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🔎 Chapitre 3 (Candide se sauve d'entre les Bulgares)
🔎 Chapitre 3 (Candide se sauve d'entre les Bulgares)
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Commentaire composé du chapitre 3 de Candide de Voltaire
Extrait étudié
Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons ; formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs ; d'autres à demi brûlées criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et les héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu'on y était chrétien, il ne douta pas qu'on ne le traitât aussi bien qu'il l'avait été dans le château de M. le baron, avant qu'il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.
Introduction
Avec Candide, Voltaire souhaite montrer les erreurs de la philosophie optimiste, défendue par Leibniz et son disciple Wolf. Selon les optimistes, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possible : la Providence organise le monde de manière à ce qu’il y ait le moins de mal possible. Leibniz développe ces idées notamment dans sa Théodicée ; ce nom composé avec des termes grecs, signifie “la justice de Dieu”. Leibniz essaye de concilier l’idée d’un Dieu bon et omnipotent avec la constatation du mal sur Terre. Il explique que l’existence du mal est nécessaire pour aller vers un progrès. Cette idée est très partagée parmi les philosophes des Lumières, mais pour Voltaire il n’y a de progrès que par la volonté des humains de faire le bien.
Il entend donc démontrer par l’exemple que les optimistes se trompent : le mal existe bel et bien dans notre monde, il faut en prendre conscience et lutter contre, au lieu de s’en remettre à une hypothétique Providence. Notre passage est particulièrement central dans ce projet. Après avoir été enrôlé de force dans l’armée Bulgare, Candide est envoyé au milieu d’un champ de bataille, et va rencontrer les horreurs de la guerre. Voltaire nous montre ainsi une réalité face à laquelle la philosophie optimiste ne résiste pas : elle se retrouve dans ce qu’on appelle une aporie, c’est à dire qu’elle n’a pas de réponse.
Problématique
Comment Voltaire montre-t-il que les horreurs de la guerre viennent disqualifier les conclusions de la philosophie Optimiste ?
Annonce du plan
Voici mon plan : d’abord, Voltaire fait un tableau effroyable de la guerre, il nous la dépeint avec de nombreux détails, pour nous émouvoir et nous indigner. Ensuite, Voltaire montre que ce sont les êtres humains qui sont responsables de ce mal, et qu’il n’en sort nul progrès : la guerre est fondamentalement absurde. Enfin, Voltaire montre par les réactions de Candide que les optimistes sont aveugles et incapables de penser ce phénomène de la guerre.
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