Hélène Dorion, Mes Forêts
Le contexte : 4 enjeux clés
Hélène Dorion parvient à saisir, concentrer et exprimer les enjeux de notre époque, dans un simple regard sur un arbre, un bourgeon, un sentier... Voilà 4 points de contexte pour comprendre sa démarche.
Une écriture philosophique
D’abord, premier point, Hélène Dorion est une poétesse, mais pas seulement, dans son parcours, dans ses études et ses publications, la philosophie est fondatrice.
Par exemple, dans son essai Sous l’arche du temps, elle montre avec des images fortes, comment la parole poétique peut porter des valeurs fédératrices et agir contre les logiques mortifères qui envahissent nos sociétés.
Hélène Dorion a aussi écrit de nombreux romans. Juste avant Mes Forêts, elle a publié Pas même le bruit d’un fleuve, où le personnage principal, Hanna, à la mort de sa mère, part à la découverte de son passé en remontant le fleuve St-Laurent.
Ces différents écrits éclairent notre recueil, parce qu’ils révèlent une même démarche : on ne peut explorer le monde sans faire ressurgir le passé, et cette confrontation est salutaire, parce qu’elle nous aide à forger notre identité présente et notre avenir.
Une expression artistique multiple
Ensuite, deuxième point, Hélène Dorion exprime la complexité et les fragilités du monde qui nous entoure, en recourant à des arts variés, qui mobilisent toutes nos perceptions.
Sa poésie est régulièrement illustrée par des artistes, comme Julius Baltazar qui met en images ses Battements de terre, ou Jean-Luc Herman qui met en couleur ses Carrés de Lumière.
Hélène Dorion s’inspire des paysages visibles depuis les fenêtres de son atelier d’écriture, ou encore à travers les photographies d’artistes ou d’aventurières comme Marie-France L'Ecuyer.
La musique est aussi très importante dans l’œuvre d’Hélène Dorion : régulièrement, elle associe ses écrits à des playlists Spotify, et depuis 2015, elle présente des concerts littéraires avec des orchestres renommés.
Un renouveau du lyrisme
Troisième point : dans sa poésie, Hélène Dorion renouvelle ce qu’on appelle le lyrisme. Le lyrisme, traditionnellement, c’est la figure d’Orphée, poète qui chante sa douleur avec une lyre, touchant les animaux et même les pierres.
Hélène Dorion bouscule le lyrisme de trois manières différentes. D’abord parce qu’elle n’hésite pas à incarner une première personne féminine, qui prolonge les mots d’autrices comme Ann Lauterbach, Silvia Baron Supervielle, Kathleen Raine, Annie Dillard qui ouvrent chacune une section de notre recueil.
Ensuite, parce que le lyrisme d’Hélène Dorion est sans cesse menacé par le silence. Les bruits sont ténus, craquement d’écorce, onde de choc sur l’eau, bruissement des feuilles. Il faut tendre l’oreille pour entendre ce souffle qui traverse le recueil.
Et enfin, le lyrisme de Dorion se démarque des modèles traditionnels de poètes qui chantent la Nature comme Lamartine par exemple, parce que le paysage n’est plus un simple état d’âme : il s’impose à notre conscience comme un véritable défi collectif.
La Nature et le monde actuel
Son regard sur la Nature : c’est là le dernier point qui ancre le travail d’Hélène Dorion dans l’actualité. Le constat qu’elle fait de la fragilité du monde est accablant, mais il n’est pas pessimiste. Hélène Dorion veut tracer, par la poésie, un chemin lumineux.
Le recueil Mes Forêts a été écrit pendant la crise sanitaire du Covid. Le confinement a interrogé la nécessité et le sens de nos activités humaines, il a mis en relief l’importance de notre lien à l’autre, de la solidarité, de toutes les formes d’engagement.
Il s’agit donc de faire de ces expériences douloureuses quelque chose de salutaire : contempler la nature, partager sa détresse, écouter ce qu’elle a à nous dire… Cela nous invite à utiliser notre imagination pour nous réinventer.
Hélène Dorion sur le plateau de La Grande Librairie.
⇨ * DORION, 𝘔𝘦𝘴 𝘍𝘰𝘳ê𝘵𝘴 💟 Le contexte (fiche PDF téléchargeable) *