides conseils.
PHĂDRE
Tes priĂšres mâont fait oublier mon devoir ;
J'Ă©vitais Hippolyte, et tu me lâas fait voir.
De quoi te chargeais-tu ? pourquoi ta bouche impie
A-t-elle, en lâaccusant, osĂ© noircir sa vie ?
Il en mourra peut-ĂȘtre, et dâun pĂšre insensĂ©
Le sacrilĂšge vĆu peut-ĂȘtre exaucĂ©.
Je ne tâĂ©coute plus. Va-tâen, monstre exĂ©crable ;
Va, laisse-moi le soin de mon sort déplorable.
On apprendra plus tard quâĂ la suite de ces reproches, Oenone sâest suicidĂ©e en se jetant dans la mer.
Acte V
Aricie elle-mĂȘme va plaider lâinnocence dâHippolyte auprĂšs de ThĂ©sĂ©e, mais câest en vain :
ARICIE
Et comment souffrez-vous que dâhorribles discours
Dâune si belle vie osent noircir le cours ?
Avez-vous de son cĆur si peu de connaissance ?
Discernez-vous si mal le crime et lâinnocence ?
Craignez, seigneur, craignez que le ciel rigoureux
Ne vous haĂŻsse assez pour exaucer vos vĆux.
THĂSĂE
Non, vous voulez en vain couvrir son attentat ;
Votre amour vous aveugle en faveur de lâingrat.
Comme le craignait Aricie, la priÚre de Thésée est exaucée trÚs rapidement. Hippolyte est emporté par un monstre marin.
Câest ThĂ©ramĂšne qui rapporte la mauvaise nouvelle et raconte cet Ă©vĂ©nement impossible Ă mettre en scĂšne au thĂ©Ăątre.
Il fait donc ce quâon appelle une hypotypose : une description qui donne Ă voir une scĂšne animĂ©e et frappante.
THĂRAMĂNE
à peine nous sortions des portes de TrézÚne,
Il suivait tout pensif le chemin de MycĂšnes ;
Cependant sur le dos de la plaine liquide,
SâĂ©lĂšve Ă gros bouillons une montagne humide ;
Lâonde approche, se brise, et vomit Ă nos yeux,
Parmi des flots dâĂ©cume, un monstre furieux.
Hippolyte lui seul, digne fils dâun hĂ©ros,
ArrĂȘte ses coursiers, saisit ses javelots,
Pousse au monstre, et dâun dard lancĂ© dâune main sĂ»re,
Il lui fait dans le flanc une large blessure.
De rage et de douleur le monstre bondissant
Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant,
Excusez ma douleur : cette image cruelle
Sera pour moi de pleurs une source Ă©ternelle.
Jâai vu, seigneur, jâai vu votre malheureux fils
Traßné par les chevaux que sa main a nourris.
Il veut les rappeler, et sa voix les effraie ;
Ils courent : tout son corps nâest bientĂŽt quâune plaie.
Jâarrive, je lâappelle ; et me tendant la main,
Il ouvre un Ćil mourant quâil referme soudain :
« Le ciel, dit-il, mâarrache une innocente vie.
« Prends soin aprÚs ma mort de la triste Aricie.
ScÚne finale. PhÚdre a absorbé un poison, et vient avouer toute la vérité à Thésée.
PHĂDRE
Non, Thésée, il faut rompre un injuste silence ;
Il faut Ă votre fils rendre son innocence :
Il nâĂ©tait point coupable.
Câest moi qui sur ce fils, chaste et respectueux,
Osai jeter_un Ćil profane, incestueux.
Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste :
La dĂ©testable Ćnone a conduit tout le reste.
Cette scĂšne finale est comme une piĂšce de thĂ©Ăątre dans le thĂ©Ăątre, oĂč PhĂšdre juge sa propre culpabilitĂ©.
Le regard de Thésée se superpose au regard du spectateur, qui assiste avec un mélange de terreur et de pitié à la mort de PhÚdre.
Pour en savoir plus, je vous invite à découvrir mon commentaire vidéo sur ce passage.
Conclusion
Que peut-on dire du destin de PhĂšdre ?
Jusquâau dernier moment, elle aura essayĂ© de lutter contre sa faute, sans parvenir Ă Ă©chapper Ă la malĂ©diction de VĂ©nus.
On peut trouver dans cette fatalité des traces du jansénisme de Racine.
En effet, Racine a fait toute son Ă©ducation dans lâabbaye de Port-Royal des Champs, qui se trouve dans la vallĂ©e de Chevreuse.
Dans cette abbaye, les religieux Ă©taient jansĂ©nistes, c'est-Ă -dire quâils enseignaient la pensĂ©e de CornĂ©lius Jansen.
CornĂ©lius Jansen Ă©tait lâĂ©vĂȘque dâYpres en Belgique. Lors dâune controverse avec les jĂ©suites, il dĂ©fend lâidĂ©e que lâhomme nâa pas la libertĂ© de sauver son Ăąme.
Câest ce quâon appelle la prĂ©destination : Dieu aurait choisi Ă lâavance ceux qui seront graciĂ©s et ceux qui ne le seront pas.
Cette idĂ©e sâoppose au libre-arbitre, la doctrine officielle du catholicisme, selon laquelle lâhomme peut racheter ses pĂ©chĂ©s par sa conduite.
Le thĂ©Ăątre Ă©tait fort mal vu par les jansĂ©nistes. Lâun des anciens maĂźtres de Racine, messire Pierre Nicole, avait dit :
« Le dramaturge est un empoisonneur public, non des corps, mais des ùmes des fidÚles.
Dans sa piÚce, Racine répond à son ancien maßtre et prouve que le théùtre peut au contraire transmettre des idées morales, nobles et élevées.
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