Couverture pour Le chevalier de la charrette

Chrétien de Troyes
Le Chevalier de la charrette
Abrégé et expliqué




Voici un roman oĂą le hĂ©ros n’a pas de nom pendant la moitiĂ© du rĂ©cit : chevalier talentueux, il est pourtant mĂ©prisĂ© par tous parce qu’il est montĂ© sur une charrette. Amoureux de Guenièvre, la femme du roi Arthur, il n’est pas irrĂ©prochable…

Mais c’est peut-ĂŞtre justement ce paradoxe qui fait de Lancelot un hĂ©ros fascinant, qui continue de nous marquer aujourd’hui. Sa relation avec la reine fonde l’amour courtois… InspirĂ© du lien fĂ©odal, il va plus loin encore : au service de sa dame, le chevalier est prĂŞt Ă  tout, mĂŞme Ă  se dĂ©shonorer.

Plusieurs innovations font de ce roman un tournant historique : invention d’une nouvelle forme de narration en langue romane, invention d’un sentiment amoureux fait de dĂ©votion, invention d’une forme d’hĂ©roĂŻsme oĂą la force se mĂŞle Ă  la faiblesse.

Je te propose de découvrir ce roman avec moi, pas à pas. J’ai adopté une traduction proche du style de Chrétien de Troyes, et j’ai conçu un chapitrage pour nous repérer dans l’aventure…

Prologue



Avant de commencer son roman, Chrétien de Troyes explique qu’il l’écrit parce qu’il est dévoué à sa protectrice, la dame de Champagne. C’est la fille de Louis VI roi de France, et d’Aliénor d’Aquitaine, très influente dans la vie culturelle de l’époque.

ChrĂ©tien dit qu’il n’a pas l’intention de la flatter, comme un autre le ferait Ă  sa place :
Il dirait [...] que c'est la dame qui surpasse toutes les dames du monde, comme surpasse tous les autres vents la brise soufflant en mai ou en avril.

Il la compare même à une pierre précieuse valant plus que toutes les autres. Cette figure de style, qui consiste à affirmer qu’on ne dit pas ce qu’on dit tout de même, c’est une prétérition.

En affirmant qu’il obĂ©it Ă  sa dame, il annonce dĂ©jĂ  la thĂ©matique du roman : un homme se met au service d’une femme.
ChrĂ©tien commence son livre du Chevalier de la Charrette : la comtesse lui fournit la matière et la ligne directrice ; lui, il veille Ă  la mise en forme, sans rien apporter de plus que ses efforts et ses soins.

Est-il vraiment modeste ici ? ChrĂ©tien de Troyes laisse entendre que ces « efforts Â» et ces « soins Â» sont justement beaucoup : on lui doit tout l’art du rĂ©cit qui commence…

Chapitre I
L’enlèvement de la reine Guenièvre



Nous voilĂ  Ă  la cour du roi Arthur, splendide pendant l’Ascension. Arrive alors un chevalier, qui lance un dĂ©fi au roi :
— Roi Arthur, je retiens prisonniers des gens de ta terre [...] mais [...] je veux te faire savoir que tu n'as ni la force ni la richesse suffisantes pour les ravoir.

Et il s’explique : il ne consentira Ă  les libĂ©rer que si un chevalier a le courage de l’affronter chez lui, en amenant la reine elle-mĂŞme.

Après son dĂ©part, Keu prend la parole (il est sĂ©nĂ©chal, c’est lui qui gère l'intendance du château). HĂ© bien il a dĂ©cidĂ© de quitter ses fonctions !
— Roi, je t'ai servi bien longtemps avec fidélité et loyauté, mais [...] je n'ai plus ni la volonté ni le désir d'être désormais à ton service.

Le roi et la reine lui promettent alors tout ce qu’il voudra. C’est le motif du don contraignant : une promesse en blanc, qu’on risque fort de regretter !

Keu dit alors qu’il veut amener la reine avec lui au pays de Méléagant. Arthur est horrifié, mais il a donné sa parole.
Au moment du départ s'élevèrent de grandes lamentations chez tous ceux qui virent la reine, comme [...] déjà morte et mise en bière.

Par ces allusions funèbres, on devine que ce cheminement au pays de Gorre est presque un voyage aux Enfers.

Une fois qu’ils sont partis, un autre personnage prend la parole : Gauvain, chevalier loyal, mesurĂ© : il dit franchement au roi qu’il a eu tort de laisser partir la reine. Il faut maintenant la sauver. Arthur accepte, et ils partent avec une troupe.

Arrivés près de la forêt, ils trouvent le cheval de Keu, sans cavalier, les rênes coupées. tout le monde comprend que le chevalier a été vaincu, et que la reine a été faite prisonnière.


Chapitre II
Le chevalier inconnu et la charrette



BientĂ´t Gauvain croise un chevalier inconnu, dont le pauvre cheval s’effondre de fatigue. Sans hĂ©siter, il lui propose de prendre l’un de ses destriers : le chevalier accepte, saute sur le premier qu’il voit, et s’en va aussitĂ´t Ă  travers bois.

Un peu plus loin, Gauvain découvre les restes d’une bataille, et en poursuivant sa route, il retrouve le chevalier inconnu, arrêté devant une charrette conduite par un nain.

Il faut savoir qu’à l’époque, la charrette est une sorte de pilori mobile réservé aux criminels, c’est donc un signe d’infâmie.
— Nain, [...] dis-moi donc si tu as vu passer par ici ma dame la reine.
— Si tu acceptes de monter sur cette charrette que je conduis, alors d'ici demain tu pourras savoir ce que la reine est devenue.


Le chevalier hĂ©site et ici le rĂ©cit se fait allĂ©gorique :
Raison qui s'oppose Ă  Amour lui dit ne pas y monter. [...] Pourtant, Amour [...] l'exhorte Ă  monter [...] il y saute donc. Peu lui importe la honte, du moment que c'est [...] la volontĂ© d'Amour !

On comprend alors que ce chevalier inconnu est amoureux de la reine, et qu’il est prêt à tout pour elle. Comme il est monté sur la charrette, tout le monde l’insulte sur le trajet.

Enfin, ils arrivent dans un château où ils sont accueillis par une demoiselle élégante qui leur montre deux lits, mais leur interdit le troisième, le plus somptueux.
— Dans le troisième qui est de ce côté-ci, comme vous le voyez, nul ne peut se coucher s'il ne l'a pas mérité. Il vous en coûterait très cher si l’idée même vous en venait à l’esprit.
— S'en fâche ou s'en afflige qui voudra, c'est dans ce lit que je veux me coucher et me reposer tout à loisir.


Chapitre III
Le lit défendu



Une fois dans le lit dĂ©fendu, le chevalier inconnu s’endort… Mais Ă  minuit, une lance enflammĂ©e tombe du plafond !
Le fer de la lance frôle le côté du chevalier en lui écorchant un peu la peau, mais [...] il éteint le feu, saisit la lance et la jette au milieu de la salle, sans pour autant quitter son lit.

Le lendemain, il s’éveille et regarde par la fenĂŞtre : il voit alors au loin un cortège emmenant la reine Guenièvre ! Il manque de tomber par la fenĂŞtre. Heureusement, Gauvain le retient, et ils repartent au plus vite ; mais le cortège est dĂ©jĂ  loin…

ArrivĂ©s Ă  un carrefour, ils croisent une demoiselle très sage, qu’ils interrogent sur le sort de la reine. Elle dĂ©crit alors les deux chemins qui mènent au pays de Gorre :
—  L'un s'appelle le Pont immergĂ©, parce qu'il est sous l'eau... L'autre pont est de loin [...] le plus dangereux : aussi tranchant qu'une Ă©pĂ©e.

Le chevalier de la charrette choisit sans hésiter le Pont de l’Épée, Gauvain ira au Pont sous l’Eau. Chacun part de son côté.

Chapitre IV
Le gué périlleux



En chemin, le chevalier de la charrette pense tellement à Guenièvre, qu’il n’entend pas les menaces d’un chevalier qui lui demande un péage pour passer un gué.

Le gardien du gué l’envoie rouler au milieu de l’eau. Revenu à lui, le chevalier de la charrette s’étonne de cette attaque.
— Vassal, [...] pourquoi m'avez-vous frappĂ© [...] alors [...] que je ne vous avais causĂ© aucun tort ?
— Ma foi, si, [...] ne vous ai-je pas interdit par trois fois le guĂ©, en criant le plus fort possible ?


Le combat s’engage, et bientĂ´t, le gardien du guĂ© est vaincu. Mais une demoiselle qui assistait au combat lui demande sa grâce, le chevalier de la charrette accepte :
—  J'en atteste Dieu, [...] à celui qui me demande pardon [...] comme il se doit [...] je le lui accorde, mais une seule et unique fois.

Chapitre V
La demoiselle entreprenante



Sur le chemin, le chevalier de la charrette croise une jeune fille très entreprenante : elle l’invite Ă  venir passer la nuit chez elle, Ă  la condition de coucher avec elle. Cela le contrarie mais n’ayant pas le choix, il accepte.

Au château, ils partagent un repas somptueux. Ensuite, la jeune fille s’éclipse dans sa chambre. Fidèle à sa parole, le chevalier la rejoint. Mais il la trouve empoignée par un autre chevalier prêt à la déshonorer.
— Ă€ l'aide [...] ! Chevalier, [...] mon hĂ´te, [...] toi seul doit coucher avec moi. [...] Le laisseras-tu donc me violer sous tes yeux ?

La porte est gardĂ©e par deux hommes armĂ©s d’épĂ©es, et quatre autres armĂ©s de haches. Notre hĂ©ros rĂ©flĂ©chit un instant :
— Je me suis mis en route pour [...] délivrer la reine Guenièvre. [...] Si Lâcheté me prête ses sentiments, [...] je suis [...] déshonoré.

Il bondit alors et se esquive les gens armés d’épées, avant de massacrer avec sa propre hache le premier qui l’approche. Blessé, il parvient pourtant à s’interposer devant l’agresseur.

La demoiselle intervient alors : tout ça n’était qu’une mise en scène ! Elle congĂ©die les serviteurs qui ont survĂ©cu et dit :
— Seigneur, vous avez bien assuré ma défense contre tous les gens de ma maison. Venez maintenant.

Elle rejoint le lit. Pour respecter sa parole, il se couche à côté de la demoiselle, mais reste distant, car il ne pense qu’à la reine. Comprenant son silence, elle décide finalement de s’en aller, admirant ce chevalier si fidèle à sa mission.

Chapitre VI
Le peigne de la reine



Le lendemain, la demoiselle propose de venir avec lui si, selon la coutume, il veut bien la protéger contre toute mauvaise rencontre. Notre héros accepte volontiers.

Aux abords d’une source, la jeune fille tente de dĂ©tourner leur chemin, mais le chevalier insiste pour s’en approcher : sur la margelle de pierre se trouve un magnifique peigne d’ivoire que la jeune fille rĂ©clame aussitĂ´t.

Le chevalier accepte, il ramasse le peigne et insiste pour savoir Ă  qui il appartient.
— Si jamais dans ma vie j'ai été bien renseignée, ce peigne appartenait à la reine.

Cette rĂ©vĂ©lation bouleverse le chevalier, il manque de tomber de cheval. La jeune fille accourt : il se ressaisit et, comme il l’a promis, il lui donne le peigne. Mais il retire d’abord dĂ©licatement les cheveux de la reine qui se trouvent pris entre les dents.
La jeune fille remonte très vite en selle, en emportant le peigne avec elle. Et le chevalier trouve [...] son bonheur dans les cheveux qu'il presse contre son cœur.

Chapitre VII
Le prétendant discourtois



Le chevalier et la demoiselle s’engagent sur un sentier très Ă©troit. Soudain, un chevalier survient. La jeune fille le reconnaĂ®t :
— Voyez-vous cet homme ? [...] Il est persuadĂ© de m'emmener avec lui sans trouver [...] rĂ©sistance [...] car il m'aime, mais c'est folie de sa part. Ă€ prĂ©sent, on va juger si vous ĂŞtes capable de vaillance.

Pendant ce temps, le prĂ©tendant s’est approchĂ© et les salue, sans cacher ses intentions :
— Que la personne [...] dont j'ai [...] reçu le plus de souffrance, soit la bienvenue. [...] Tous mes vĹ“ux sont exaucĂ©s, puisque je peux vous emmener tout de suite avec moi !

Mais la demoiselle lui fait remarquer qu’elle est accompagnĂ©e d’un protecteur. Le prĂ©tendant se met Ă  rire :
— Vraiment, quelle bien piètre escorte, [...] même si cela [...] lui déplaît [...] je vous emmènerai sous ses propres yeux.
— Seigneur, [...] soyez un peu mesuré dans vos propos. [...] Pour l'instant, elle n'a rien à redouter de vous.


Ils gagnent alors une prairie oĂą de jeunes gens jouent et dansent, mais ils murmurent en voyant arriver le chevalier de la charrette. Le père du prĂ©tendant est lĂ  aussi. Il dĂ©conseille son fils d’affronter ce chevalier, mais rien n’y fait :
— Vous le savez bien, c'est en blâmant le désir d'un homme [...] que la brûlure s'en attise. [...] Je me battrai plutôt malgré vous.

Le père est obligé de faire appel à ses vassaux pour maîtriser son fils. Puis il lui accorde une concession
— Pour adoucir ta peine, nous suivrons toi et moi, si tu veux, le chevalier. [...] On pourrait peut-être le voir [...] sous un jour tel que je te laisserais te mesurer à lui et te battre comme tu le veux.

Alors, ceux qui jouaient dans la prairie sont stupéfaits de voir notre héros partir sans être inquiété.
— Vous avez vu ? Celui qui a Ă©tĂ© sur la charrette [...] emmène avec lui l'amie du fils de notre seigneur. [...] En vĂ©ritĂ© [...] il faut bien qu'il trouve en lui quelque valeur.

Chapitre VIII
Le cimetière prophétique



Sur la route, le chevalier et la demoiselle dĂ©couvrent une Ă©glise bordĂ©e d’un cimetière. Un moine les accueille et leur montre des tombes oĂą sont inscrits des noms de chevaliers vivants  : Loholt, Yvain, et mĂŞme Gauvain !

S’étant arrĂŞtĂ© devant une tombe plus belle que les autres, le moine explique : une prophĂ©tie est liĂ©e Ă  celle-ci.
— Celui qui soulèvera cette dalle [...] délivrera celles et ceux qui sont emprisonnés dans cette terre dont nul ne peut sortir.

Il prĂ©cise qu’il faudrait au moins sept hommes pour rĂ©ussir. Mais le chevalier saisit la dalle et la soulève sans effort !… TouchĂ© par le prodige, le moine presse le chevalier de rĂ©vĂ©ler son nom, mais celui-ci refuse…

Pendant ce temps, le prĂ©tendant et son père ont vu l’exploit de loin : ils comprennent qu’il est inutile de rivaliser avec ce chevalier, et font demi-tour.

Ayant repris leur route, la demoiselle insiste pour connaître le nom de son protecteur, mais comme il ne veut pas le dire, elle préfère le laisser poursuivre seul.

Chapitre IX
Le vavasseur hospitalier



À la tombée de la nuit, le chevalier croise un vavasseur qui l’invite à passer la nuit dans sa demeure. À leur arrivée, ils sont accueillis par sa dame, ses cinq fils et ses deux filles. Ils expliquent qu’ils sont captifs du pays de Gorre.
— Selon cette coutume [...] tout Ă©tranger venu par ici est contraint d'y rester. [...] De mĂŞme en va-t-il pour vous dĂ©sormais : vous n'en sortirez plus, je crois.
— Mais si, je sortirai, [...] je ferai tout ce qui est en mon pouvoir.


Devant cette assurance, le vavasseur comprend qu’il a affaire au fameux chevalier venu sauver la reine. Il le met alors en garde contre le passage des Pierres, particulièrement dangereux. Mais le chevalier refuse de prendre un chemin plus long.

Deux des fils du vavasseur se proposent alors de l’accompagner, ce que le chevalier accepte avec joie.

Chapitre X
Le Passage des Pierres



Au petit matin, le chevalier et ses compagnons arrivent au Passage des Pierres. Depuis une bretèche, le dĂ©fenseur du passage les interpelle :
— Pour un homme qui est montĂ© sur une charrette, tu as fait preuve d’une trop grande audace [...] pour t’être aventurĂ© ici !

Ils s’affrontent alors, et notre chevalier brise d’emblée la lance du défenseur, qu’il blesse à la gorge. Les autres hommes, armés de haches, renoncent à se battre et le laissent passer.

Chapitre XI
La révolte des gens de Logre



Alors qu’ils chevauchent, un Ă©cuyer arrive au galop et s’adresse Ă  l’homme qui les conduit :
— Seigneur, venez vite, les gens de Logres ont pris les armes pour attaquer ceux de cette terre : [...] la bataille est engagĂ©e !

Ils se pressent alors et traversent la porte d’une forteresse. Dès qu’il passent l’entrée, une herse se ferme derrière eux.

Chrétien de Troyes rappelle alors ici que le personnage principal de notre histoire possède un anneau magique, capable de dissiper les enchantements. C’est un anneau qu’il tient de la Dame du Lac, la fée qui l’a élevé pendant son enfance.
Mais il voit bien, quand il l'invoque et consulte la pierre, qu'il n'y a pas d'enchantement. Il reconnaît en toute certitude qu'ils sont bel et bien enfermés.

Alors Ă  coups d’épĂ©es, ils parviennent Ă  rompre la barre de la porte. Une fois dehors, la bataille fait rage. Le chevalier se lance aussitĂ´t dans la mĂŞlĂ©e : les gens de Logre voyant que le chevalier annoncĂ© est avec eux, repoussent leurs ennemis.

Le soir, chacun veut avoir l’honneur d’hĂ©berger notre hĂ©ros, mais celui-ci les apaise :
— Ne vous disputez pas [...], mais veillez plutôt, dans votre intérêt à tous, à me loger en un lieu qui ne m'écarte pas du chemin.

On l’emmène alors avec ses compagnons chez un Seigneur qui les accueille en préparant de grandes festivités.

Chapitre XII
Le chevalier orgueilleux



Pendant le festin, un chevalier orgueilleux se prĂ©sente. Le narrateur le dit mĂŞme plus orgueilleux qu'un taureau ! Il se tient dans une pose exagĂ©rĂ©e, et s'adresse Ă  notre hĂ©ros.
— Tu aurais dĂ» te souvenir de la charrette [...] toi qui t'en va au Pont de l'ÉpĂ©e ! J’exige de toi un pĂ©age [...] Sinon, je rĂ©glerai ton sort !

Notre chevalier refuse poliment : ils vont donc combattre, dans la lande juste Ă  cĂ´tĂ©. Le chevalier orgueilleux, immobilisĂ©, demande grâce, mais notre chevalier se souvient de ses insultes.
— Tout ce que tu saurais me raconter ne servirait à rien, si tu ne montais pas dans la charrette, toi qui (...) m'en a fait le reproche.

Le chevalier orgueilleux se dit prĂŞt Ă  tout mais pas ça ! Pendant qu'il demande grâce, une jeune fille arrive sur une mule fauve :
— Je suis venue (...) pour te demander (...) la tête de ce chevalier (...) car c'est l'être le plus déloyal qui ait jamais été.

Le chevalier orgueilleux proteste : notre hĂ©ros est embarrassĂ©. Dans ce passage allĂ©gorique, il Ă©coute PitiĂ© et Largesse.
Si la jeune fille emporte la tête, Pitié sera vaincue [...] Si elle ne l'emporte pas, c'est Largesse qui sera anéantie.

Il décide alors de laisser une seconde chance au chevalier orgueilleux, mais il le prévient qu'il sera sans pitié cette fois-ci. Le combat reprend, mais notre chevalier l'emporte encore plus facilement. La jeune fille réclame à nouveau sa tête.
— Tu dois me la donner, car un jour [...] je t'en rĂ©compenserai !

Le chevalier frappe alors et la jeune fille obtient la tĂŞte.

Chapitre XIII
Le Pont de l’Épée



Le chevalier et ses deux compagnons parviennent enfin au Pont de l'Épée, et contemplent l'eau si noire et si agitée qu'on aurait dit celle des Enfers. Une épée tranchante surplombe les flots.

Mais ce qui inquiète surtout les deux compagnons, ce sont les lions et les lĂ©opards enchaĂ®nĂ©s de l'autre cĂ´tĂ© du pont :
— Seigneur, imaginons que vous soyez passĂ©, ce qui paraĂ®t [...] aussi impossible [...] que de vider la mer ! [...] Comment pouvez-vous ĂŞtre certain que ces lions (...) ne vont pas vous tuer ?
— Seigneurs (...) je vous remercie de vous inquiĂ©ter pour moi [...] Mais [...] je veux risquer la traversĂ©e. PlutĂ´t mourir que renoncer !


Il désarme ses pieds et ses mains, pour mieux se tenir à la lame, et commence à traverser.
C’est un vrai supplice [...] Il se blesse aux mains et aux pieds, mais Amour [...] le guide [...] lui faisant trouver douce cette souffrance.

De l'autre cĂ´tĂ© ne se trouve aucune crĂ©ature dangereuse : son anneau magique confirme que ce n'Ă©tait qu'un enchantement. Les compagnons se rĂ©jouissent de cette victoire.

Chapitre XIV
Le roi Baudemagu



Il se trouve que le roi Baudemagu et son fils MĂ©lĂ©agant ont assistĂ© Ă  la scène depuis la fenĂŞtre d’une tour. Baudemagu, roi du pays de Gorre, est loyal et juste, tout l’opposĂ© de son fils :
— Fils dis-moi, est-ce que tu n'admires pas l'auteur d'une action aussi extraordinaire ? [...] Agis avec honneur et rends-lui la reine !
— Certes non, je me battrai [...] contre tous ceux qui seront assez tĂ©mĂ©raires pour venir la chercher !


Le roi argumente, mais comme son fils ne veut rien entendre, il dĂ©cide d’aller au devant du chevalier blessĂ© :
— Seigneur, [...] soyez le bienvenu, [...] je vous estime [...] pour avoir réalisé un tel exploit.

Il lui explique que la reine est retenue par son fils MĂ©lĂ©agant, mais qu’il garantit que personne ne peut la violenter. Et avant tout chose, il doit soigner ses blessures. Notre hĂ©ros rĂ©pond :
— Sire, [...] par égard pour vous, j'accepterai de me reposer jusqu'à demain [...] mais je n'attendrai pas davantage.

Baudemagu fait alors venir son meilleur médecin, qui soigne le chevalier toute la nuit.

Chapitre XV
Premier combat contre Méléagant



Au petit matin, les deux adversaires sont lĂ . Baudemagu est Ă  la fenĂŞtre de la tour aux cĂ´tĂ©s de Guenièvre. La foule est dense : les captifs du pays de Gorre espèrent ĂŞtre enfin libĂ©rĂ©s.

Le combat commence : les chevaux se heurtent, les adversaires roulent Ă  terre et se relèvent. Mais c'Ă©tait inĂ©vitable : le chevalier qui a traversĂ© le Pont de l'ÉpĂ©e est affaibli par ses blessures.

Cependant, aux fenĂŞtres de la tour est postĂ©e une jeune fille avisĂ©e qui se dit : c'est pour la reine que le chevalier accomplit des exploits. S'il la voyait, cela lui donnerait du courage ! Elle va voir la reine, et lui demande si elle connaĂ®t le nom du chevalier :
— Lancelot du lac, c'est le nom de ce chevalier !

Alors elle retourne Ă  la fenĂŞtre, et elle l’apostrophe Ă  haute voix :
— Retourne-toi, et regarde celle qui a les yeux fixĂ©s sur toi !

Quand Lancelot voit celle qu'il aime, il reste figé, et son adversaire en profite. Alors la demoiselle avisée lui ordonne de combattre, il se ressaisit et renverse Méléagant.

Comme Baudemagu craint pour son fils, il supplie la reine d’arrĂŞter le combat. Dès qu’elle accepte, Lancelot s’immobilise, mais MĂ©lĂ©agant redouble ses coups. Alors Baudemagu ordonne Ă  ses hommes de le saisir et lui impose un accord :
Aux termes de l'accord, Méléagant doit libérer la reine, à condition que Lancelot sans le moindre retard (...) vienne un an après [...] se battre [...] à la cour du roi Arthur.

Chapitre XVI
Le mécontentement de la reine



Le roi Baudemagu accompagne Lancelot voir la reine :
— Dame, voici Lancelot (...) qui vous a servie au point de mettre [...] sa vie en péril mortel pour vous.
— Sire, [...] il a perdu son temps. [...] Je ne lui suis aucunement reconnaissante de ce qu'il a fait.


Lancelot, dĂ©semparĂ©, veut lui parler, mais elle se retire sans Ă©couter. Baudemagu lui aussi est stupĂ©fait. Il lui propose d'aller voir Keu le SĂ©nĂ©chal : il n’est pas encore rĂ©tabli, car MĂ©lĂ©agant lui fait administrer de mauvais soins qui annulent ceux du roi...

Lancelot finit par prendre congĂ© en annonçant qu'une nouvelle mission l'attend : retrouver Gauvain qui a pris, vous vous en souvenez, le chemin du pont sous l'eau ! Ceux qui le souhaitent peuvent l’accompagner, les autres peuvent rester avec la reine.

Pendant ce temps, la nouvelle se rĂ©pand que la reine et tous les prisonniers sont libres, que la coutume est abolie, et que tous les passages pĂ©rilleux sont dĂ©sormais dĂ©truits !

Chapitre XVII
Les fausses rumeurs



Mais suite à la victoire de Lancelot, les vassaux de Baudemagu se font un devoir de lui tendre un guet-apens et de l’enlever.
La rumeur qui vite vole et court parvient au roi, rapportant que ses hommes ont pris Lancelot et qu'ils l'ont tué.

Baudemagu est atterré. La reine, quand elle l'apprend, s'isole et repense à sa froideur.
— Quand il est venu Ă  moi [...] et que je n'ai pas voulu le voir, ne lui ai-je pas portĂ© un coup mortel ? Quelle [...] consolation j'aurai trouvĂ©e, si j'avais pu le tenir dans mes bras [...] avant sa mort !

Une nouvelle rumeur se rĂ©pand : on prĂ©vient Lancelot que la reine est morte. Il dĂ©cide alors de se suicider : il passe sa ceinture Ă  son cou, l’attache Ă  son cheval et se laisse glisser…

Ceux qui l'accompagnent le relèvent mais Lancelot est si meurtri qu’il ne peut plus parler. Commence alors un long monologue intérieur où il cherche à comprendre la froideur de la reine…
— Elle n'aurait pas dĂ» me mĂ©priser si elle m'aimait : c'Ă©tait, Ă  mes yeux, un honneur de faire pour elle tout ce qu'ordonne Amour, mĂŞme de monter sur la charrette.

Mais la nouvelle arrive alors que la reine n'est pas morte : Lancelot retrouve goĂ»t Ă  la vie. Et Baudemagu vient apprendre Ă  Guenièvre que Lancelot est de retour sain et sauf.

Chapitre XVIII
Retrouvailles et réconciliation



Le roi Baudemagu accourt à l'arrivée de Lancelot, et réprimande ses vassaux, mais Lancelot, magnanime, s'efforce de l'apaiser.

Arrive alors la reine, cette fois-ci heureuse et souriante, elle le fait asseoir Ă  cĂ´tĂ© d'elle et enfin, ils peuvent parler ensemble. Lancelot lui demande alors :
— Dame, quel étrange accueil vous m'avez réservé avant-hier [...] je n'ai pas eu assez d'audace [...] pour vous en demander la raison.

La reine lui rĂ©pond que ce n’est pas d’être montĂ© dans la charrette qu’elle lui reproche, mais au contraire d’avoir hĂ©sitĂ© !
— Vous avez tardĂ© le temps de faire deux pas ! VoilĂ  pourquoi, en vĂ©ritĂ©, j'ai refusĂ© de vous parler.

Lancelot lui demande pardon, et elle le lui accorde de bon cœur. Alors, d’un regard, elle lui indique la fenêtre de sa chambre.
— Venez me parler à cette fenêtre, cette nuit, lorsque tout le monde [...] sera endormi. [...] Je serai dedans et vous dehors.

Elle lui rappelle qu'il faudra être très discret, car Le sénéchal Keu se trouve dans la même pièce, sur son lit de malade. Ils se quittent alors et Lancelot passe le reste de la journée à songer à son rendez-vous avec la reine.

Chapitre XIX
Nuit d’amour avec la reine



Dès la tombée de la nuit, Lancelot traverse le verger et parvient à la fenêtre, où il retrouve la reine. À travers les barreaux, ils se tiennent la main et se parlent doucement.

Mais Lancelot voudrait franchir les barreaux et demande Ă  la reine l'autorisation de les desceller. Elle accepte, mais il doit rester silencieux. En attendant, elle regagne son lit.
Il [...] descelle tous les barreaux, mais s'entaille [...] le petit doigt [...] et ne se rend pas compte du [...] sang qui perle de [...] ses blessures.

Prenant garde à ne pas réveiller Keu qui se trouve non loin, il rejoint la reine, qui lui tend les bras et l'enlace.
Ils goûtèrent [...] une joie si merveilleuse que jamais encore on n'en décrivit de pareille [...] Cette joie que le conte doit nous taire et garder secrète fut, de toutes, la plus parfaite et la plus exquise.

Enfin, quand le jour arrive, Lancelot est au désespoir de quitter son amie. Mais il ne peut rester. Il remet les barreaux en place et retourne dans son lit où il s'endort paisiblement.

Chapitre XX
Keu et la reine accusés



Au matin, MĂ©lĂ©agant entre dans la chambre de la reine : il voit alors les draps tâchĂ©s de sang et les blessures de Keu.
— Cette nuit [...] le sĂ©nĂ©chal Keu [...] a eu de vous tout son plaisir [...] puisque [...] je trouve sur vos draps [...] le sang [...] de ses plaies : ce sont lĂ  des preuves authentiques.

La reine voit le sang, dit qu’elle a saignĂ© du nez, et d’ailleurs, elle pense dire vrai. Mais MĂ©lĂ©agant en colère fait venir son père. Baudemagu constate lui-mĂŞme les tâches :
— Dame, [...] l'affaire est grave [...] si ce que m'a dit mon fils est vrai.
— Jamais [...] on n'a inventé un si méchant mensonge. [...] Keu n'est pas homme [...] à réclamer une telle ignominie et, pour ma part, je n'ai jamais eu le désir de la commettre.


Pendant que le sĂ©nĂ©chal proteste Ă  son tour, la reine fait appeler Lancelot, qui se porte aussitĂ´t garant des accusĂ©s :
— À Dieu ne plaise qu'on vous soupçonne (...) je suis prêt à prouver, les armes à la main, qu'il n'a jamais conçu une telle pensée.

Chapitre XXI
Deuxième combat contre Méléagant



Une fois que les deux adversaires ont prêté serment, ils élancent leurs chevaux l'un contre l'autre, puis ils sortent leurs épées.
Les étincelles jaillissent toutes ardentes des heaumes vers le ciel [...] Ils se frappent et s'affrontent, sans chercher de trêve.

Cette fois encore, Baudemagu supplie la reine de bien vouloir séparer les combattants. La reine accepte, et aussitôt Lancelot cesse de combattre tandis que Méléagant redouble ses coups.

Mais Baudemagu explique à son fils qu’il a tout intérêt à reporter ce combat s'il veut en tirer gloire.
— As-tu donc oubliĂ© que tu as jurĂ© de te battre avec lui Ă  la cour du roi Arthur ? Eh bien, n'en doute pas un instant, ce sera pour toi un plus grand honneur de triompher lĂ -bas plutĂ´t qu'ailleurs.

Son discours finit par convaincre Méléagant, et Lancelot obtient l'autorisation de prendre congé, pour rechercher Gauvain.

Chapitre XXII
Lancelot est fait prisonnier



Lancelot se dirige vivement vers le Pont sous l'eau, accompagnĂ© d'une troupe nombreuse. Mais un nain l'interpelle :
— Ah Lancelot, noble chevalier, [...] fais-moi confiance. Viens seul avec moi : je veux te conduire dans un endroit très favorable pour toi.

Sans méfiance, Lancelot le suit, pendant que la troupe poursuit son chemin vers le Pont sous l'eau. Alors ils voient monseigneur Gauvain dans l'eau et ils lui portent secours.

Gauvain demande des nouvelles de la reine, et on lui apprend qu'elle a été secourue par Lancelot, mais que celui-ci a été piégé par un nain de Méléagant. Ils décident alors d'aller retrouver la reine pour demander au roi Baudemagu d’intervenir.

À la cour de Baudemagu, chacun est affligé d’apprendre la disparition de Lancelot. Mais Gauvain est très bien accueilli, et la reine s'efforce de faire bon visage. Avec Keu, ils demandent au roi d'organiser des recherches pour retrouver Lancelot.
— Laissez-moi m'occuper de cela (...) et n'en parlez pas davantage. Je saurai bien mener cette enquête.

Mais bientĂ´t arrive un messager avec une lettre qui semble authentique : Lancelot est arrivĂ© sain et sauf Ă  la cour du roi Arthur. La reine et ses chevaliers dĂ©cident alors d’y retourner.

Chapitre XXIII
Retour Ă  la cour du roi Arthur



Le roi Arthur se rĂ©jouit de retrouver sa femme, il vient Ă  leur rencontre et commence par fĂ©liciter Gauvain :
— Bienvenue Ă  monseigneur Gauvain qui nous a ramenĂ© la reine et a libĂ©rĂ© tant de dames captives et tant de prisonniers !
— Seigneurs, vous avez tort de faire mon Ă©loge ! [...] c’est Lancelot qui [...] s’est couvert d’honneur !


Alors chacun s’étonne : Lancelot n’est donc pas lĂ  ? Ils comprennent que la lettre Ă©tait mensongère ! On raconte alors au roi comment Lancelot a sauvĂ© la reine puis a Ă©tĂ© enlevĂ©.
Cette affaire bouleverse le roi [...] Mais Ă  revoir la reine, [...] la joie chasse la tristesse : du moment qu’il a ce qu’il dĂ©sire le plus, le reste lui importe peu.

Chapitre XXIV
L’organisation du tournoi



Pendant l’absence de la reine, les demoiselles avaient décidé d’organiser un grand tournoi entre Pomegloi et Noauz afin de choisir leurs époux. La reine leur donne son autorisation.

La nouvelle se rĂ©pand, et finit par atteindre Lancelot dans son lieu de captivitĂ©. Dès qu’il prend connaissance du tournoi, il veut y participer, mais comment faire ?

Il s’adresse Ă  la Dame de la maison oĂą il est tenu prisonnier, et lui demande de le libĂ©rer, en lui promettant de revenir dès que le tournoi sera terminĂ©. La dame hĂ©site, car c’est très dangereux pour elle et son mari. Mais Lancelot insiste :
— Dame, [...] laissez-moi vous faire un serment irrĂ©vocable : je jure que rien ne m’empĂŞchera de regagner cette prison après le tournoi.

La dame accepte, et lui donne même une armure vermeille appartenant à son mari. Lancelot se rend à Noauz, où il loge dans une auberge à l’écart.

Chapitre XXV
Lancelot combat au meilleur et au pire



Dès ses premières joutes, Lancelot fait de telles prouesses que tout le monde se demande qui est ce chevalier vermeille. La reine s’adresse alors Ă  une demoiselle avisĂ©e :
— Demoiselle, [...] allez trouver de ma part ce chevalier qui porte un Ă©cu vermeil et dites-lui [...] que je lui donne cet ordre : « Au pire ! Â»

Dès qu’il reçoit cet ordre, Lancelot se bat le plus mal possible. Les spectateurs qui l’admiraient se mettent Ă  se moquer :
— Il Ă©tait si vaillant tout Ă  l’heure et maintenant [...] il n’ose mĂŞme pas attaquer ! [...] C’est le plus grand lâche qui soit au monde !

Pour la reine Guenièvre, cela ne fait plus aucun doute, c’est Lancelot ! Le jour suivant, elle donne un nouvel ordre Ă  la demoiselle avisĂ©e. La jeune fille glisse Ă  Lancelot :
— Cette fois ma dame vous demande, de combattre « au mieux Â».
— Vous lui direz, que [...] tout ce qui lui plaît comble mon cœur.


Alors Lancelot impatient de montrer ses qualitĂ©s, domine tous ses opposants, les moqueurs de la veille doivent se dĂ©dire :
— Nous avons eu tort [...] de le dénigrer. Assurément, il en vaut à lui seul mille de ceux qui se trouvent sur ce champ.

La reine entend avec plaisir les jeunes filles parler entre elles :
La plupart formulent le vĹ“u que, si elles ne se marient pas avec lui, pas de mariage pour elles cette annĂ©e !

Chapitre XXVI
Lancelot repart en prison



Lancelot quitte discrètement le tournoi pour retourner dans sa prison. Mais entre-temps, Méléagant a fait construire une tour fortifiée sur une île, où il enferme Lancelot en murant les portes.

Ensuite, il se rend Ă  la cour du roi Arthur, oĂą il fait semblant de s'Ă©tonner de l'absence de Lancelot :
— Lancelot m'avait promis que je le trouverais ici sans faute. [...] Que tous les barons [...] m'en soient témoins, d'ici un an, je le mets en demeure de comparaître.

Alors Gauvain agacĂ© par MĂ©lĂ©agant, se tourne vers le roi Arthur :
— Sire, il n'y a pas trace de Lancelot dans toute cette terre. Mais s'il ne revient pas, accordez-moi ce combat.

Arthur y consent, et MĂ©lĂ©agant accepte : il reviendra dans un an pour affronter Lancelot ou Gauvain, et personne d'autre.

Ensuite MĂ©lĂ©agant se rend Ă  la cour de Baudemagu, oĂą il se dispute dĂ©finitivement avec son père :
— Père (...) n'est-il pas naturel (...) de se sentir valeureux quand on se fait craindre Ă  la cour du roi Arthur ? [...] J'ai rĂ©clamĂ© et cherchĂ© Lancelot mais (...) il s'est enfui ou esquivĂ©.
— Maudit soit celui qui pourra penser que Lancelot, modèle de chevalerie [...] se serait enfui parce qu'il te craignait !


Chapitre XXVII
La quête de la sœur de Méléagant



Une des filles de Baudemagu a Ă©coutĂ©, et comprend que Lancelot est prisonnier. Elle dĂ©cide alors de partir le sauver. Elle traverse des montagnes et des vallĂ©es sans succès. Un mois s'Ă©coule ainsi, lorsqu'elle dĂ©couvre un tour Ă©trange :
Dès qu'elle l'aperçut (...) elle fixa son regard sur elle sans pouvoir l'en détacher. Son cœur lui assure que c'est là le but de sa quête.

Elle s’approche de la tour et entend une faible voix Ă  l'intĂ©rieur :
— Ah ! Fortune, comme ta roue a mal tournĂ© pour moi ! [...] Gauvain, je m'Ă©tonne [...] que vous ne veniez pas Ă  mon secours ! (...) VoilĂ  plus d'un an qu'on m'a mis en prison ici [...] Maudit soit MĂ©lĂ©agant qui [...] m'a fait tout le mal qu'il a pu.

La demoiselle a tout entendu, elle appelle alors :
— Lancelot, Je suis l'une de vos amies ! (...) c'est moi qui vous ai rĂ©clamĂ© la tĂŞte d’un chevalier [...] au Pont de l'ÉpĂ©e.
— Demoiselle si vous me délivrez [...] je vous serai à jamais acquis.


La fille de Baudemagu trouve un pic solide, elle le donne au chevalier qui agrandit assez l'ouverture pour pouvoir passer.

La demoiselle l'emmène alors par des chemins dĂ©tournĂ©s, dans une demeure qui lui appartient. Elle le dĂ©shabille, le couche dans un bon lit, et le soigne longuement. Enfin, parfaitement rĂ©tabli, il se lève et embrasse la jeune fille :
— Amie, [...] vous avez tant fait que je suis Ă  vous. Mais il y a longtemps que je ne suis pas allĂ© Ă  la cour du roi Arthur. Puis-je vous prier de m'autoriser Ă  partir ?
— Lancelot, très cher ami, [...] je le veux bien, car je ne cherche que votre honneur et votre bien.


Chapitre XXVIII
Dernier combat contre Méléagant



Lancelot se met en route, impatient de se venger de Méléagant. Or justement, le voici à la cour du roi Arthur, pour réclamer son combat. Gauvain demande aussitôt qu'on apporte ses armes.
Et il voulait dĂ©jĂ  saisir son Ă©cu quand il vit devant lui Lancelot. [...] Il le regarda, pĂ©trifiĂ© de surprise !

Toute la cour se réjouit, la reine aussi, mais elle doit cacher son émotion, et Arthur accueille Lancelot avec honneur. Lancelot accuse alors Méléagant de l'avoir tenu captif, et réclame justice.

En voyant Lancelot libéré, Méléagant comprend qu'il a été trompé, mais il est temps d'aller sur le champ de bataille. Ils se rendent dans une lande magnifique, sous un grand sycomore.

Le combat est particulièrement violent. Après avoir fait fuir les chevaux et dĂ©gainĂ© leurs Ă©pĂ©es, Lancelot trouve une faille :
Il lui enfonce le nasal dans les dents dont trois se brisent [...] Méléagant [...] prisonnier de sa folie [...] ne daigne pas [...] implorer grâce. [...] Lancelot [...] délace son heaume et lui tranche la tête.

Dans l'assistance, tout le monde montre sa joie, on désarme Lancelot, et on l'emmène fêter sa victoire.

Épilogue



Dans le dernier paragraphe, un certain Godefroi de Leigni affirme avoir achevĂ© le rĂ©cit, avec l’accord de ChrĂ©tien de Troyes, Ă  partir du moment oĂą Lancelot est dans la tour. Le conte est maintenant complet, sans rien Ă  ajouter, ni Ă  retrancher !




Enluminure, Lancelot sur la charrette, 12e siècle.

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